LE CAHIER PHILOSOPHIQUE - 40ième partie

LA PERSONNALITÉ

 

LES ASPECTS PSYCHOLOGIQUES RELIÉS AUX PHASES DU VIEILLISSEMENT ET À L’ADAPTATION À LA RETRAITE

 

INTRODUCTION

Qu’arrive-t-il à une personne qui prend sa retraite? Comment organise-t-elle son temps libre? Qu’elle soit voulue ou non, anticipée ou retardée, la retraite signifie pour tout individu le début d’un nouveau style de vie. Les changements qui découlent de la mise à la retraite touchent intimement le retraité et bouleversent tout autant son conjoint, sa famille que son entourage. Il s’ensuit une modification du réseau familial, des relations parents-enfants et parfois même une transformation de la relation de couple par le biais d’une remise en question des rôles traditionnels homme-femme et d’un réaménagement du temps et de l’espace.

Les impacts psychologiques reliés aux phases du vieillissement et de la retraite.

La retraite : début d’une nouvelle vie…

Pour la majorité des travailleurs, la retraite signifie une modification de leur

réseau social dans le sens d’un amoindrissement de leurs possibilités d’échanges

sociaux. Nous avons identifié quatre facteurs qui déterminent le degré

d’exclusion des interactions sociales que produit la mise à la retraite :

la perte des contacts sociaux associés à la situation de travail, l’absence de

champs de relations hors travail, la diminution brutale de revenu et la

situation de pauvreté imposée à la majorité des plus de 65

ans.

Pour le travailleur, le travail est le principal lieu de

pratiques relationnelles et il constitue le flot quasi exclusif de relations en

dehors de la famille; en effet, le travail offre à l’individu un lieu de

rencontres sociales, un temps structuré qu’il partage avec d’autres et une

organisation d’activités spécifiques qui le relient à une communauté; par la

retraite, on le prive brusquement de ce lieu de pratique; la perte des contacts

du travail représente la disparition d’une réalité profondément inscrite dans

l’expérience quotidienne (Plamondon et Plamondon, 1980, p.16).

 

La maison et la famille deviennent pour certains retraités les seuls points de références à la société. La maison devient alors un lieu de rencontres où il leur est possible de partager des activités et, par le fait même, d’approfondir leurs liens avec leur conjoint et leurs enfants. En se rapprochant de sa famille, l’ex-travailleur espère en effet trouver un milieu générateur d’échanges nécessaires à son équilibre. Si la famille rejette sa tentative d’unification, il devra combler ce besoin d’échanges sociaux par d’autres ressources.

Certaines possibilités, tel le travail bénévole, peuvent aussi contribuer à combler la perte du réseau social lié au travail. Cependant, une occupation bénévole ne fait pas toujours le poids avec le travail rémunéré, quel qu’il soit. Pour bien des gens, le bénévolat apparaît comme une occupation plus ou moins valorisante destinée aux femmes et aux personnes âgées. Ainsi, une personne récemment mise à la retraite, donc particulièrement sensible aux commentaires et préjugés sociaux, envisage le bénévolat d’un œil critique et le considère comme une solution de dernier recours. Lavoie (1985) a élaboré longuement sur la pratique du bénévolat chez les retraités au Québec dans un ouvrage exhaustif en se penchant plus particulièrement sur l’évaluation d’un programme de bénévolat pour les personnes âgées.

Dans les faits, les diverses réactions au passage à la prise de la retraite dépendront de la perte que représente pour le retraité le réseau du travail et des possibilités qu’il entrevoit pour le compenser. Une participation plus grande à d’autres réseaux de socialisation que celui qui était relié au travail est plus ou moins nécessaire selon le cas. En somme, le retraité voit brusquement se rétrécir son univers social. Ce sentiment est ressenti avec d’autant plus d’acuité que les rôles et fonctions qui le définissaient socialement n’existent plus. En général la majorité des retraités cherchent alors à intensifier leurs relations avec la famille, ce qui ne se fait pas sans soulever certains problèmes et sans entraîner bien des changements dans la dynamique familiale.


L’isolement problème clé de la retraite.

 

Zay (1981, p.301) présente deux sens à l’isolement :

1.comme une « situation objective d’une personne dans l’impossibilité

temporaire, absolue ou relative d’entretenir des rapports avec son

environnement » et

2.comme « résultat de cette situation ».

 

L’isolement constitue un problème de taille pour les travailleurs à la retraite (Delisle, 1984). Dans une culture orientée vers la jeunesse, peu de gens peuvent accepter l’idée même de vieillir et encore moins les problèmes liés au vieillissement. On veut bien vivre longtemps, mais pas vieillir.

Pour leur part, les dirigeants ne semblent guère préoccupés de la qualité de vie de cette partie de la population. Il va de soi que cette façon d’envisager le vieillissement contribue encore davantage à isoler le retraité. Ses possibilités de partager ou d’échanger avec d’autres se trouvant réduites, le retraité a l’impression de vivre seul ses problèmes et sent très bien qu’on le pousse vers un ghetto, qu’on le place sur une voie d’évitement. La plus part d’entre eux n’iront pas chercher d’aide morale ou financière de crainte de déranger la vie de leur famille, de leurs enfants ou de leurs amis.

L’adaptation aux problèmes de l’isolement varie sensiblement d’un individu à l’autre. Le retraité au tempérament solitaire et introverti ne changera pas à 65 ans. Néanmoins, il apparaît que beaucoup de retraités souffrent de solitude.

* À suivre *

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