Violence Conjugale – 6ième partie
Violence conjugale (suite)
L’angoisse des hommes
Une étude conclut que presque trois hommes sur quatre sont confus quant à l’attitude à adopter face aux femmes de l’après-féminisme. L’étude note que les hommes veulent se montrer plus ouverts à des relations égalitaires, mais craignent de perdre, ce faisant, leur masculinité. Aussi y-a-t-il souvent contradiction entre ce que les hommes font et ce qu’ils disent vouloir faire, tiraillés comme nous le sommes entre les anciens et les nouveaux modèles masculins.
Cette confusion et cette insécurité découlent de transformations sociales et culturelles, qui ont bouleversé les principales sources de l’identité masculine. Le travail, le pouvoir, la famille et même l’apparence physique et la sexualité de l’homme se sont modifiés. Ces changements ont non seulement exigé des adaptations de la part des hommes, mais encore ont-ils changé la notion même de masculinité.
VOYONS COMMENT
LE TRAVAIL :
L’homme sans travail perd un statut social lié, dans un monde capitaliste, à la place qu’il occupe dans la production des biens et des services. Il doit trouver ailleurs statut et identité; Mais où?... En outre, on sait depuis longtemps que l’arrivée de la retraite est beaucoup plus perturbante pour l’homme que pour la femme. Il a souvent investi, à ce point son travail, au détriment de son foyer et de sa vie privée, que la perte de celui-ci entraîne un traumatisme difficile à surmonter. C’est d’ailleurs un des facteurs avancés pour expliquer la différence et l’espérance de vie entre hommes et femmes, le passage des femmes à la vieillesse serait moins perturbant, celles-ci investissant davantage leur vie privée et familiale, même lorsqu’elles ont été sur le marché du travail.
LA FORCE ET LE POUVOIR
La violence quotidienne dans la vie des hommes permet aussi l’affirmation de cette virilité à travers la force et le pouvoir imposés. Dès le plus jeune âge, le petit garçon apprend qu’il doit se défendre, sinon attaquer le premier, s’il est un homme.
Plusieurs des sports supposés virils, dans lesquels on l’enrôle bientôt, font preuve d’une violence aussi inouie qu’inutile. J’en veux pour preuve les nombreuses scènes de brutalité qui ponctuent les matchs de notre sport national, le hockey. Autres activités populaires, la chasse et la guerre permettent aux hommes d’afficher leur contrôle sur la vie par la capacité de tuer. Ils assurent ainsi, mais à contrario, le pendant du pouvoir des femmes sur la vie, pouvoir qu’elles tirent de leur faculté d’enfanter.
Voilà pourtant que l’anxiété s’installe. La force physique, emblème de la virilité, n’est plus requise ni par l’économie- la technologie remplaçant le muscle—ni par la guerre—l’apocalypse étant désormais programmé par ordinateurs. Quant aux sports transformés en boucherie, il est de plus en plus contesté : on commence à réglementer plus sévèrement les ligues amateurs, tout le monde n’acceptant pas de sacrifier son enfant sur l’autel du dieu virilité. Même la croyance en la supériorité physique des hommes sur les femmes en prend pour son rhume. Plus leurs modes de vie se ressemblent, plus les différences de performances physiques entre hommes et femmes auraient tendance à s’estomper, en dépit de leurs différences physiologiques.
À l’heure où les femmes, autant que les hommes, envahissent les studios de conditionnement physique et qu’elles ne dédaignent pas les haltères, force et performance ne sont plus des prérogatives typiquement masculines.
Tout au plus, le Muscle Mâle demeure-t-il un attribut sexuel secondaire, un attrait de séduction supplémentaire, son utilité étant plus symbolique que réelle.
Il en va semblablement du pouvoir. Il n’y a que quelques décennies que les femmes votent et à peine quelques années qu’elles peuvent démarrer en affaires sans le consentement de leur mari. Pourtant, on les voit de plus en plus siéger dans les milieux du pouvoir.
Certes, il existe encore une disproportion démesurée d’hommes dans les centres de décision économiques, intellectuels, sociaux et politiques, mais chaque jour les femmes gagnent du terrain.
S’il ne semble plus à la mode de se proclamer féministes, l’idéologie égalitaire, elle, continue de faire son chemin, chez les femmes comme chez les hommes.
Face aux mutations en cours, beaucoup d’hommes restent cependant sur la défensive : « jusqu’où iront les femmes? » La mythique virilité n’accepte pas de bon gré le déclin de son empire.
