Au Compte-goutte - Mieux Comprendre Les Politiques Sociales, D'Hier à Aujourd'hui, 37ème Partie
Ayant ainsi
identifié les facteurs qui sont censés influer sur le niveau du revenu, on peu
presque imaginer sans hésitation la nature des divers éléments d’une politique
de sécurité du revenu : une place spéciale à l’instruction (p.127) et aux
programmes de recyclage des adultes et de mobilité de la main-d’œuvre (p.128)
de meilleurs services de garde des jeunes enfants
, puisqu’ils permettraient non seulement de régler le problème des familles dont
le chef est une femme, mais également d’améliorer le sort des familles à
faible revenu ayant pour chef un homme dont l’épouse ne demanderait pas mieux
que d’accepter un travail rémunérateur si elle en avait la possibilité (p.129) etc…
Mais
la politique de sécurité du revenu ne s’arrêtera pas évidemment à ces seuls
programmes de main-d’œuvre. On reconnaîtra par exemple qu’il existe des
familles à faible revenu où, pour une raison quelconque, personne n’est en
mesure de travailler (p123). En pareil cas, une stratégie d’emploi ne
serait évidemment pas appropriée. On reconnaîtra donc que les mesures d’aide
sociale, les mesures qu’on rebaptise désormais mesures de maintien du revenu,
auront encore leur raison d’être après l’avènement de la sécurité du revenu.
Mais on est tellement préoccupé par la question de productivité, qu’on revient
aussitôt au cas des familles où le gain est insuffisant, ou encore, où il
existe un potentiel inexploité de gain :
« Dans
le cas des familles à faible revenu où, pour une raison quelconque, personne
n’est en mesure de travailler et qui, par conséquent, doivent compter sur des
prestations de l’État, la politique d’aide est, en un sens, relativement
simple. Il s’agit, en somme, de déterminer quel montant verser. La situation est
plus compliquée lorsque la famille gagne effectivement quelque argent, mais pas
suffisamment, ou lorsqu’il y a un potentiel inexploité de gain. » (P123).
Ayant
ainsi glissé rapidement sur le deuxième cas, celui des familles où
il n’existe pas de possibilité de gain provenant du travail, et étant revenu
subito au premier cas, le cas « général », on est en mesure de tout
résumer en énonçant le principe fondamental de toute politique de sécurité du
revenu, à savoir aider les personnes à s’aider elles- mêmes :
« Toutes
choses égales d’ailleurs, il vaut toujours mieux aider les personnes à s’aider
elles -mêmes, les placer dans une situation où elles pourront relever leur
revenu de façon permanente grâce à certaines mesures comme les programmes de
formation et de mobilité de la main-d’œuvre, ou exploiter leur potentiel
inutilisé de revenu (à la condition qu’il ne s’agisse pas de sacrifier un
revenu futur à un gain immédiat comme serait le cas si on insistait les jeunes
à abandonner l’école secondaire afin d’ajouter au revenu familial). » (Ibid.) (p. 123)
Cette
formule, « aider les personnes à s’aider elles-mêmes »,
revient comme un leitmotiv déjà dans le texte du Conseil économique, et nous le
retrouvons dans tous les textes subséquents traitant de la sécurité du revenu.
Voilà en effet la formule élégante qu’on a inventée pour dire qu’il est urgent de
mettre au travail sans délais les pauvres, et tous les autres dont
le potentiel de revenu est insuffisamment exploité. Voilà également
comment on réussit à nous faire accepter que la sécurité sociale cesse d’être
avant tout un moyen de maintenir le revenu et se transforme en un vaste
système de gestion de la main-d’œuvre. En effet, nous dit-on en conclusion, il
semble raisonnable de dire que, dans le passé, la politique sociale du Canada a
visé plutôt aux moyens de maintenir le revenu et que ce n’est que récemment
qu’elle a été fortement orientée vers l’objectif plus difficile d’aider les
personnes à faible revenu à améliorer leur sort par leurs propres moyens. (Ibid.) (p.124)
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