Violence Conjugale – 17ième partie

 Violence conjugale (suite)

 

Rogers (1995) révèle que des gestes posés à côté de soi ne sont pas aidants, que de s’accepter et s’ouvrir aux réalités de la vie est aidant, et que se centrer sur « accepter »  et « comprendre » rendent  moins nécessaires  les actes d’arrangement ou de réparation.

 

La particularité de « se recevoir » consiste en cette ouverture à Soi de la part de l’, intervenant

dans le rapport et situe ce qui se passe dans une démarche de co-naissance, de devenir. Le participant découvre peu à peu que ce qui l’habite est recevable et n’a pas à être jugé comme bon ou mauvais mais à être reconnu comme étant sa vie propre ayant un impact sur ses relations. Le seul fait de porter ce qui est  Soi rend responsable et libère l’autre d’une décharge qui ne lui appartient pas.

 

Un troisième point pour apprivoiser la souffrance est proposé par Bédard qui met l’emphase sur la création d’un lien de confiance, et qui a développé une compréhension de la détresse sociale à partir de l’isolement et du manque d’accès aux  ressources de la société : les pauvres n’ont pas accès aux fenêtres sociales  telles la participation à la production collective, la capacité d’acheter des biens et services, la participation à la culture, l’appropriation des valeurs dominantes dans la société, l’appartenance à la communauté, le droit réel et concret à la justice et une place ou un  rôle symbolique d’un statut social.

 

Le travail sur la détresse sociale telle que définie et abordée par Bédard est respectueux de la réalité intérieure des personnes ou des familles qui sont aux prises avec la pauvreté, l’isolement et les préjugés négatifs véhiculés à leur endroit à travers le flot incessant d’informations que l’on retrouve dans notre quotidien.

 

Par rapport aux pauvres, cet auteur partage aussi sa préoccupation d’échapper aux prédéfinitions qui sont complices de la perpétuation du problème : «  un problème social résulte d’une dynamique sociale et ne se limite pas au produit de cette dynamique. (…..). Je me limiterai, mais cela est néanmoins essentiel à saisir suffisamment la dynamique du problème pour pouvoir agir dessus avec intelligence. »

 

Bédard (1998 : 18)  nous sensibilise à la honte et à l’humiliation de personnes en situation de détresse sociale, en état de survie et d’exclusion des fenêtres d’accès aux ressources de la société.

 

Les composantes d’une position clinique favorable à l’accompagnement et au soutien des hommes en détresse sociale peuvent donc se résumer ainsi : établir un rapport mutuel entre l’homme en détresse et l’intervenant, engager une rencontre au niveau de l’être individualisé dans une personne humaine et travailler sur la condition de vie.

 

La souffrance sert de point de départ à une connexion valide et importante avec Soi et les autres; elle s’exprime et soulage, dégageant une énergie qui permet de sentir son existence corporelle de façon plus large et ce contact avec Soi reçu par les autres, donne l’impression à chacun de donner un sens à sa vie.

 

La souffrance qui finit par passer et être reçue par d’autres devient un lieu de vie et d’apprivoisement de Soi. Cet apprivoisement est le seul point d’ancrage solide qui aide ces gens à mettre du sens dans ce qui leur arrive et à trouver du sens pour eux-mêmes, à aider à identifier l’endroit où ils  sont perdus, l’endroit  où ils se  débattent seuls, à faire le lien entre ce qu’ils ont fait vivre à leurs femmes et ce qu’ils ont vécu eux-mêmes et à nouer le contact avec des pistes de développement qui ne visent pas en premier à en faire d’homme mature, mais à donner un sens à leur propre vie. C’est en leur offrant de recevoir leur propre vie dans toutes ses dimensions  et en groupe que ces hommes découvrent une vie possible en eux. Cette place faite en eux, pour eux, est une place qui est aussi faite pour leur conjointe. Car comment voulez-vous qu’une personne fasse de la place à ce que vit une autre personne, si elle n’a pas fait en elle cette place pour elle-même?

 

Le lieu de référence intérieur qui constitue la personnalité ou l’individualité de chacun est un lieu de douleur impossible à habiter seul avec soi-même. Les manques affectifs sont tels que le corps est devenu étranger aux expériences vécues, les vécus qui ont été extirpés, car impossibles à supporter. Il faut la présence de quelqu’un d’autre pour que ce lieu de référence qu’est le corps devienne habitable.

 

Le devenir humain passe la souffrance, qu’approcher sa souffrance permet de découvrir sa vie, que ce chemin donne le sentiment de participer au devenir humain.

 

L’accomplissement humain passe par l’intégration de la souffrance à son expérience de vie pour le guider vers le sens et assumer son être. Par ailleurs, l’expérience de la souffrance niée, avalée ou ravalée trouble les rapports, isole ou rend violent.

 

*À suivre*

Commentaires

Messages les plus consultés de ce blogue

LITTÉRATURE HAÏTIENNE - 4e partie

LITTÉRATURE HAÏTIENNE - 18e partie

LITTÉRATURE HAÏTIENNE - 8e partie