Au Compte-goutte - Mieux Comprendre Les Politiques Sociales, D'Hier à Aujourd'hui, 22ème Partie


Grâce à cette discipline du travail, la société sera assurée que toute personne qui peut travailler et dont on a besoin travaillera effectivement. Inversement, le travail assurera de la sorte à chacun, individuellement, les revenus nécessaires à sa subsistance. La sécurité sociale implique en effet un salaire individuel, par opposition à la notion de salaire familial qui prévalait du temps où la solidarité familiale avait encore quelque pertinence (le revenu de soutien de famille devait suffire, compte tenu des charges familiales). 171 Il ne saurait plus être question par exemple que le salaire de l’homme soit plus élevé que celui de la femme, de façon que l’homme puisse entretenir sa femme, ainsi que ses enfants. Hommes et femmes seront également tenus de travailler, compte tenu des besoins du marché, et abstraction faite des excemptions (congé de maternité par exemple). Le critère de citoyenneté ne tenant pas plus compte du sexe des personnes que d’autres caractéristiques personnelles des individus, 172 hommes et femmes seront identiques aux yeux de la société, et ils toucheront des revenus égaux, indifférenciés, que ces revenus proviennent du travail, ou de la sécurité sociale dans les cas où ils seront dispensés de travailler.

De fait, comme système de gestion de la main-d’œuvre, le système de sécurité sociale idéal devra être étroitement articulé au marché du travail c’est-à-dire à toutes fins pratiques au système de production, au système économique. Nous avons déjà vu que la sécurité sociale était indissociable du système fiscal global. Nous constatons maintenant que la sécurité sociale ne peut être construite sur une logique distincte de la logique économique, contrairement à ce que la vision humanitaire tend à nous faire croire; la sécurité sociale idéale doit être partie intégrante d’un des mécanismes économiques les plus fondamentaux, à savoir le marché du travail. Du point de vue de la société, la meilleure façon d’assurer le bien-être d’un citoyen apte au travail, ce sera bien sûr de lui permettre d’exercer son activité productive d’une quelconque façon. La sécurité sociale idéale s’articulera donc normalement sur cette idée que nous avons déjà rencontrée et selon laquelle seule une vie laborieuse est une vie normale. Concrètement, cela pourra se traduire par l’idée souvent avancée par les ministres responsables de la sécurité sociale, que le meilleur système de sécurité sociale est encore celui qui assure le plein-emploi des citoyens aptes au travail. Nous devrons donc considérer les politiques économiques dont l’objet est de réaliser le plein-emploi, de même que les instruments de la politique économique (programmes de création d’emplois, subvention aux entreprises, développement régional) comme partie intégrante de la stratégie de sécurité sociale. Nous constatons donc une fois de plus qu’il ne saurait y avoir de frontière étanche entre l’économique et le social. 

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