Violence Conjugale – 22ième partie

 Violence conjugale (suite)

 

 

Les nombreuses découvertes scientifiques, pour ne nommer que le secteur médico pharmacologique, ont permis, à leur tour, de remédier très rapidement à toute forme de douleur; les marchés pullulent de produits tout aussi miraculeux les uns que les autres. D’ailleurs, les slogans les représentant tiennent d’une sorte de pensée magique à la façon du « prêt-à-porter » : ne parlons-nous pas de la pilule du bonheur, de la pilule de l’amour, de la pilule de la fertilité? Dans ce cas, remédier à la douleur équivaut à arrêter le cri d’alarme, à retarder aussi l’échéance d’une réalité du mortel à affronter.  Et, comme la souffrance questionne le sens de la vie, la pratique de la politique de l’autruche est tout indiquée pour retarder l’innommable. Bien sûr, la douleur peut être soulagée, atténuée à l’aide de médication appropriée, cela s’avère même une nécessité dans certaines circonstances, quand la douleur envahit l’humain. La prétention, ici, n’est pas de ne pas soulager ou de remédier à toute douleur physique ou morale, mais bien de questionner la douleur qui s’exprime comme symptôme d’un malaise plus profond.

 

Les modes de vie associés à la réussite sociale renvoient aussi à l’idéologie de la toute-puissance : l’homme qui réussit à vaincre l’invincible, l’homme qui se dépasse et se crève dans l’excellence, la compétence, l’efficacité. Ces valeurs que l’organisation sociale, privilégié à l’ère de la post modernité ont vite pris le pas et laissent bien peu de place pour la plainte. Comme si l’un évacuait l’autre ou nous laissait croire que la misère, la maladie, la douleur ne sont pas le lot de l’existence humaine. La plainte donc où la souffrance peut se dire, devient l’apanage du faible et entraîne rapidement une démission, une mise à distance, en somme un refus d’entendre ce qui dérange. Et la pensée dualiste revient en force : la gêne des uns contribue au rejet des autres et au silence de tous.

 

Ainsi va le monde!

L’individu qui souffre est prié de se taire et se voit renvoyé à sa solitude. Conditionné par ces moyens de substitution, il a vite appris à nier ses besoins et ainsi à contourner la souffrance sans toutefois tenter d’en saisir le sens.

 

Ce faisant, cette souffrance voilée, annihilée, voire même méprisée, tentera de s’exprimer autrement, empruntant différents canaux pour s’échouer dans le registre des symptômes de mésadaptations, de maladies ou autres, comme par exemple les problèmes sociaux.

 

La plainte intériorisée, transformée par la négation, le déni, l’indifférence va se perdre et échouer dans le dédale de l’écologie sociale. Ainsi, ce qui relève de l’ordinaire de l’humanité est devenu insupportable et revêt un caractère plutôt inhumain.

 

*À suivre*

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