Violence Conjugale – 34ième partie

 Violence conjugale (suite)

 

 

Cette habitude à vivre les émotions en dehors de la situation présente est très fréquente et très répandue.  La plupart des gens ont tendance à vivre leurs émotions avec une tierce personne plutôt que de les vivre avec les personnes concernées, surtout si ces émotions ne sont pas agréables.  Cette attitude entretient l’insécurité, la méfiance, la peur et l’insatisfaction relationnelle et risque de cultiver les patterns bourreau-victime.  C’est aussi une habitude qui prive du bonheur d’une relation claire, franche, intime, sécurisante et libre parce que, à cause de la peur de l’émotion négative, la relation ne repose pas sur une vraie communication.

 

La peur de l’émotion est tellement grande qu’il est difficile pour la majorité des gens de la vivre au moment même de la relation.  En effet, une autre façon de la contourner est de s’en dissocier.  Le phénomène de la dissociation est très présent dans certaines approches thérapeutiques.  On apprend à se dissocier de l’émotion de plusieurs façons.  L’une des plus courantes est la dissociation par auto-observation.  Pour y arriver, il suffit, dès que l’émotion naît dans le psychisme, de s’en détacher pour l’observer et se regarder comme si on prenait une distance.  Ainsi pour s’en dissocier, il faut comme si on prenait une distance.

 

Ainsi, pour s’en dissocier, il faut nécessairement isoler l’émotion et la raison, les désunir comme si elles ne pouvaient fonctionner en harmonie.  En ce sens, la dissociation est un mécanisme de défense, c’est-à-dire un moyen utilisé par le psychisme pour se protéger contre la présence d’émotions désagréables à vivre qui émergent du processus relationnel réel ou imaginaire.  Par contre, cette approche de l’émotion constitue un grand pas sur la voie de son apprivoisement.  Ici l’émotion n’est pas vécue en différé, mais sentie et écoutée quand elle se présente.  Cependant, au lieu de lui laisser la place dont elle a besoin, on s’en sépare pour l’observer.

 

Ce même phénomène de dissociation se retrouve parfois dans le cas de « l’enfant intérieur ».  J’aborde ici un sujet particulièrement intéressant qui me touche beaucoup.  Cette merveilleuse notion qui correspond à un état intérieur réel prend de plus en plus de place dans les milieux thérapeutiques, dans les centres de croissance, voire dans la vie quotidienne.

 

Malheureusement dans bien des cas, certaines personnes utilisent leur « enfant intérieur » pour justifier leur droit à vivre leur colère, leur peine et toutes les autres émotions qu’ils ne se permettent pas d’exprimer autrement.  Elles ont besoin de s’infantiliser pour se donner le droit d’êtres émotives et dissocient ainsi l’enfant de l’adulte en eux.  Autrement dit, elles donnent à leur « enfant intérieur » la permission de pleurer, de se fâcher, d’être jaloux, mais elles ne donnent pas à l’homme ou à la femme qu’elles sont, la même autorisation.  Bien sûr, elles vivent des émotions « ici et maintenant », mais elles n’assument pas que ces émotions soient vécues par elles aujourd’hui, comme s’il y avait en elles deux compartiments : celui de l’adulte et celui de l’enfant.

 

Quand elles pleurent elles sont l’enfant, quand elles raisonnent, elles sont l’adulte.  Il y a dans cette approche de l’émotion deux mécanismes de défense : la dissociation et la justification.

 

*À suivre*

 

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