Violence Conjugale – 25ième partie

 Violence conjugale (suite)

 

 

Comment expliquer l’addiction à l’amour et qui complique la vie de hommes?

 

Lorsque, au début des années 1970, le psycho-sociologue américain Stanton Peele, auteur de « Love and Addiction », avait tenté de démontrer l’équivalence entre la classique toxicomanie et certaines relations de couple, son objectif n’était pas de mettre en évidence une nouvelle entité pathologique. Il était, au contraire, de pointer du doigt le caractère artificiel des constructions médicales et biologiques, en ramenant la toxicomanie au rang d’habitude routinière, dans laquelle s’enferment des jeunes gens en quête de réassurance, mal préparés à affronter les incertitudes de l’existence.

 

Les «  mauvais choix » de conjoints relèveraient des mêmes mécanismes, et conduiraient à la même forme de dépendance, notamment par le mécanisme de tolérance et de processus opposants. Or, ce qui s’est passé semble bien être le contraire : il existe aujourd’hui des groupes de « rétablissement » en douze étapes pour traiter les personnes dépendantes des  relations affectives, et des ouvrages, comme ceux de Robin Norwood ou d’Howard Halpern, ont un énorme succès. Au niveau sociologique, cette forme d’addiction a acquis une certaine légitimité. 

 

Et il faut admettre que, si la construction par la société des maladies addictives, tend  surtout à mettre au jour de nouvelles formes de dépendances, comme la cyber addiction, cet élargissement de la notion d’addiction peut aussi permettre de renouveler notre regard sur des problématiques éternelles comme les relations amoureuses passionnelles ou la dépendance envers un conjoint maltraitant.

 

Les addictions comportent deux versants apparemment contradictoires : d’une part, elles peuvent être conçues  comme un refuge dans l’habitude, constituant des séquences vécues d’autant plus prévisibles que la dépendance est tyrannique. D’autre part, elles peuvent au contraire, présenter le caractère d’une recherche de sensations fortes, de prise de risque active, dans l’abandon passionnel à un objet. Ces deux versants vont se retrouver dans les deux principales formes de relations affectives potentiellement addictives, la passion amoureuse et la co dépendance.

 

C’est à la passion que l’on pense, en premier lieu, lorsque l’on évoque la possibilité d’addiction aux relations affectives. Et, de fait, les  descriptions des toxicomanes ont tout naturellement fait appel au langage de la passion amoureuse : le « coup de foudre » toxicomaniaque précède la « lune de miel », période euphorique suivie, à terme, par la « lune de fiel », pour reprendre l’expression de Laurent Tailhade, auteur de « la Noire Idole- étude sur la morphinomanie » (Mille et une nuits, 2001).

 

Qu’il s’agisse du premier flash d’héroine pour le toxicomane, du premier gain important pour le joueur, d’une relation amoureuse, la rencontre prend la dimension d’une révélation, d’un signe du destin ou de la déesse fortune. Le choc de la révélation a une dimension corporelle, physiologique, et ce coup de foudre est vécu comme la preuve de l’amour, puisqu’il en contient des symptômes utiles au diagnostic : le cœur bat plus vite, le sang se glace, le corps chancelle.

 

*À suivre*

Commentaires

Messages les plus consultés de ce blogue

LITTÉRATURE HAÏTIENNE - 4e partie

LITTÉRATURE HAÏTIENNE - 18e partie

LITTÉRATURE HAÏTIENNE - 8e partie