LE CAHIER PHILOSOPHIQUE - 22ième partie

LA PERSONNALITÉ

 


Les stades psychosociaux de développement selon Erikson

Les écrits d’Erikson insistent sur la phase critique de chacune des étapes dont la réussite ou l’échec dépend du résultat dans les stades antérieurs. À chacune des étapes, il a identifié des résultats qui serviront d’indicateurs de réussite ou d’échec. Le développement du moi lui apparaît à travers les points tournants de chacun de ces stades. L’auteur insiste sur l’importance du succès obtenu à chaque étape.

What the child acquires at a given stage is a certain ratio between the positive

and the negative, which, if the balance is toward the positive will help him to

meet later crises with a predisposition toward the sources of vitality (Erikson,

1968c, p. 325).

Regardons maintenant ce qu’Erikson (1963) dans Enfance et société appelle les 8 étapes de l’homme.

La phase orale (elle s’étend de la naissance à 18 mois). C’est une période de confiance ou de méfiance fondamentale. De 0 à 6 ou 8 mois, c’est la phase orale-sensitive. L’enfant éprouve du plaisir ou de la frustration pour la nourriture et le confort qui lui est donné. C’est de la nature de cette expérience que dépendra son sentiment de confiance dans la vie ou pas. De 8 mois à 18 mois, c’est la phase orale-agressive. L’enfant, avec ses premières dents, devient plus actif. Il peut mordre ou s’incorporer des objets. Le désir de mordre peut correspondre au besoin de se soulager lors de la poussée des dents. Ce faisant, l’enfant peut être repoussé par sa propre mère ou par la personne qui en est la victime. L’atteinte de ses besoins peut être accompagnée de douleur comme, par exemple, celle de la perte de l’objet ou de la personne qu’on lui soustrait de sa vue. C’est une première épreuve. La confiance aveugle est mise en doute et si la méfiance s’installe, elle pourra se présenter plus tard dans le développement de la personnalité. C’est le chemin d’un premier sentiment rudimentaire d’identité du moi. En ce sens, Erikson, (1974, p .169) nous mentionne que :

… la première réussite sociale du bébé est donc son acceptation de laisser la

mère s’éloigner de sa vue sans manifester d’anxiété ou de colère exagérée, parce

qu’elle est devenue une certitude intérieure autant qu’une prédictabilité

extérieure.


Le moi se façonne dans la résolution de ce premier conflit, entre la naissance et la méfiance. Une relation équilibrée et satisfaisante entre la mère, avec sa façon de donner ou de se donner, et l’enfant, avec sa manière de recevoir et de prendre est nécessaire pour l’acquisition d’un sens de confiance en soi et en autrui.

La phase anale (de 18 mois à 2 ans et demi) est une période d’autonomie ou bien de honte et de doute. Avec la maturation anale et musculaire naissent deux nouvelles modalités sociales, celles de retenir et de laisser aller. C’est l’âge de l’opposition initiale aux parents et aussi la première manifestation de la volonté : l’enfant veut agir seul. Avec ces premières manifestations d’autonomie, les parents exercent un contrôle extérieur pour rassurer l’enfant et non pour le punir. Un contrôle trop rigide serait de nature à amplifier les sentiments de honte, d’être petit, de doute et d’incapacité d’acquérir sa propre identité.

Durant cette période du développement de l’enfant, le milieu doit encourager celui-ci à être auto-suffisant, à être capable c’est-à-dire être propre, marcher et parler. Une relation équilibrée entre la mère, avec son mode de contrôle extérieur, et l’enfant, avec son mode d’élimination ou de rétention, sera nécessaire à l’acquisition d’un premier sens de l’autonomie du moi. Le moi s’affirme dans cette seconde crise à travers des expériences d’autonomie.

La phase phallique (de 2 ans et demi à 6 ans) est la période d’initiative ou de culpabilité. Le jeune enfant est capable de relations plus grandes. Il connaît mieux son corps et observe davantage. Son identité sexuelle se bâtit. Des variantes apparaîtront dans le développement de la personnalité en fonction du sexe mais aussi en fonction du milieu et de la culture environnante. À la phase oedipienne, si cette étape est bien franchie, le garçon souhaitera grandir pour ressembler davantage à son père et plaire à sa mère alors que chez la fille, la culpabilité de la rivalité avec la mère sera remplacée par une identification à la mère. Le moi se manifeste à travers la résolution du détachement progressif des parents, de la relation de réciprocité, de l’initiative de l’enfant, de ses désirs d’accomplissement et de ses possibilités.

La phase de latence (de 6 à 12 ans). La phase de latence est une période dite de travail ou d’infériorité. C’est une période de grand calme et d’oubli. L’enfant manifeste un intérêt pour le monde extérieur. Il sent le besoin de connaître tant au plan intellectuel que social. « Il apprend à acquérir du prestige en produisant des choses » (Erikson, 1974, p. 175). C’est la phase de l’acquisition d’un sens de l’industrie en éliminant un sentiment d’infériorité par la réalisation de compétence. À cette période donc, l’enfant est occupé à apprendre comment être compétent et productif; à défaut, il y a danger que naisse un sentiment d’inadéquation et d’infériorité. Son développement est alors troublé. L’enfant qui a déjà acquis une certaine expérience, se voit différent des adultes; il n’est ni capable de les suivre, ni, du reste, inviter à le faire; alors il se compare à ceux de son âge et tâche d’y trouver sa place. S’il ne peut entrer en compétition avec ceux de son âge, il en découlera chez lui un sentiment.

Le moi se retrouve dans le conflit entre le travail et l’infériorité. L’enfant s’identifie à travers ses succès scolaires comme quelqu’un de capable et de compétent. À défaut, il naît chez lui un sentiment d’incompétence et d’infériorité qui entraîne une confusion dans l’identité.

 

* à suivre *

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