PHILOSOPHIE - La Mort - 1ère partie
Expérience Occidentale de l’Individu
« Il restera sans doute décisif pour
notre culture que le premier discours scientifique tenu par elle sur l’individu
ait dû passer par ce moment de la mort.
C’est que l’homme occidental n’a pu
se constituer à ses propres yeux comme objet de science, il ne s’est pris à
l’intérieur de son langage et ne s’est donné en lui et par lui une existence
discursive qu’en référence à sa propre destruction :
De l’expérience de la déraison sont
nées toutes les psychologies et la possibilité même de la psychologie;
De la mise en place de la mort dans
la pensée médicale est née une médecine qui se donne comme science de
l’individu.
Et d’une façon générale,
l’expérience de l’individualité dans la culture moderne est peut-être liée à
celle de la mort :
Des cadavres ouverts de Bichat à
l’homme freudien, un rapport obstiné à la mort prescrit à l’universel son
visage singulier et prête à la parole de chacun le pouvoir d’être indéfiniment
entendue;
L’individu lui doit un sens qui ne
s’arrête pas avec lui.
Le partage qu’elle trace et la
finitude dont elle impose la marque nouent paradoxalement l’universalité du
langage à la forme précaire et irremplaçable de l’individu. (Foucault 1963
:201).
Suivant le principe de Bichat : « la
vie est l’ensemble des fonctions qui résistent à la mort », exprime une
trivialité, mais le caractère non trivial de la vie, qui est de recommencer à
chaque instant une victoire sur la mort.
De cette phrase nous pouvons dégager
deux idées : (E.M.)
Tout ce qui fait vivre fait
survivre. Les qualités qui ont permis le développement et l’épanouissement de
la vie ont toutes eu en même temps vertu de lutte contre la mort. C’est la même
organisation qui à la fois nous fait « jouir » de la vie et combat la mort.
L’opposition de la vie à la mort
recouvre très exactement l’opposition du biologique au physique – la mort est
l’ensemble des contraintes et désordres proprement physiques qui ruinent
l’organisation biologique et la réduisent en micro-organisations
physico-chimiques dispersés. La mort ne concerne pas les constituants physiques
de l’être vivant, qui se transforment, se déparent, se dispersent. La mort
n’atteint pas la matérialité physique du vivant. Elle n’atteint que
partiellement l’auto-éco- ré-organisation biologique. Ce qui est
irrémédiablement frappé, c’est l’individu-sujet. La mort ne lui laisse aucun
recours, aucun résidu (DIXIT).
* à suivre *
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