LE CAHIER PHILOSOPHIQUE - 41ième partie
LA PERSONNALITÉ
L’impact de la
retraite sur la vie de couple
Le retour à la maison
Habitué à sa routine de travail, le retraité a souvent le sentiment d’être un étranger dans sa propre maison. Le domicile familial représente pour le travailleur âgé le lieu de repos. Mais, il correspond aussi implicitement au territoire réservé à la femme. En se retrouvant dans un espace qui ne lui appartient pas vraiment, le retraité a l’impression d’être là où il n’a pas d’affaire. Le couple doit alors s’adapter à de nouvelles conditions de vie. Les conjoints doivent s’habituer à une véritable vie en commun. Pour beaucoup, c’est le début d’une nouvelle étape dans leur vie de couple, car les pratiques relationnelles se trouvent affectées et même chambardées. Ce passage du travail à la retraite engendre une nouvelle dynamique dans l’équilibre du couple et parfois de sérieux malentendus.
Les rôles homme-femme
Traditionnellement, le rôle de l’homme consistait à être le pourvoyeur et il revenait à la femme d’assumer le rôle d’éducatrice et de reine du foyer. Cette perception des rôles a de bonnes chances de ne pas avoir changé chez un couple de gens âgés de 65 ans et plus, et ce, même si la femme participe ou participait au monde du travail en tant que salariée. Le fait de demeurer de façon continue à la maison favorise l’appropriation possible par le nouveau retraité de certaines tâches jusque-là assumées par sa femme. Dans une telle situation, les deux partenaires vivront conjointement la perte d’une partie des attributions de leur rôle habituel.
Cette restructuration pourra autant instaurer que confirmer soit une relation de
dépendance, soit une relation d’autonomie partagée mutuel
(Plamondon et
Plamondon, 1978, p.43).
Les générations actuelles vivront
sans doute de façon différente cette situation puisque les rôles sexuels
tendent maintenant vers le partage et l’égalité des tâches.
La communication dans le couple
Certains travailleurs âgés
appréhendent avec anxiété le moment de la retraite. Chez plus d’un couple, naît
cette peur de n’avoir plus rien à se dire. La retraite entraîne en effet la disparition
d’une source importante d’expériences qui remplissaient la vie quotidienne
grâce à la diversité des contenus et des échanges que la situation de travail
procurait. Si les deux conjoints vivent leurs difficultés d’adaptation comme un
indice de détérioration de leur relation, il peut s’en suivre un comportement
d’isolement. Ces tensions peuvent même provoquer à la limite l’éclatement du
couple.
La restructuration du temps et de l’espace.
Les éléments temps et espace se trouvent également modifiés à l’arrivée de la retraite. L’absence de temps structuré par le travail et la privation du territoire habituel (le lieu de travail) peuvent aussi faire surgir ce sentiment d’étrangeté au monde qu’éprouve parfois le retraité.
Avant la retraite, l’aménagement de la vie de couple et du quotidien était structuré en fonction des rôles sociaux traditionnels, c’est-à-dire, l’homme au travail, la femme à la maison. Tout d’un coup, les règles du jeu sont changées et cela crée une situation conflictuelle pour le couple. Étant plus souvent à la maison, le retraité peut être tenté de donner une touche toute personnelle à l’espace qui l’entoure. Il se trouve par le fait même à empiéter sur le territoire réservé à sa conjointe. L’attribution et le partage des tâches ménagères sont également influencés par l’arrivée du retraité à la maison. On assiste souvent à des manifestations de tension dans le couple. Le nouveau retraité n’est pas nécessairement au courant de l’horaire de son épouse, ce qui peut donner lieu à des confrontations. Il est probable aussi que le conjoint du retraité vive cette présence nouvelle et constante comme une violation de son espace, de son univers.
Il y a un autre genre de femme pour qui la présence constante du mari est une
intrusion dans son domaine. Elle ne peut plus suivre
son programme
habituel, ni passer toute une journée dans les
magasins quand elle en a
envie, Ni rencontrer ses amies à l’heure du lunch; il
faut aussi
qu’elle s’occupe de préparer un repas de plus. Il se
peut même qu’elle ait
la malchance d’avoir un mari du genre organisateur qui
veut réorganiser son
travail de maison pour le rendre plus efficace (Streib
cité par Dulube, 1978, p.
34).
Enfin, comme la retraite peut entraîner une baisse substantielle des revenus du ménage, la question financière peut devenir épineuse pour le couple. L’épouse peut se voir contrainte à faire un budget et à rendre compte de ses dépenses. Mais, fort heureusement, semble-t-il, tous les couples ne vivent pas cette situation.
Pour certains couples, c’est une période de grande
joie et de
camaraderies. Ils voyagent au gré de leur fantaisie.
Ils ont des tas
de projets. Ils font tout ensemble y compris les
emplettes, la
cuisine, le ménage et le jardinage (Streib cité par
Dulude, 1978, p. 34).
Les modifications
des relations avec la famille
La famille proche
La disponibilité et le type d’accueil que la famille réserve au retraité sont fonction de la solidarité familiale. Plus les intérêts des parents et des enfants seront complémentaires, plus l’intégration de la famille sera forte. Il faut voir que les personnes âgées dépendent beaucoup de l’intérêt que la famille immédiate leur porte.
Bien que le développement industriel et l’urbanisation aient contribué à la disparition de la famille étendue et à l’émergence de la famille nucléaire, ils n’ont pas pour autant fait disparaître la solidarité familiale. On peut cependant observer des différences importantes d’une famille à l’autre.
Il peut y avoir des familles dans lesquelles ce sont
les membres plus âgés qui
aident les plus jeunes et d’autres où ce sont les
personnes âgées qui viennent
en aide aux autres et ne reçoivent rien en échange.
Enfin, il y a
certainement aussi des familles où l’entraide et la
communication sont à peu
près inexistantes (Mishara et Riedel, 1984, p. 66).
Les enfants
La garde d’un parent âgé exige une planification et une adaptation de part et d’autre. Des conflits peuvent survenir surtout si cette personne âgée est totalement dépendante de la famille. La grande difficulté pour les enfants qui travaillent réside dans la quasi-impossibilité de trouver un gardien responsable, particulièrement si la personne âgée est en perte d’autonomie. La tolérance exercée envers les aînés peut dégénérer en agressivité lorsque la vie affective et l’univers social de la famille se trouvent perturbés et déréglés.
Les petits-enfants
La relation qui s’établit entre grands-parents et petits-enfants se trouve la plupart du temps limitée au plan affectif. N’ayant pas à s’occuper eux-mêmes de l’éducation des petits, ils se montrent moins sévères à leur égard qu’ils ne l’étaient envers leur propre progéniture. Il arrive souvent que les grands-parents les gâtent trop, ce qui peut occasionner des conflits au sein de la famille. On remarque également que les grands-parents sont sollicités, quelquefois de façon abusive, par leurs enfants pour agir comme gardiens. Ce ne sont pas tous les retraités qui se plaisent à jouer aux gardiens et aux grands-parents-gâteaux.
Plamondon et Plamondon (1980) présentent schématiquement les différents éléments décrits précédemment sur les impacts psychologiques du passage du travail à la retraite.
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