LE CAHIER PHILOSOPHIQUE - 4ième partie

 LA PERSONNALITÉ 

 On notera tout d’abord que contrairement au behaviorisme (homme-objet), la philosophie conservera jalousement à l’homme toute son entité ontologique, c’est-à-dire, cette entité spirituelle considérant l’homme capable de réflexion sur lui-même, d’introspection et d’acte de prise de conscience, donc de liberté (même si cette liberté s’avère quelque-fois bien relative).

Pour arriver à notre étude de la personnalité, on verra que la philosophie nous offre un seul moyen d’accéder à la connaissance de l’étude de l’âme (sentiment, désir, souvenirs), c’est l’intuition l’introspection que l’on appellera conscience psychologique. Nous verrons les inconvénients de cette méthode.

Premièrement, « le connais-toi toi-même » de Socrate est bien joli mais qui peut se vanter de bien se connaître (ignorant tout de son inconscient).

Deuxièmement, si le cas s’avérait possible, a-t-on le droit de conclure de soi-même aux autres pour les connaître?

Il serait fort aléatoire de penser porter un jugement de valeur sur la personnalité de quelqu’un par l’unique moyen que la philosophie possède, soit l’introspection.

C’est ainsi que l’introspection, quoique possible et utile dans une certaine mesure, est nettement insuffisante pour entreprendre l’étude d’une personnalité et de porter un jugement.

Après avoir considéré l’apport du jugement de réalité en psychologie et du jugement de valeur en philosophie, essayons brièvement d’y voir clair et de répondre à la question posée :

« Le jugement de réalité est-il le seul type valable pour entreprendre l’étude de la personnalité. »

Quoique très précieux d’une façon concrète, le jugement de réalité est imparfait pour saisir une personnalité :

Par delà les différents types de vérité, entre autres « vérité expérimentale » que nous offre la science, n’existe-il pas d’autres modes de connaissances qui nous permettraient d’atteindre (ainsi qu’y prétend la métaphysique) la vérité absolue. La philosophie mentionne que l’être existe en dehors de la connaissance que nous en avons; Hussell proteste qu’il n’y a pas de « réalité absolue ».

La personnalité que nous découvrons par les sciences exactes peut se rapprocher de la vérité de ce qu’elle est, mais les preuves que j’en ai n’en demeurent pas moins relatives,

Si les sciences psychologiques se veulent hermétiquement fermées à la philosophie, il y a même danger qu’elle oublie l’entité ontologique de l’homme pour le réduire à un objet (Watson) et ce qui par la suite, risquerait de briser son unité (test pris comme valeur absolue).

De toute évidence, l’aspect complémentaire de la psychologie et de la philosophie s’avère plus juste.

Les extrémistes des deux écoles auront peut-être tendance à minimiser l’autre comme le dit si bien Jean Rostand : « chacun défend son territoire moral et surestime le « bien » dont il a la charge ».

Et d’ajouter avec une pointe d’ironie, « c’est la tradition depuis Bergson, de réclamer pour l’humanité un « supplément d’âme ». De vrai, elle (humanité) est moins menacée par l’indigence morale que par la pluralité de ses idéaux. Si elle périt, la faute n’en sera pas à son égoïsme, mais à l’antagonisme de ses dévouements ». 

L’opinion de deux savants nous permet de conclure le sujet; Mounier précise ceci : « Les milles manières dont je puis le (homme) déterminer comme un exemplaire d’une classe m’aidant à le comprendre et surtout à l’utiliser, à savoir comment me comporter avec lui. Mais ce ne sont que des coupes prises chaque fois sur un aspect de son existence, mille photographies échafaudées ne font pas un homme qui marche, qui pense, et qui veut ». Mounier réclame donc ici l’aspect ontologique en tant que philosophe. 

Chose étonnante, certains psychologues tiennent également compte de l’aspect philosophique pour porter un jugement de valeur. 

Carl Rogers, grand psychologue américain contemporain, consacre dans son livre On becoming a Person toute la quatrième partie à la philosophie de la personne. 

« J’ai découvert, dit-il, certaines données philosophiques sur la vie et les buts vers lesquels l’individu progresse lorsqu’il est libre….. »… La plupart des psychologues se croient insultés lorsqu’on les accuse d’avoir des pensées de philosophie. Je ne partage pas cette réaction. Je ne puis m’empêcher de m’interroger sur le sens de tout ce que j’observe…. » 

Et il poursuit en soulignant l’aspect complémentaire des sciences expérimentales et des sciences philosophiques, pour découvrir la personnalité de quelqu’un : …. »je crois avoir bien exprimé les observations qui se cristallisent pour moi en deux thèmes importants : 

-ma confiance en l’organisme humain, lorsqu’il fonctionne librement (sciences expérimentales)

-et l’importance existentielle d’un mode de vie satisfaisant, thème qu’ont abordé quelques-uns de nos philosophes les plus modernes (sciences philosophiques). 

Mais qui avait déjà été remarquablement énoncé il y a plus de vingt-cinq siècles par Lao-Tseu quand il disait : « La manière d’agir, c’est la manière d’être ».

 

* à suivre *

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