Au Compte-goutte - Mieux Comprendre Les Politiques Sociales, D'Hier à Aujourd'hui, 11ème Partie


Problème social : problème politique
D’abord, chacun sait que les personnes qui sont victimes d’un problème de bien-être peuvent facilement constituer une menace pour la paix sociale, pour peu qu’elles soient abandonnées à elles-mêmes. Contrairement à ce que suggèrent de nombreux idéologues, point n’est besoin que ces victimes aient conscience de classe développée, une conception marxiste de société, c’est-à-dire encore, une approche violente des rapports sociaux pour constituer une telle menace pour la paix sociale. Il suffit en effet que la situation personnelle soit à ce point détériorée qu’ils échappent aux mécanismes habituels de régulation sociale et développement plus ou moins consciemment une attitude délinquante. Puisque le respect de règle de la société ne leur apporte aucun avantage tangible, que risquent-ils de perdre s’ils cherchent à s’en tirer autrement?

On constate que cette attitude potentielle de révolte de la part des personnes les plus défavorisées de notre société, si elle est de nature à perturber l’ordre sociale, ne constitue en aucune façon une attitude politique. Ce n’est que lorsque ces personnes procèdent à une analyse systématique de leurs problèmes et constatent que les mécanismes fondamentaux de notre société en sont la cause première, puisque ces mécanismes les défavorisent systématiquement, qu’elles peuvent développer une attitude franchement politique et consciemment revendicative. Mais toutes n’ont pas les moyens d’atteindre un tel degré de conscience politique, soit parce que la route qui y conduit est longue et exigeante, soit parce que ceux qui n’ont pas intérêt à ce qu’elles y parviennent ne manqueront pas d’y ériger de nombreux obstacles. 

Mais même ceux qui subissent de graves problèmes de bien-être ne sont pas conscients que leurs problèmes sont de nature politique et ne les posent donc pas en ces termes, ils n’en constituent pas moins pour autant un problème d’ordre politique pour ceux qui détiennent le pouvoir. Tout désordre social traduit en effet non seulement une forme de rébellion contre l’autorité mais aussi une remise en question de l’ordre social établi. C’est la première façon par laquelle ce qui, pour les uns, c’est-à-dire un problème politique, pour tous les autres qui à tort ou raison s’estiment satisfaits de l’ordre établi. On ne doit donc pas se leurrer : le problème étant essentiellement politique pour ceux qui détiennent le pouvoir et qui ont tout intérêt à maintenir l’ordre social établi, la politique sociale qu’ils adopteront éventuellement sera elle aussi d’abord et avant tout d’essence politique.

Les moyens dont disposent ceux qui ont le pouvoir pour régler de tels problèmes sociaux sont multiples. A la limite, le problème étant essentiellement politique à leurs yeux, ils peuvent s’estimer suffisamment forts pour ignorer le problème de bien-être qui est à l’origine du malaise social et écraser impitoyablement toute manifestation de délinquance ou même simplement toute velléité de délinquance ou rébellion. On n’élimine guère le problème de bien-être mais on réussit néanmoins, au moins pour un temps, à éliminer le problème politique qu’il suscitait.   

C’est là la manière forte. La méthode répressive, la manière autoritaire et donc de ce fait foncièrement anti-démocratique, une manière également violente, puisque ce sont les individus qu’on choisit de violenter plutôt que de chercher à réaménager les structures sociales de façon plus ou moins acceptable. Les exemples sont nombreux de société où on a eu recours de façon extensive à cette manière forte.

De nos jours, sous l’influence conjuguée d’auteur tel Soljenitsyne d’accord internationaux tels ceux d’Helsinki sur la coopération et la sécurité européennes, de mouvement tel celui des dissidents en U.R.S.S., et de tout le battage publicitaire dont on entoure chacun de ces phénomènes, nos yeux se tournent spontanément du côté des pays qui se réclament du marxisme et du communisme. Haro sur le monstre soviétique et sur tous ceux qui se réclament d’une idéologie apparentée pour contester l’ordre capitaliste, et vive le capitalisme socialisé, le seul qui soit vraiment respectueux de la dignité humaine.

Mais nous devons prendre garde de ne pas juger trop hâtivement. Les sociétés qui se réclament du marxisme ou du socialisme ne sont pas les seules à avoir usé de la manière forte de façon aussi brutale. Des sociétés très capitalistes, et non des moindres, se sont elles aussi signalées par leurs méthodes totalitaires. Nous ne pouvons oublier non plus que certaines de ces sociétés capitalistes se sont même réclamées d’un certain catholicisme social alors même qu’elles écrasaient brutalement et même sauvagement tous les ennemis potentiels du régime. Nous ne pouvons oublier le cas de l’Italie fasciste, avec laquelle l’Église catholique a entretenu des rapports quelque peu douteux, ou encore l’Espagne de Franco, le Portugal de Salazar ou les nombreux régimes dictatoriaux de l’actuelle Amérique du Sud  

Enfin, plus près de nous, nous ne pouvons oublier que dans notre société même, des mécanismes de répression existent qui ont entre autres pour mission de contrôler et au besoin de prendre en main les cas les plus durs de déviance. Certes, ce n’est pas uniquement parce que notre société présente de graves déficiences en matière de bien-être, que certains individus développent un comportement délinquant. Notre société n’est pas totalitaire non plus, puisque tous les délinquants potentiels ne sont pas automatiquement déférés au système de sécurité publique; notre société reconnaît notamment un certain droit à la dissidence à ses membres. Mais il n’en demeure pas moins que la répression joue un rôle important dans l’élimination politique de certains problèmes sociaux, ici même, dans notre société très démocratique.

