Au Compte-goutte - Mieux Comprendre Les Politiques Sociales, D'Hier à Aujourd'hui, 30ème Partie
Ces
idéologies ayant été élaborées en référence avec un même contexte
socio-économique, il est inévitable qu’on y retrouve de nombreux éléments communs.
Ainsi la théorie créditiste postule que le niveau de développement
technologique atteint par les sociétés capitalistes avancées permettrait
d’instaurer immédiatement une société de l’abondance et du loisir, pour peu que
les mécanismes capitalistes de production ne soient pas entravés ni même
faussés, notamment par le rôle néfaste des financiers. Or un tel postulat n’est
pas très éloigné des diagnostics keynésiens, (qui reconnaissaient notamment
que les mécanismes du marché étaient faussés entre autre par suite du parasitisme
des financiers) ni d’un postulat implicite fondamental de la sécurité
sociale puisque celle-ci est censée permettre à tout citoyen sans exception de
toucher sa part des fruits du progrès.
À
l’instar de l’idéologie de la sécurité sociale, l’idéologie créditiste proclame
elle aussi que tous les citoyens doivent pouvoir bénéficier de cette
surabondance de biens et de loisirs.
Pour
atteindre cet objectif, elle préconise une re-distribution de la richesse
collective à l’aide de techniques simples, d’ordre essentiellement monétaire, à
savoir le dividende national qui doit être distribué aux consommateurs
ou encore les subsides qui doivent être versés aux entreprises afin de leur
permettre de réduire leurs prix.
Comme
nous le savons, c’est sur ce point que la théorie créditiste est la plus
faible. Lorsque, encore aujourd’hui, on demande aux créditistes où l’État
puisera l’argent nécessaire au versement de ce dividende national,
certains répondent encore qu’il lui suffirait d’imprimer des billets de banque
additionnels, puisque c’est lui qui contrôle l’émission de la monnaie. Certes
il est naïf de croire que l’État peut à sa guise imprimer des billets de banque
additionnels, au gré de ses besoins. Et les créditistes comprirent vite qu’il
valait mieux ne pas trop débattre cette question. Ils prétendirent donc qu’il
n’appartenait pas au citoyen ordinaire, ni même au politicien de concevoir
techniquement la solution mais bien aux experts.
Mais
par-delà la naïveté des mécanismes de re-distribution que la théorie créditiste
pouvait imaginer, il importe de souligner que l’idée d’une redistribution
à l’aide de mécanismes d’ordre monétaire était loin d’être farfelue. Et
ce n’est pas sans raison que les créditistes n’ont cessé de proclamer que le
développement même des mécanismes de sécurité sociale depuis les années 30
apportait la preuve que ce qu’ils préconisaient était parfaitement réalisable.
D’ailleurs, les propositions actuelles relatives à un impôt négatif n’en
apportent-elles pas la démonstration éclatante?
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