Violence Conjugale – 66ième partie

Violence conjugale (suite)

 

1)            La femme battue ne présente pas un profil différent de celui de la population en général. À ce sujet, l’étude de Rosembaum et d’Orelary démontre qu’il n’y a pas de différences notables, entre un groupe de femme violentée et un groupe de femmes qui n’ont pas vécu de violence. Le profil des deux groupes s’avère similaire. La femme battue se retrouve dans tous les milieux sociaux et économiques. Elle peut appartenir à n’importe quel groupe d’âge et être scolarisée ou non. Comme la relation de violence se développe en fonction des rapports de domination, il n’y a pas de caractéristiques personnelles qui peuvent expliquer ou justifier la perte de contrôle d’une autre personne. En effet, l’acte d’agression appartient à celui qui la commet.

 

En ayant un portrait rigide et caricatural de la femme battue, l’intervenante peut ne pas la percevoir comme une victime potentielle. En effet, plus le portrait de la femme battue lui est étranger, moins elle s’identifie. La femme battue avec une épaule cassée, le nez en sang existe, mais elle ne représente pas l’unique image de la victime. Les femmes violentées prennent elles-mêmes un certain temps avant de se considérer comme une victime. Elles aussi ont une image très précise des femmes battues, une image qui les protège, car elles ont peur de se reconnaitre comme une victime de violence conjugale.


Le fossé se rétrécit donc entre l’intervenante et la victime au fur et à mesure que l’intervenante réalise qu’elle appartient au même groupe d’oppression. En tant que femme, elle ressente la même peur d’être agressée le soir, elle découvre progressivement les formes d’agressions dont elles peuvent être victimes. L’intervention auprès des femmes battues suscite, immanquablement chez les intervenantes un questionnement sur leurs rapports avec les hommes et sur leur propre vulnérabilité face à la violence. Cette démarche est perturbante, voire menaçante, mais en la faisant, l’intervenante prend conscience de son appartenance au même groupe d’opprimées que les femmes battues et peut alors se solidariser avec elle. La femme battue ne répond donc à aucun portrait type.


S’il s’avère impossible de déterminer le profil de la femme violentée, il devient important d’identifier ce qui peut augmenter le seuil de tolérance de la victime. Il existe certaines caractéristiques chez la femme battue qui peuvent contribuer à la maintenir dans une position de passivité. Afin d’identifier les facteurs d’ordre personnel qui accentuent la position de victime, référons-nous à trois points d’analyse : les facteurs personnels qui affectent la tolérance, les discours ou mythes qui renforcent la position de victime et le stéréotype féminin ou (l’incapacité apprise).

 

*À suivre*

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