Certains hommes ont alors recours à des solutions qui non seulement ne règlent pas la crise existentielle qu’ils traversent, mais souvent l’aggravent. La fuite dans l’alcool ou dans la drogue pour annihiler leurs sentiments d’inconfort, le rejet, voire la haine des femmes comptent parmi ces réactions. On ne connaît que trop la violence verbale, physique ou sexuelle par laquelle cette haine--ultime façon d’affecter l’autre—est régulièrement manifestée. Elle illustre combien nombre d’hommes sont véritablement prêts à lutter contre tout ce qui remet en cause leurs traditions et leurs privilèges acquis. Toute la force et tout le pouvoir qui leur restent sont mis à contribution dans ce combat.
Depuis quelques années de nombreux intervenants ont levé le voile sur l’envers de la masculinité axée sur la force et le pouvoir. La galerie de portraits d’hommes qu’ils nous présentent est consternante.
Ces hommes qui ne communiquent pas, ont peur des sentiments et de l’intimité. Certains hommes qui désirent les femmes mais qui les méprisent, se servent d’un semblant d’amour pour les déprécier et les contrôler. Dès lors, l’impossibilité et le pouvoir que se sont attribués les hommes ne desservent-ils pas leurs relations avec les femmes?
Les stéréotypes masculins ne se retournent-ils pas contre les hommes qui les ont installés et reproduits lorsqu’ils briment leur propre affectivité et entravent leurs amours?
Assurément, les hommes ont encore à prendre conscience à quel point ils souffrent aussi du sexisme, mais d’un sexisme « boomerang » en quelque sorte, puisqu’il découle de modèles masculins et féminins qu’ils ont eux-mêmes développés. Par exemple, les croyances, selon lesquelles, un homme ne doit pas pleurer, un homme ne doit pas manifester trop de tendresse, un homme doit toujours se montrer fort etc…portent atteinte à tous les hommes, car ces mythes les empêchent de vivre pleinement leur potentiel dans leurs rapports avec eux-mêmes et avec les autres. Par exemple, la psychologue américaine Sandra Dem dans son livre< Sex Role Adaptability », qu’une certaine androgynie psychologique, c’est-à-dire la faculté d’utiliser selon les circonstances des caractéristiques tantôt masculines, tantôt féminines, serait synonyme de meilleure adaptabilité sociale et, conséquemment de meilleur équilibre mental. « La force et le pouvoir ne règlent pas tout. Au contraire, la démonstration fanfaronne de l’une et la recherche effrénée de l’autre n’ont-elles pas conduit l’humanité au bord du gouffre?
LE RÔLE DE CHEF DE FAMILLE
La place de la famille dans la vie des hommes et la place des hommes dans la famille ont donc changé. Comme ils passent généralement 3 fois plus de temps au travail qu’à la maison, les hommes ont mis du temps à s’en rendre compte. Le choc n’en est que plus assommant lorsqu’ils font le bilan. Voilà qu’après avoir négligé l’éducation des enfants et avoir été réfractaires à payer leurs pensions alimentaires suite à leurs séparations ou leurs divorces, les hommes se préoccupent de la garde de leurs enfants : est-ce pour contrer leur solitude? Voilà que, une fois le divorce banalisé, les familles reconstituées se multiplient plus rapidement que les familles dites traditionnelles, puisque 80% des hommes divorcés reforment bientôt un nouveau couple. Des quelques 40% d’hommes vivant en célibataires, combien ont vraiment choisi cette option?
Alors qu’il n’y a pas si longtemps, l’homme était destiné à devenir patriarche, il découvre aujourd’hui la vie d’orphelin.
La rébellion des jeunes générations face à leurs aînés sape aussi les fondations du rôle paternel. Les générations des années 60, 70, 80 contestaient leurs parents, celles des années 2000 bien que plus sages en apparence, vont plus loin en les ignorant tout simplement. Enfants du divorce, de la récession économique, de l’école impersonnelle, de la TV hyper-violente, de la pollution et du nucléaire, ils se sont insensibilisés aux agressions de l’extérieur, quand ils n’ont pas choisi d’agresser les premiers afin de mieux se défendre. À leur père, à leurs âmes, beaucoup de jeunes ne croient plus. Ils ont été blessés par l’imprévoyance, l’indifférence, voire la violence des adultes à leur endroit.
*À suivre*
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