Violence Conjugale – 153ième partie
Violence conjugale (suite)
Cette image passive de nous-mêmes, nous la découvrons parfois avec stupeur; dans l’histoire dans la morale, dans les moindres détails de notre éducation. Comment interpréter désormais, sinon avec des lunettes correctrices, c’est-à-dire féministes, que nous tend l’auteur, les contes de fées, par exemple, qui ont bercé notre enfance et coloré nos rêves? Comment ne plus voir la terreur diffuse qui rôde sur les chemins et dans les forêts, menaçant des petites filles? Comment intégrer sans révolte la sottise, la passivité, l’inaptitude totale à se défendre et le manque d’imagination qui sont les caractéristiques constantes des personnages féminins? Du petit chaperon rouge et de sa pauvre grand-mère par exemple, dévorées sans résistance par le loup et sauvées par un bucheron mâle mais plus fort et plus rusé que le loup. Moralité : mesdames ou mes demoiselles, que vous ayez sept ou soixante-dix- sept ans, si vous ne voulez pas être mangées, restez à la maison, bien tranquilles. Restez tranquilles comme la belle au bois dormant dont le destin est de demeurer éternellement jeune, belle et passive – on croyait lire un magazine féminine… en attendant d’être réveillée (ou révélée?) par le prince charmant. Ou comme Blanche-Neige enfermée dans un cercueil de verre à la suite d’une désobéissance, elle aussi veillée par les sept nains, des mâles en miniature qui sera rendue à la vie par un autre mâle, un vrai celui-là, puisqu’il est prince. Rassemblez à la niaise Cendrillon qui attend son prince pour exister, ou aux pâles petites filles modèles de la bibliothèque Rose, ou à Jeanneton qui prend sa famille… une bonne âme pourtant, mais qui se laisse violer par le quatrième de ses poursuivants… et tant d’autres héroïnes sottes et soumises. Existe-t-il plus désespérantes illustrations du rôle féminin idéal.
Il ne servira pas à grand-chose de modifier les lois, de faire apprendre le judo aux filles ou de trainer en justice un violeur par-ci par-là, tant que nous resterons persuadés que les femmes sont par nature craintives et vulnérables et des hommes agressifs et impossibles à réprimer. Il faut que les deux moitiés de l’humanité l’admettent et le disent clairement. Le violet l’attitude de la société envers le viol sont l’affaire de chaque homme et de chaque femme et conditionnement la liberté et la dignité de chacun.
Le viol n’est pas isolé ou anecdotique : il est au cœur de la condition féminine et on ne pourra pas parler d’égalité sans que ce vieux contentieux soit mis à jour.
*À suivre*
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