Violence Conjugale – 26ième partie

Violence conjugale (suite)

 

 

La comparaison de l’amour-passion à une maladie est aussi très répandue, et cette vision romanesque du coup de foudre est, selon des auteurs populaires comme Robin Norwood, ou Susan Peebody, qui promeuvent la notion de dépendance affective, l’une des causes culturelles de l’addiction à la relation. C’est donc dans ce caractère passionnel des relations qu’il faudrait chercher les premiers signes d’une relation potentiellement addictive. handicapante pour le sujet, nuisible à tout le reste de ses investissements, s’opposant à son épanouissement.

 

Une variante d’addiction est la recherche romantique répétée du « coup de foudre » : Certaines personnes passent leur temps à tomber passionnellement amoureuses, pour désinvestir les relations, dès qu’elles deviennent tant soit peu stables. La « centration » toxicomaniaque, le fait que l’objet devienne le centre de l’existence du sujet est alors d’emblée instituée. Or, le coup de foudre, ou du moins le sentiment d’évidence après une rencontre, peut correspondre à un choix tout à fait névrotique et, à terme nuisible : un enfant battu par ses parents sera ainsi, sans s’en rendre compte, attiré par des personnes autoritaires, maltraitantes.

 

Avec Howard Halpern, l’auteur de « Choisir qui on  aime » (Le Jour, 1995), il convient parfois de se méfier de ces premières et très fortes impressions. Mais l’intensité de la rencontre va conférer aux premiers temps de la relation toute la dimension d’aventure et d’excitation d’une addiction transgressive et risquée. Et le caractère passionnel de ce choix lui confère aux yeux du sujet, une légitimité qui dépasse toutes les autres.

 

L’histoire de Tristan et Iseult est une illustration romanesque du lien que constituerait une passion partagée, après un coup de foudre réciproque. Denis de Rougemont y voit la naissance même de la notion d’amour-passion, avec ce qu’elle comporte d’impossible et de lien à la mort, voire de recherche de la mort elle-même. Mais l’on peut surtout y voir l’illustration d’une facette « ordalique » du choix amoureux, qui devient une forme de défi.

 

On y retrouve en effet, outre la prise de risque—Tristan et Iseut, comme plus tard Roméo et Juliette, meurent de leur passion--, d’autres éléments des conduites ordaliques. Comme le versant transgressif, la prise de risque dans le mouvement ordalique, est une façon d’invalider tous les dépositaires de la loi, comme si le fait de risquer l’enjeu suprême plaçait le sujet au-dessus de toute règle et de toute convention.

 

L’usage des drogues interdites tente les jeunes par l’attrait même de l’interdit, et l’exposition au danger redouble la transgression d’une attaque aux valeurs, aujourd’hui sacrées, que sont le corps, la santé, la jeunesse. Ou l’appel à la loi : le refus de règles et l’invalidation des dépositaires de la loi se double d’un appel à une loi supérieure, en quelque sorte plus légitime.

 

*À suivre*

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