Violence Conjugale – 28ième partie
Violence Conjugale (suite)
Addictions Comportementales
L’idée que nous puissions souffrir d’un excès d’activité sexuelle prête le plus souvent à sourire tant l’idée dominante reste, encore de nos jours, qu’il ne peut y avoir de maladie et de détresse que par inhibition, manque ou blocage.
L’extension de la notion d’addiction, au sens d’une relation de dépendance aliénante et destructrice, fait actuellement une place croissante, parmi les cliniciens, mais également dans les divers médias, à des formes de dépendance qui n’impliquent pas systématiquement l’usage d’une substance chimique extérieure. Après le tabac et l’alcool par exemple, il est maintenant courant de considérer de la même manière les jeux d’argent ou encore d’autres formes d’addictions comportementales plus discutées comme les sex- addicts, les addictions au sexe.
La sexualité est le domaine des conduites humaines où se pose de la façon la plus nette la question du caractère arbitraire, ou du moins déterminé par la culture, la religion et l’histoire, plus que d’un ordre « naturel » des frontières entre normalité, déviance, criminalité et maladie. L’homosexualité par exemple, n’entre plus dans le cadre des pathologies, mais est considérée de nos jours plus justement comme un choix légitime. Quant à elles, les déviations sexuelles (perversions) comme l’exhibitionnisme, le sado masochisme, la pédophilie, relèvent autant, sinon plus de la morale et de la justice que de la psychiatrie. C’est bien évidemment le choix « d’objet » (zoophilie, nécrophilie…) ou de « but » (sadisme ou masochisme) qui est stigmatisé par le regard judiciaire ou moral.
Nous pensons que le terme d’addiction sexuelle doit être plutôt réservé, en première intention, aux conduites qui n’impliquent pas de déviation dans ce choix d’objet, ou de but, ni même dans le mode des pratiques sexuelles—rappelons que la masturbation ne constitue en rien une pratique sexuelle anormale, mais constituent plutôt un abus, un excès, une dépendance compulsive à l’acte sexuel, réel ou fantasmé.
Nous évoquions plus haut les limites de l’extension du concept d’addiction. Mais il faut bien admettre que son incursion dans le domaine très complexe de la sexualité présente, entre autres, un avantage majeur. Celui de permettre à ces accrocs de ne plus considérer leurs excès, en grande partie sous la pression du regard social et culturel, comme un vice ou un péché. De pouvoir analyser leurs conduites comme similaires à d’autres dépendances et de comprendre que leur souffrance les rapproche d’autres dépendances. De les faire passer de l’isolement coupable au soin.
Mais il ne serait pas très honnête intellectuellement d’exclure complètement du champ des addictions les perversions précédemment citées. Une addiction commence de façon impulsive par la recherche du plaisir immédiat et se développe, peu à peu, de manière autonome. La conduite échappe au contrôle de l’individu, En s’imposant au sujet, la conduite obligée devient l’objet de luttes intérieures au même titre que certaines conduites obsessionnelles. Ainsi, dans les conduites perverses criminalisées par la société, qu’il s’agisse de pédophilie, de prostitution, de viols répétés, il peut exister, après la phase d’instauration-- qui soulève, bien sûr, un questionnement sur la psychopathologie du sujet, une dimension addictive qui fait que le sujet ne parvient pas à s’arrêter, alors même qu’il le souhaite.
Nous avons décrit ce même phénomène dans le cas de certains tueurs en série. Mais, en matière de criminalité, une demande thérapeutique, une volonté de changement ne sauraient remplacer purement et simplement ni le regard moral ni la fonction de la justice. Le recours à la notion d’addiction ne peut servir, en aucun cas, à déresponsabiliser les auteurs.
*À suivre*
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