Ce qui paraît caractériser ce premier type de solution politique des problèmes sociaux, ce serait donc son caractère franchement politique. Les détenteurs du pouvoir reconnaissent la nature essentiellement politique du problème, et ils y appliquent une solution ouvertement politique. Pour qu’ils recourent à une telle solution, il faut d’abord qu’ils s’estiment assez forts, assez puissants, politiquement et physiquement, pour l’appliquer. Il faut également qu’ils acceptent comme un fait accompli et irrémédiable, la rupture entre eux-mêmes et ceux qui constituent, du fait de leurs revendications, une menace pour l’ordre établi. Leur solution ne consiste donc pas tant à punir ces personnes par suite d’une faute qu’elles auraient commise, mais bien de à protéger la société contre leur influence néfaste. Leur objectif est d’éliminer, physiquement ou autrement, tous ces mauvais éléments qui polluent ou risquent de polluer le corps social. On voit bien qu’il s’agit d’abord et avant tout d’une mesure sociale, au sens strict du mot, et non d’une mesure individuelle … une punition… par laquelle on espérait amender le comportement d’un l’individu. La condamnation de l’individu à la prison, au camp de travail ou encore à l’exil ne fait donc que consacrer formellement cette rupture, mais elle est sensée signifier concrètement l’élimination définitive de ceux qui font problème. Car la rupture ne peut être définitive : comment ceux qui ont été exclus pourraient-ils d’eux-mêmes, en s’amendant, réintégrer le corps social? De même qu’ils ont été exclus par ceux qui détiennent le pouvoir, de même ne pourront-ils éventuellement réintégrer la société que par une décision de ceux qui détiennent le pouvoir : à la condamnation doit donc nécessairement correspondre la réhabilitation, celle-ci n’étant guère automatique au terme de la peine. Il apparaît donc inévitable que le nombre des exclus aille toujours croissant, au fur et à mesure que le temps passe. Ce type de solution ne peut donc conduire qu’à une impasse, à long terme, sans compter qu’elle est de nature à entretenir et même à envenimer l’opposition entre les détenteurs du pouvoir et les dissidents potentiels.

L’autre méthode dont disposent les détenteurs du pouvoir pour régler politiquement les problèmes sociaux auxquels ils sont confrontés, est beaucoup plus nuancée et beaucoup plus subtile. Cette méthode est évidemment celle de la politique sociale, selon le sens qu’on attribue spontanément à cette expression. Mais nous sommes maintenant en mesure de dégager certains des éléments qui caractérisent cette méthode.
D’abord cette méthode fait d’emblée appel à l’idéologie, pour désamorcer politiquement le problème, dans toute la mesure du possible. Ainsi on n’hésitera pas à reconnaître et même à mettre en évidence le caractère social, c’est-à-dire humanitaire du problème, ce qui est déjà une façon, de receler le caractère foncièrement politique du problème. Il s’agit là d’une manifestation particulière de cet effet disjoncteur de la sécurité sociale auquel nous avons déjà fait référence. En outre, on invoquera précisément cette présumée sensibilité aux problèmes humanitaires pour transmettre le message que point n’est besoin de s’affronter pour qu’une solution y soit apportée.  Ici l’idéologie du bien-être social, selon l’une ou l’autre de ses manifestations particulières, qui entre en action. Comme le dit si clairement André Pittre qui nous en donne une illustration, il serait beaucoup plus payant, à long terme, de rechercher une solution dans la concertation que dans l’affrontement. Les nantis ne demanderaient pas mieux que de partager leurs richesses avec les pauvres, en autant qu’on les laisse libre de donner.  
Le deuxième élément constructif de la méthode de la politique sociale est plus tangible. En effet, la politique sociale qui sera adoptée en conséquence de la reconnaissance sociale du problème de bien-être comportera indéniablement un avantage matériel, une part de concessions en faveur de ceux qui subissent le problème. Mais c’est ici que peut intervenir un deuxième type de mystification. En effet, dans la mesure où c’est le problème politique qu’il s’agit avant tout de résorber et non pas le problème de bien-être, l’ampleur des concessions sera mesurée par ces exigences politiques et non par l’ampleur du problème de bien-être. Ainsi, il est plus probable qu’une partie seulement des bénéficiaires potentiels, notamment les plus revendicatifs d’entre eux, profitent effectivement de ces avantages. Ou encore, on divisera ces bénéficiaires potentiels en de multiples… catégories administratives… créant de ce fait autant de programmes de façon à les affaiblir politiquement et à réduire l’ampleur des concessions qu’on devra ultimement leur faire…

