LE CAHIER PHILOSOPHIQUE - 3ème partie

LA PERSONNALITÉ 


Disciple de Watson, Pierre Janet, français d’origine, a interprété d’une façon beaucoup plus large cette conception. Il a édité sur elle non pas une psychologie de comportement comme le fait Watson, mais une psychologie de conduite dans laquelle l’intervention de la conscience, loin d’être considérée comme un luxe inutile, caractérise au contraire un niveau élevé de l’action.

Piaget, psychologue de l’enfance, comme Watson, prônera la vocation expérimentale de la psychologie. Son premier mérite sera de découvrir comment l’individu appréhendait le monde. Quelles étapes, de la naissance au stade adulte, franchissait cette appréhension du monde première forme de connaissance pour l’individu. Comment se développait l’intelligence humaine?

Son deuxième mérite sera de réfuter l’épistémologie des philosophes entre autres, Kant, qui a posé la question fondamentale : « Comment la connaissance est-elle possible? », prenant la connaissance comme un fait.

Piaget y voit un processus et son épistémologie génétique est établie à partir de cette conception révolutionnaire. Piaget se rapproche donc du behaviorisme en rejetant la spéculation traditionnelle des philosophes pour s’appuyer de bout en bout sur la méthode expérimentale, et surtout en affirmant que « la représentation, ce sont des images, des opérations et en mettant l’accent sur les opérations qui sont les aspects formalisables de la représentation.

Définition : l’épistémologie est ce type de réflexion qui surgit d’une science lorsque du fait de la crise qu’elle traverse, apparaît la nécessité de redéfinir clairement son objet et ses procédures de recherches et délimiter le domaine de sa légitimité.

Avant de quitter nos amis Watson et Piaget qui ont vraiment tenté d’objectiver le jugement réalité dans l’étude de la personnalité, il serait peut-être bon de souligner que la psychologie moderne utilise un matériel et des moyens techniques à son service qui favorisent son objectivité (statistique, tests).

Les statistiques sont d’application limitée en psychologie, où tous les faits psychiques dépassent de nombreuses variables échappant généralement au contrôle de l’expérimentateur. La méthode statistique, qui fait appel au calcul des probabilités et à la loi des grands nombres, pallie heureusement à cet inconvénient.

Cette méthode de la statistique a conféré une assise solide aux tests psychométriques, permettant ainsi de classer des sujets par rapport à une population de référence (étalonnage) et de faire des pronostics (réussite ou échec professionnels dans le cas de l’orientation) et a même donné à Spearman le moyen d’aboutir à une théorie factorielle de l’intelligence. Cependant la statistique ne peut-être pour le psychologue qu’un moyen de contrôle et non un moyen de découverte.

En plus des statistiques, la psychologie expérimentale utilise à son service des tests de toutes sortes. Tantôt on utilisera des tests de connaissance et aptitudes par une épreuve verbale ou non-verbale (ex. test de mémoire de caplarède). Tantôt des tests de caractère et personnalité ou des épreuves de projection (Jung emploie l’association libre de mots) Muray (T.A.T.) ou Rorschach avec ses célèbres taches d’encre, meilleur instrument d’analyse de la personnalité.

Ces épreuves standardisées dans leur administration et leur cotation, ont une valeur relative qui aide à connaître la personnalité de quelqu’un mais n’ont jamais de caractère absolu.

Il y aurait évidemment beaucoup à dire sur d’autres moyens mis au service de la psychologie pour découvrir l’individu, comme la psychanalyse, qu’utilise Freud, Adler, Jung, ou encore le psychodrame de Moréno. Nous passerons sous silence ces aspects tout d’abord parce qu’ils s’éloignent beaucoup des lois rigoureuses de la science pour apporter notre jugement de réalité, et ensuite, parce que l’on utilise plus spécialement ces moyens pour découvrir la personnalité malade.

Avant de passer au jugement de valeur, nous pouvons reposer la question : « Est-ce que cette psychologie scientifique nous permet d’entreprendre l’étude de la personnalité et d’y apporter un seul type de jugement, celui de réalité? »

La tentation est grande de répondre oui en considérant jusqu’à quel point la psychologie scientifique a généreusement comblée le XXième siècle. Elle s’est évertuée à se vouloir une science avec des lois bien précises, à se rénover, se parfaire si on la compare à la psychologie des anciens. Elle a découvert et inventé tellement de moyens pour décortiquer l’homme, pour le mesurer, au risque même de l’assujettir à une dépersonnalisation (Watson).

Avec tout son arsenal pour explorer le comportement, la conduite, le conditionnement, étudier les structures intellectuelles, affectives, etc….., la psychologie moderne a-t-elle seulement pu se rapprocher d’une synthèse pour saisir l’homme dans son entité ou plus exactement, le mystère de chaque homme?

Ainsi, pour entreprendre l’étude de la personnalité, le jugement de valeur nous apportera peut-être une nouvelle dimension.

Les logiciens se placent exclusivement, pour le jugement de valeur, au sens abstrait et le considère comme la fonction essentielle de l’intelligence, c’est-à-dire, de la faculté de juger.

À la suite du jugement de réalité, le jugement de valeur nous permet d’apprécier ce que vaut tel procédé, ou telle forme de connaissance, ce que vaut tel ou tel acte, tel ou tel mode de conduite.

La théorie des valeurs se fondera sur l’axiologie qui englobe l’épistologie et la gnosiologie ainsi que la morale. On observera que ces disciplines n’énoncent plus des lois au sens scientifique du terme, mais bien des normes, des règles qui prescrivent ce qui doit être.

 

* à suivre *

 

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