PHILOSOPHIE - La Mort - 9ième partie
Bossuet, pour faire revivre ses personnages, se fera historien véridique, biographe bien informé, psychologue pénétrant. Son informateur est ample et solide. Ses héros ont presque tout tenu un premier rôle ou occupé un haut rang, ils appartiennent à l’histoire. Bossuet les replacera dans le cadre des événements généraux et de la société de leur temps. Pour Henriette de France, femme de Charles Ier, c’est un tableau magistral de la Révolution d’Angleterre. Pour peindre la femme, il demande à Mme de Motteville qui l’avait bien connue un mémoire sur la vie et le caractère de cette reine. Pour faire connaître la Princesse Palatine, il étudie les écrits, les lettres qu’elle a laissés, il cite en chaire les documents sur lesquels son éloge est fondé. De même, mieux on connaît le temps de la Fronde, plus on admire la vérité de l’oraison funèbre de Le Tellier. Pour Condé, qu’il connaissait bien personnellement, il s’est informé avec soin de l’histoire de ses campagnes en compulsant les archives du Prince et il reproduit les détails notés par ses officiers généraux, annotés par Condé lui-même. On sait aussi comment il a rappelé intrépidement sa défection et sa rébellion. « Il ne se sentit pas le droit de taire un épisode si principal de la vie du Prince, et, en en parlant, de l’excuser ou de ne la condamner qu’à demi… Il condamne le prince par la bouche même du prince : s’il compensa la grandeur par la profondeur du repentir, est-ce une flatterie ou une idée chrétienne? » (Lanson).
Mais le but de Bossuet c’est avant tout l’instruction des fidèles et leur édification. Il veut instruire ceux qui l’écoutent des vérités du salut, donner une leçon chrétienne. Ces leçons ne sont pas factices. Il est bien évident que, si l’esprit humain se prend instinctivement à réfléchir sur la Puissance mystérieuse qui mène les hommes et conduit le monde, c’est surtout dans les grands bouleversements politiques et sociaux qu’on appelle les révolutions : or la mort de Charles Ier et la révolution d’Angleterre, qui renversa la fortune de la reine Henriette étaient des événements encore tout proches. Ils devaient frapper fortement l’imagination de son auditoire. La mort, scandale de la raison, l’est plus encore, quand elle enlève un être jeune et beau, qui semble promis au bonheur. L’exemple d’Henriette d’Angleterre devait émouvoir tous les cœurs.
* à suivre *
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