LE CAHIER PHILOSOPHIQUE - 20ième partie
LA PERSONNALITÉ
FREUD ET LES STADES DE DÉVELOPPEMENT PSYCHO-SEXUELS
Les stades du développement humain dans l’approche freudienne se confondent avec les étapes psycho-sexuelles. Ces étapes sont le résultat de poussées, de pulsions inconscientes et instinctuelles. Ces poussées sont perçues comme le moteur de l’agir et de la pensée humaine. On le retrouve dans les moindres gestes de l’existence, dans le quotidien comme dans les grandes décisions à prendre. La perception de soi dans chacun de ces stades de développement joue un rôle important dans la construction de la personnalité et le développement du moi.
À travers sa pratique, Freud a élaboré une théorie de la sexualité infantile ou chaque stade de développement est associé à un centre d’intérêt sexuel relié à une partie du corps, en particulier la bouche, l’anus, le pénis ou les parties génitales. Le texte ci-dessous présente les stades de développement psycho-sexuel tels que Freud les a élaborés, mais aucun de ces stades ne concerne l’âge adulte ou le grand âge. Freud y associe cependant des traits de personnalité selon le vécu des individus à chacun des stades.
Le stade oral :
Le premier stade de développement
psycho-sexuel de l’individu a lieu durant la première année de la vie. Il se
situe à l’époque où le bébé est centré exclusivement sur des zones érogènes, en
particulier la bouche. Il cherche le plaisir que lui procure la stimulation des
lèvres et l’acte de se faire nourrir, de téter, de mordre et de sucer.
L’allaitement est une gratification sensuelle. L’enfant de cet âge s’incorpore
le monde en se mettant tout dans la bouche. La bouche est son lieu de plaisir
et l’allaitement en est la source de stimulation.
Le stade anal : ce deuxième stade est celui de l’apprentissage de l’expérience et de l’imposition d’un contrôle sur l’enfant par les parents. Durant sa deuxième et troisième année d’existence, l’enfant demeure centré sur son corps et en particulier, sur ses selles. C’est l’âge où les parents apprennent à l’enfant un premier contrôle, celui des sphincters. Par l’excrétion et la rétention, l’enfant prend conscience qu’il existe comme une entité différente de ses parents. L’apprentissage de l’entraînement à la propreté est le fait marquant de cette période.
Le stade phallique :
Ce troisième stade est marqué par le
plaisir sensuel relié aux organes génitaux. C’est entre trois et cinq ans que
l’enfant découvre la différence entre les hommes et les femmes. C’est aussi à
cet âge que l’enfant montre un intérêt pour les organes génitaux et qu’il
s’identifie comme étant différent de l’autre sexe. Et c’est à cet âge aussi que
l’enfant commence à se masturber. Cela du reste semble un fait universellement reconnu
maintenant. La gratification est associée à la stimulation des organes sexuels.
Le stade phallique correspond aussi à la période oedipienne où l’attachement
sexuel est dirigé vers le parent du sexe opposé. Les enfants des deux sexes
éprouvent des fantaisies au sujet des parents.
Le stade de latence :
Ce stade se situe entre cinq et six
ans et dure en moyenne jusqu’à l’âge de l’adolescence. Durant cette période,
qu’on appelle aussi moyenne enfance, l’enfant est moins préoccupé par son
propre corps, ce qui lui permet de passer à l’apprentissage d’un savoir-faire.
Freud appelle cette période latence parce qu’il ne se produit rien sur le plan
personnalité à cet âge. Selon lui, les pulsions sexuelles et agressives sont
dans un état d’incubation.
Ce stade serait dans la pensée
freudienne la phase ultime dans le développement psycho-sexuel de l’être
humain. Les désirs hétérosexuels se manifestent comme chez l’adulte. Cette
période constitue la dernière poussée vers la maturité sexuelle. Il y a alors tentative
d’établir une relation affective véritable avec un partenaire de sexe opposé,
l’issue de cette relation étant l’union sexuelle complète des deux partenaires.
C’est à l’âge de l’adolescence que l’on découvre que certaines sensations de
plaisir viennent par les parties génitales. Dès lors, les jeunes cherchent les
occasions de stimulations et de satisfactions sexuelles.
Les cinq stades de Freud correspondent à l’enfance et à l’adolescence; qu’en est-il pour l’âge adulte et de la vieillesse? Freud nous donne, dans le style concis de ses dernières années de vie, cette réponse : « To love and to work ». Ce serait le but d’une vie adulte réussie. Comme le signalait Engelberts 1984, p.4 :
la psychodynamique du vieillissement.
Dans ce même article, l’auteur soulève des éléments de compréhension de l’attitude négative de Freud vis-à-vis le vieillissement, et présente des indications et des contre-indications aux psychothérapies analytiques possibles avec les personnes âgées.
Cette réponse de Freud paraît donc peu éclairante pour une bonne compréhension de ce qui se passe durant toutes ces années de l’existence qui restent. Il faudra attendre les écrits de Neugarten, (1969, 1970, 1973 et 1976), Sheehy (1977 et 1982), Levinson (1978), Artaud (1978 et 1979), Bédard (1981, 1983 et 1984), pour comprendre davantage ce qui se passe au niveau adulte, mais, même avec l’émergence de ces recherches sur le développement de l’adulte, le champ du troisième et du quatrième âge est largement ouvert puisqu’il s’y fait tellement peu de recherches comparativement aux autres périodes du cycle de vie.
CONCLUSION
Nous pouvons affirmer suivant la pensée freudienne que la maîtrise de soi, ce contrôle du moi, prend forme dès la prime enfance. C’est à ce moment que les dés sont jetés. Pourtant la personnalité adulte est dynamique et s’adapte comme le démontrent les recherches des auteurs ci-haut mentionnés. Les mécanismes de défense utilisés par les personnes âgées en témoignent. Freud n’a pas élaboré là-dessus. Pour comprendre l’homme, le thérapeute doit saisir toutes les particularités psychologiques à travers son histoire et, surtout, bien saisir son inconscient. L’une des grandes contributions de Freud a été de nous faire saisir toute l’importance des premières expériences de l’enfance, là où le moi prend sa source.
Nous nous sommes limités aux seuls faits qui permettent une vision d’ensemble de la perception de soi dans la pensée freudienne. Pour les besoins de notre recherche, les théories freudiennes ont leurs limites. Signalons ici deux excellents articles sur le sujet; le premier, de Hale (1980), porte sur les réflexions de Freud sur le travail et l’amour alors que le second, d’Erikson (1980), présente les thèmes de l’adulte dans la correspondance entre Freud et Jung.
Aussi devons-nous questionner d’autres auteurs susceptibles d’apporter plus de lumières sur ce qui se passe avec le moi et les besoins non-satisfaits durant les dernières années de l’existence.
* à suivre *
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