Au Compte-goutte - Mieux Comprendre Les Politiques Sociales, D'Hier à Aujourd'hui, 43ème Partie


La sécurité sociale permet déjà d’intégrer « aptes » et « inaptes » au travail dans une perspective commune. Quant à la sécurité du revenu, elle ne connaît plus que le travailleur : le travailleur de demain « enfants », les travailleurs potentiels ( femmes, handicapés physiques, chômeurs chroniques ), le travailleur d’hier (le retraité) ainsi que les reproductrices de travailleurs (les mères). On s’efforcera donc de rendre la catégorie « travailleur » aussi universelle que possible. Si certaines personnes ne sont pas économiquement rentables selon les critères du marché, on tâchera autant que possible de les occuper, en leur créant des emplois (communautaires sur mesure).
À mesure que l’économique prend le dessus sur la politique et le social, la politique sociale perd progressivement sa spécificité sociale. Au plan concret, l’évolution idéologique ne peut conduire qu’à un décloisonnement de plus en plus poussé du social et de l’économique, à une intégration pure et simple des mécanismes sociaux aux mécanismes proprement économiques, notamment le marché du travail et la fiscalité. La sécurité sociale se diluera donc de plus en plus au sein de l’appareil d’État.


Cette dernière constatation est fondamentale pour nous.  Nous recherchons les fonctions du système de sécurité sociale. Celles-ci sont forcément intimement liées aux fonctions que remplit l’appareil d’État dans notre société.

Quant à savoir si cette évolution représente un progrès vers l’idéal socialiste ainsi que certains le disent, notre examen de l’idéologie nous indique qu’elle conduit sans doute à une intervention accrue et plus diversifiée de l’État, notamment dans le domaine économique, mais qu’elle est conçue dans le but de maintenir en place le système économique existant.

L’évolution idéologique, et c’est là le principal effet de la sécurité sociale idéale, se charge de créer l’illusion du changement radical du système économique. Le système concret de sécurité sociale, à l’image de l’appareil d’État, se chargera notamment d’aménager de façon toujours plus perfectionnée la solidarité des citoyens, c’est-à-dire la cohésion de la société, dans un contexte capitaliste, c’est-à-dire essentiellement fondé sur la libre concurrence, le chacun pour soi. La sécurité sociale jouerait donc un rôle important non pas dans l’élimination mais dans l’aménagement des contradictions inhérentes aux sociétés capitalistes.

Il importe donc maintenant, d’aborder la question sous l’angle de l’appareil d’État, de son rôle dans la société, et des multiples techniques auxquelles il peut avoir recours pour utiliser la sécurité sociale à ses fins. Nous avons analysé la sécurité sociale « telle qu’on l’imagine »; il nous reste maintenant à analyser la sécurité sociale telle que l’État la pratique. Ce sera l’objet de la deuxième partie.

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