Violence Conjugale – 35ième partie
Violence conjugale (suite)
Ces mécanismes sont généralement utilisés de façon inconsciente parce qu’il existe chez ces personnes une difficulté à accepter les émotions qui les habitent, une difficulté à s’accepter comme des êtres sensibles dont la sensibilité s’exprime par la souffrance, la colère, le ressentiment, la peur.
Est-ce à dire que « l’enfant intérieur » n’existe pas? Bien au contraire. Il fait partie de nous. Il est ce que nous sommes. Nous sommes ce qu’il est. Notre psychisme comprend toute la souffrance et tout le bonheur que nous avons connus à travers toutes nos expériences de vie. L’adulte que nous sommes est habité, ici et maintenant, par l’enfant et l’adolescent que nous avons été. Et la souffrance passée contenue dans le psychisme est inextricablement liée à la souffrance présente. Elles ne font qu’un et sont indissociables, inséparables. Nous sommes tous des adultes plus ou moins heureux et plus ou moins souffrants, des adultes qui portent en nous, l’ici et maintenant, dans chaque relation, toute la souffrance et tout le plaisir du passé et du présent. Ces émotions de souffrance ou de joie, c’est en tant qu’adultes que nous les vivons parce que nous ne sommes plus des enfants. Voilà la réalité.
Cette façon de se vivre, en tant qu’adultes, comme des êtres émotifs au présent de la relation, est la manière la plus satisfaisante d’aborder l’émotion parce que c’est la seule qui met vraiment en relation et qui assure une vraie communication puisqu’elle permet de révéler sa vérité profonde. Elle a aussi comme avantage de combler progressivement les manques affectifs parce que l’émotion est vécue directement, sans détours, dans la relation avec l’autre et parce qu’il existe vraiment un partage de cœur à cœur sans interférences, un partage qui nourrit. Il ne s’agit pas seulement d’une décharge irresponsable ou d’une libération d’émotions refoulées, mais d’une capacité à sentir ici et maintenant ce que l’autre déclenche en Soi, de le partager avec lui et d’accueillir sa réaction. Cette capacité à se vivre passe par un travail d’acceptation de tout vécu émotionnel quel qu’il soit. La dissociation de l’enfant et de l’adulte en Soi entretient le jugement que l’on porte sur les émotions désagréables. Exprimer une grande peine, c’est enfantin.
Exprimer une bonne colère, c’est enfantin. Exprimer de la jalousie, c’est encore enfantin. Voilà pourquoi certains se rabattent sur l’enfant intérieur : « c’est le petit garçon en moi qui pleure »; « c’est mon petit gars qui est fâché ». De cette façon, on justifie l’émotion plutôt que de se donner le droit de la vivre en tant qu’adulte. Cet adulte qui réagit émotivement à un déclencheur présent, parce que ce déclencheur touche ici et maintenant en soi-même, une peine qui ramène à la mémoire inconsciente des souffrances passées mais toujours vives dans le psychisme.
En arriver à bien s’accepter, à être assez proche de Soi, à être suffisamment à l’écoute de Soi pour se vivre authentiquement en tant qu’adultes dans une relation, c’est de donner les clés d’une communication vraie, qui passe par l’acceptation de ce qu’on est et par la capacité d’être en relation.
*À suivre*
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