PHILOSOPHIE - L'Hystérique


L'Hystérique

Le comportement mythomaniaque ne joue pas le même rôle dans les différentes structures mentales. En effet, la structure mentale est l’organisation sous-jacente à la personnalité, c’est-à-dire à la manière dont l’individualité veut être reconnue comme humaine. Par opposition à la personnalité, toute descriptive, la structure mentale est « déductive » des traits de personnalité, du sens des symptômes. En effet, le comportement mythomaniaque n’a pas la même vocation dans la structure hystérique, la structure psychopathique ou la structure de la débilité mentale.

Classiquement, la personnalité hystérique est abordée d’une manière descriptive : suggestibilité, théâtralité, érotisation des relations, immaturité affective en relation avec une insécurité perpétuelle. Or il nous paraît pourtant plus intéressant de parler non de l’hystérie en tant qu’entité clinique, mais de l’hystérique et de son discours inconscient porteur d’une interrogation : comment être un homme? Comment être une femme? Cette interruption est ici l’expression d’une faille narcissique. L’hystérique a le fantasme de n’avoir pas assez été aimé; il demeure marqué de l’incomplétude (voire du rejet) du désir de sa mère. Son identité sera donc précaire et d’ailleurs redoutée. La mythomanie aura là son rôle thérapeutique. La confrontation au miroir est confrontation à son insignifiance. Pour l’hystérique, son image est impropre à retenir le regard de l’autre. Il se cherche dans ce regard, essayant d’être cet objet idéal conforme à celui qu’il pressent au lieu du désir de l’autre. Ce trouble de l’identification, tant narcissique que sexuel, va amener l’hystérique à afficher un personnage, à jouer un rôle, répondant ainsi à la nécessité d’éviter toute rencontre authentique avec autrui. N’ayant pas d’identité vraiment bien établie, il se sent obligé de vivre par substitution : d’où la théâtralité et une dramatisation permanente de l’existence. Être remarqué est nécessaire : excès de langage, goût vestimentaire extravagant, vie qui apparaît à l’autre comme un véritable roman. Cet histrionnisme, où tout est mis en œuvre pour attirer et pour plaire, implique une certaine plasticité du personnage, qui change de rôle en fonction des auditeurs, sans s’en rendre d’ailleurs véritablement compte.

Chez l’hystérique se retrouve l’agencement romanesque des projections inconscientes, spécifiques à la mythomanie. La mythomanie hystérique est plutôt une tendance qu’un style complet d’existence. Il s’agit avant tout d’accrocher l’autre plutôt que de construire un roman et de s’en servir. L’autre est indispensable à l’établissement d’une identité vacillante; la solitude renvoie l’hystérique à ce qu’il croit être son insignifiance, d’où le risque suicidaire quand l’hystérique se retrouve seul. Pris dans son imaginaire, il éprouve parfois des difficultés réelles à faire la part du vrai et du faux, des fantasmes et de la réalité. La faille narcissique est colmatée par le mensonge; la satisfaction imaginaire permettant un semblant de satisfaction réelle, elle le met en quelque sorte à l’abri du délire. L’hystérique se sert avant tout de sa tendance mythomaniaque pour retenir l’autre, non pour l’abuser véritablement.

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