Violence Conjugale – 12ième partie
Violence conjugale (suite)
En ne faisant pas place à la « trajectoire sociale et individuelle » de l’individu qui souffre, on fait abstraction à la fois de la personne, de son histoire et de son environnement. Ainsi le savoir-expert a tendance à oublier que l’être humain est un être de relation et de symbole, et que le malade n’est pas seulement un corps à réparer (Le Breton, 1998 :189-190). S’il n’y a pas d’abord une considération de l’environnement social dans lequel émerge la souffrance de l’individu, le mal ne pourra être guéri.. < La souffrance individuelle est toujours fonction d’un malaise social » dira Singleton (1994 :155) et quiconque « laisse le corps social en souffrance ne viendra jamais à bout de la douleur corporelle ».
Il y a, rappelle Kleinman (1995), quelque chose de très humain dans l’expérience de la détresse d’une personne, dans le port de blessures, dans les contraintes de l’esprit humain, dans la douleur et l’étouffement d’une grande perte, dans l’expression de l’endurance de lourds fardeaux, dans la quête d’une cohérence et de la transcendance plutôt que de participer à la normalisation, à la pathologisation, à la commercialisation ou encore à l’occultation de la souffrance, il serait bénéfique de simplement chercher à humaniser son expérience et sa représentation. Il s’agit aussi de briser les barrières qui nous séparent, de former un rapport avec l’autre et de voir la souffrance non pas comme un calvaire insurmontable, une punition méritée, une injustice irréparable ou un sort impardonnable, mais comme une opportunité pour laisser la parole à des personnes qui souffrent, avec des voix qui leur appartiennent, afin d’alléger le fardeau qui risque de les accabler, de les envahir, de les paralyser, par sa douleur, sa persistance ou sa sévérité.
Pour être en mesure de pénétrer le cœur de ces hommes qui souffrent, il faudra donc accepter la vision et les versions morcelées de ces hommes qui ont connu la souffrance sociale de première main (Schwarcz,1997 ) comme souligne Das (1997) c’est dans la vie collective que les individus cherchent à comprendre leurs expériences et à s’engager dans le processus du soulagement de la souffrance. D’où l’importance, voire la nécessité de créer un autre récit capable de mobiliser la compassion comme geste de guérison, ou geste soignant.
*À suivre*
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