PHILOSOPHIE - Le Psychopathe


Le Psychopathe

Tout autre est la place de la mythomanie dans le monde psychopathique. Pour le psychopathe, ou déséquilibré mental, le comportement mythomaniaque est un moyen et non une fin en soit comme chez l’hystérique. Pour lui, tout échange – et l’échange langagier n’échappe pas à la règle – est régi par une loi qui n’est que violence, qui n’est que représentante de la mort. Le psychopathe est né et vit dans le monde dur du « chacun pour soi », où chaque individu est trop occupé à démêler ses propres difficultés pour s’intéresser à celles des autres. Monde de l’insécurité où la loi est celle du plus fort. Malgré son désir de rencontrer l’amour et l’amitié, chaque relation dégénère vite en affrontement; fort de sa soif d’authenticité, de vivre une relation d’ « homme à homme », il se sent forcé par l’autre à être vicieux. Les troubles du comportement sont le résultat de ce sens vicié de l’existence, troubles où l’impulsivité est rarement absente et qui amènent fréquemment le psychopathe à avoir des démêlés avec la justice (bagarres, menaces, escroqueries, vols, réactions homicides ou alcoolisme pathologique).

Le psychopathe est constamment mythomaniaque; l’enjolivement de son vécu, sa modification fallacieuse n’a pour objet unique que l’obtention de bénéfices pratiques, le plus souvent de façon efficace, tant son charme est opérant. Ici, l’acte mensonger n’engage que très peu celui qui l’exécute, mais vise surtout à détruire le protagoniste. Ainsi, alors que le mythomane hystérique signera une lettre d’une pseudonyme afin d’avoir une réponse, le psychopathe, lui, n’attend pas de réponse, il attend un résultat. L’acte mensonger, s’il obéit à des motivations inconscientes, est un acte conscient, délibéré, que certains auteurs ont qualifié de perversité pathologique.

Citons l’escroc qui invente des histoires, se fait passer pour un personnage important. Son objectif est de duper, mais aussi d’abuser les autres. Il exploite sa victime et en est le bénéficiaire dans la réalité; alors que le mythomane hystérique est le bénéficiaire de l’imaginaire et, en dernier lieu, la victime, car il doit ou fuir ou se faire démasquer.

Enfin, le mensonge du Débile.Le débile mental, quant à lui, ne tire avantage de ses fables ni au regard de la réalité ni au regard de l’imaginaire. Il apparaît perdant sur toute la ligne. Son discours est pauvre en quantité comme dans son contenu : la métaphore est ici inintelligible : elle est confrontée aux relations existant entre organisation libidinale (ou affective) et fonctions cognitives (ou intellectuelles). La déficience mentale c’est d’abord une situation forgée et vécue par le sujet, mais c’est aussi un trouble de la connaissance et un monde original de communication. C’est une psychopathologie du manque, notamment au niveau de l’intellect, de la connaissance, du savoir et du jugement… et qui dit mieux à propos du mensonge?

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