Violence Conjugale – 33ième partie

 Violence conjugale (suite)

 

La part de l’émotion dans la relation d’aide

 

 

Il existe une autre manière de « parler de » l’émotion de façon rationnelle.  Il s’agit de parler des émotions qu’on a vécues à un moment où on ne les vit plus.  Dans ce cas, on raconte les émotions qu’on a ressentis antérieurement sans les toucher au moment où on en parle.  L’émotion est ainsi refoulée au lieu et au moment de la relation et racontée en différé, sans la ressentir, ce qui fait qu’elle est rationalisée.

 

S’autoriser à ressentir, c’est retourner à un passé en suspens. Laisser monter les sentiments douloureux liés à certains souvenirs et les exprimer, c’est faire place au devenir, dégager un espace pour construire, vivre sa génération plutôt que d’emprunter les dédales tortueux et stériles transmis par la précédente (c’est tourner le dos à l’histoire, se projeter dans un devenir imaginé de Soi).

 

On peut raconter ainsi ses émotions chaque fois qu’on rencontre ses amis ou son thérapeute et rester avec un sentiment de « tourner en rond » qui agace.  Cette façon de parler des émotions n’est pas condamnable, bien au contraire.  Une personne peut éprouver une grande satisfaction à le faire, particulièrement si elle s’adresse à quelqu’un qui l’écoute avec empathie, sans jugement et qui lui offre une chaleureuse attention.  Elle en ressortira alors avec une certaine satisfaction parce que ses besoins d’être aimée, reconnue, acceptée, écoutée et sécurisée seront satisfaits.  Mais cette satisfaction ne sera que temporaire ou insatisfaisante parce que la rationalisation de l’émotion par la narration prive une personne de l’intervention directe de sa dimension émotive dans la relation et la laisse toujours, à court ou à long terme, avec un sentiment de manque ou de vide impossible à combler.

 

Le même phénomène se produit avec ceux qui ne vivent des émotions que par la libération de celles qu’ils ont refoulées dans le passé.  Cette pratique n’a rien de répréhensible mais, à long terme, elle n’est pas plus satisfaisante que la précédente, parce qu’elle ne donne pas de place à l’émotion du moment.  De plus, elle entretient de façon trompeuse le refoulement et la rationalisation, en ce sens que les personnes qui ne libèrent pas leurs émotions au moment même où elles vivent une relation apprennent inconsciemment à vivre leurs émotions en différé et à les refouler.  Ainsi, libèreront-elles dans deux jours, dans un mois, dans un an, dans cinq ans les émotions qu’elles répriment aujourd’hui et engendreront-elles, par le fait même, le manque que vivent tous ceux qui ne connaissent pas le bonheur de communication authentique.

 

*À suivre*

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