Violence Conjugale – 18ième partie
Violence conjugale (suite)
Boltanski (1993 ) propose que nous aurions avantage à faire place à une politique du présent qui, sans chercher le soutien d’une accusation tournée vers le passé, ni la justification des conséquences à venir de ses actions, s’orienterait vers les souffrances et les victimes présentes, C’est en focalisant sur le présent que l’on parviendra à rester authentique, puisque le présent possède la qualité inestimable d’être réel; et pour en arriver à une formulation plus éclairée de l’expérience de la souffrance qui est en fait un malaise social.
Allant dans ce sens, Morris (1991, 1998) plaide pour un retour aux frontières de l’ordinaire et du quotidien. Une telle vision implique l’ouverture sur les histoires des gens qui tentent de mettre en mots ce qui les accable. Ce sont des histoires qui permettent de contextualiser des variables par ailleurs difficilement saisissables, C’est avec des histoires que l’on pense et que l’on panse. Les croyances personnelles, les émotions et les contextes culturels font ainsi de toute souffrance une expérience à la fois individuelle et sociale. Mettre en mots son expérience de la maladie ou de la souffrance est une action éthique à travers laquelle la personne négocie le remodelage ou la reconstruction de sa vie. De là l’importance d’une éthique de la narration qui, soutient Morris (1991, 1998), s’appuie sur 3 concepts étrangers à la littérature scientifique : l’émotion, le dialogue et la quotidienneté.
L’émotion est comprise comme un état qui se crée à travers l’interprétation que l’on fait des évènements, plutôt qu’un sentiment causé par des évènements. À l’instar de Morris, il est important de surmonter les préjugés scientifiques et professionnels à l’endroit de l’émotion.
Le dialogue, pour sa part, est une « affaire de tous les jours » et implique la trace de l’autre, d’où l’importance d’être attentif à la dimension sociale du langage contenu dans le dialogue. Ce dernier suppose la capacité d’écouter, c’est-à-dire de porter attention non seulement à ce qui est entendu mais surtout à ce qui est dit. La capacité d’adopter la perspective de l’autre, de tolérer l’ambiguité et de reconnaître les significations multiples et souvent contradictoires des évènements constituent de précieuses habiletés pour une compréhension plus juste de la souffrance. Morris propose donc, que l’on se concentre collectivement sur l’irréductible caractère ordinaire et quotidien de toute vie humaine. « Sa philosophie du langage ordinaire » fait donc appel à la reconstruction du quotidien, à l’engagement dans la vie de « tous les jours » que le savoir expert et professionnel a trop longtemps négligé.
*À suivre*
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