PHILOSOPHIE - Émotion Et Sa Compréhension Au Niveau Physiologique, Psychologique Et Social - 3ième partie
Émotion
Si la conception de W. James nous a
fait pénétrer un peu plus loin dans le domaine mystérieux de l’affectivité, la
clef qu’il en propose n’ouvre pas toutes les portes. Trouverons-nous
l’explication adéquate dans la théorie sociologique formulée en particulier par
M. Charles Blondel?
Les formes supérieures de l’affectivité,
celles qui manquent à l’animal – en particulier, les sentiments altruistes, les
sentiments esthétiques et les sentiments religieux – dépendent étroitement de
la société. Nous l’avons bien reconnu : l’amour filial et même le besoin d’émotions
qui rend le risque hallucinant, nous en avons attribué l’apparition de
l’influence de la collectivité. Encore faut-il que l’individu ait le pouvoir
naturel d’acquérir ces formes d’affectivité que la société développe et qu’elle
ne fera jamais apparaître chez l’animal.
Mais c’est dans toutes les émotions,
dans celles-là même qui dépendent du vouloir-vivre, que ‘. Ch. Blondel discerne
l’influence de la société. Vivant en groupe, nous devons manifester nos
sentiments, et la mimique par laquelle nous les extériorisons nous est imposée
par notre milieu. Nous trouvant ensuite seuls, nous continuons, par suite de
l’habitude, à produire ces signes de nos états intérieurs, et en les produisant
nous les renforçons, provoquant ainsi de véritables émotions. Ainsi lorsque, dans
mon lit, je me faisais ce récit affolant des exploits du cambrioleur, je me
comportais comme je l’aurais fait en présence de mes parents à qui je racontais
mes espoirs et mes craintes; si, après la mort de mon grand frère, j’avais une
allure lasse, c’est qu’un pas guilleret eût choqué mon milieu. La collectivité
impose une attitude et l’affectivité n’est que la conscience de cette attitude.
On explique ainsi nombre de sentiments. On n’explique pas la véritable émotion
et la passion qui nous amènent à faire fi du code social. La théorie
sociologique ne nous donne pas, plus que les autres, le dernier mot de
l’affectivité.
Quel est, en définitive, le facteur
essentiel de l’affectivité? De la critique des théories proposées par les
psychologues, les deux conclusions suivantes semblent ressortir :
Si nous nous en tenons aux états
affectifs forts, comme l’émotion, il semble bien que leur élément fondamental
est constitué par les troubles organiques.
Si, au contraire, nous considérons
les états affectifs faibles, appelés ordinairement sentiments, les
modifications organiques qui peuvent les accompagner ne sont qu’un phénomène
accidentel; l’essentiel c’est le plaisir ou le déplaisir qui suit immédiatement
la représentation. Quant à la théorie sociologique, elle nous explique
l’origine de certaines représentations et de certaines attitudes corporelles
associées aux états affectifs : pour expliquer la nature de l’émotion
proprement dite, il faut recourir à une des deux autres théories.
* à suivre *
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