Au Compte-goutte - Mieux Comprendre Les Politiques Sociales, D'Hier à Aujourd'hui, 29ème Partie
Les antécédents
Si
l’accession de la sécurité du revenu au rang des idéologies dominantes
constitue un phénomène politique récent dans notre société, cette idéologie a
tout de même des racines qui remontent assez loin dans l’histoire des sociétés
capitalistes. D’abord, l’idée d’un revenu garanti à tout citoyen, du seul fait
qu’il est citoyen, est déjà contenue dans l’idéologie de la sécurité sociale,
ainsi que nous avons déjà pu le constater. Il n’y a pas de différence
substantielle en effet entre la redistribution d’un certain revenu sous
forme de prestation sociale ou encore de transfert social, et la
même redistribution par le biais d’un « impôt négatif » ou d’une autre technique analogue, ainsi
qu’on prétend le faire dans le cadre de la sécurité du revenu.187 À cet égard, nous devons donc considérer
l’idéologie de la sécurité du revenu comme une excroissance de l’idéologie de
la sécurité sociale plutôt que comme une rupture par rapport à celle-ci. C’est
donc dans l’idéologie de la sécurité sociale elle-même qu’il faut chercher les
racines de l’idéologie de la sécurité du revenu.
Nous
ne saurions ignorer non plus les nombreuses analogies qui existent entre cet impôt
négatif, et par voie de conséquence, entre les transferts sociaux
eux-mêmes, d’une part et le dividende national préconisé par la théorie
du Crédit social dès ses origines, c’est-à-dire dès le début des années 20,
d’autre part. 188 Or il n’est
pas utile de nous arrêter quelque peu sur ce qui nous amène ainsi à faire un
rapprochement entre l’idéologie du crédit social et les idéologies de la
sécurité sociale et de la sécurité du revenu.
D’abord,
soulignons qu’on peut situer les origines tant de l’idéologie de la sécurité
sociale que celle du crédit social dans un même contexte, à savoir le
contexte particulier qui prévalait en Grande-Bretagne pendant l’entre deux guerres.
A vrai dire, c’est l’ensemble du système capitaliste mondial qui connut une
crise larvée pendant cette période, la grande crise des années 30 n’étant que
l’aboutissement de cette crise larvée.
Mais cette crise larvée était plus ou moins apparente selon les pays.
Elle était tout particulièrement apparente en Grande-Bretagne puisque, entre
autres symptômes, le taux de chômage s’y maintint à un niveau anormalement
élevé pendant à peu près toute la période.
C’est
donc dire que pendant toutes les années 20, les Britanniques cherchèrent et
expérimentèrent les divers moyens de réaliser le plein emploi. C’est ce
qui explique, en partie, que les Britanniques aient eu un certain nombre de
coudées d’avance sur leurs alliés des autre pays capitalistes, lorsque se
déclencha la grande crise, et que les modèles qu’ils avaient élaborés
aient pu influencer sinon inspirer la plupart de ces autres pays capitalistes.
Or parmi ces modèles, nous devons certes inclure la révolution keynésienne
et l’idéologie de la sécurité sociale qui en est issue, mais aussi l’idéologie
du crédit social qui est apparue pendant les années 20 et qui, comme
l’idéologie de la sécurité sociale, a connu son plein épanouissement dans les
années 30.
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