Enfin, le troisième élément constructif de la méthode de la politique sociale est moins apparent, mais non moins réel. Il s’agit en effet de la dimension répressive, que l’examen de la méthode autoritaire nous a permis de mettre en évidence. Nous devons souligner toutefois que cette dimension répressive ne réside pas uniquement dans les éléments proprement répressifs de notre société, telle la police, ou le système judiciaire, ou le système pénitentiaire. La dimension répressive peut en effet être incorporée au sein même des mesures sociales particulières : en effet, les avantages ne sont accordés que sous certaines conditions, et le contrôle du respect de ces conditions permet du même coup d’exercer un contrôle sur les bénéficiaires eux-mêmes et leur imposer certaines peines en leur retirant tout ou en partie des avantages auxquels ils auraient normalement droit.

La méthode de la politique sociale déplace donc le problème du niveau politique au niveau idéologique, alors que la méthode autoritaire affronte le problème carrément sur le terrain politique. En outre la politique sociale opère la disjonction entre la dimension sociale et la dimension politique, alors que la méthode autoritaire, par sa brutalité, centre toute l’attention sur la dimension politique et tend même à l’exacerber. Enfin, dans la méthode autoritaire, c’est la dimension répressive qui est plus apparente, même si on ne néglige jamais totalement la dimension idéologique, tandis que cette dimension répressive se fait toute discrète dans la méthode de la politique sociale. Pour tous ces motifs, la méthode de la politique sociale tend à maintenir la cohésion sociale sur une base volontaire, consensuelle, par opposition à la méthode autoritaire qui cherche à maintenir cette cohésion sociale de force. C’est pourquoi on a souvent qualifié la méthode de la politique sociale de méthode démocratique. On ne doit toutefois pas se laisser leurrer : tant dans la méthode autoritaire que dans la méthode démocratique, l’objectif ultime et vraiment recherché est le même, il est d’ordre politique et non humanitaire.  

Au plan concret cependant, le choix de l’un ou l’autre type de solution n’est pas différent. Ainsi, dans la mesure où la solution de la politique sociale est beaucoup plus subtile, elle exigera aussi beaucoup plus de sophistication politique de la part de ceux qui souhaitent la contrer. Certains pourraient estimer en effet que compte tenu de la finalité ultime identique des deux types de solution, les victimes des problèmes de bien-être doivent elles aussi adopter une attitude franchement politique, renoncer aux avantages que comportent les politiques sociales et affronter ouvertement et directement les classes au pouvoir. Mais les choses ne seront pas aussi simples en pratique.    


Malgré le désir évident et louable d’adopter une ligne politique claire et nette en faveur des victimes et contre les classes dominantes, cette attitude peut comporter elle-même une part de mystification et conduire à des effets opposés recherchés. En effet, en déclarant ouvertement, et peut-être non sans forfanterie, la guerre aux classes dominantes, les victimes risquent de renforcer au sein de celle-ci la position des dures par rapport aux libéraux, si elles ont engagé la bataille sans que le rapport de force ne leur soit raisonnablement favorable au plan politique. Les faits leur donneront donc raison, et elles seront victimes d’une répression plus dure. Mais outre la vanité qu’elles peuvent en tirer de cette vérification de l’opposition irréductible de leurs intérêts avec ceux des classes dominantes, elles n’auront gagné dans la lutte… qui ne sera peut-être pas engagée autrement qu’en parole…aucune concession quant à l’amélioration de leur bien-être, et se retrouveront dans une situation politique beaucoup plus difficile si on considère le rapport des forces en présence.  Elles auront donc de fait reculé, sinon au plan matériel, tout au moins au plan politique.

C’est pourquoi on ne peut exclure la possibilité que certains groupements extrémistes ne soient noyautés ou téléguidés par les services de sécurité de la société. C’est pourquoi certains d’entre eux sont même ouvertement subventionnés par l’État ou par des organismes contrôlés par la bourgeoisie. Outre ces regroupements permettent d’identifier plus facilement les opposants les plus radicaux en leur servant de pôle de ralliement, leurs actions suicidaires profitent en définitive aux détenteurs de pouvoir précisément parce qu’elles sont suicidaires et provoquent un recul net des opposants potentiels.

En effet, ce radicalisme extrémiste néglige le fait que de nombreux sont les opposants potentiels qui sont victimes du piège idéologique que représentent les politiques sociales. Un long et patient travail de démystification s’impose donc, qui ne peut s’effectuer uniquement au plan théorique mais qui doit aussi passer par l’action. Un long et patient travail politique s’impose également. Mais plus que tout, le reproche majeur qu’on peut formuler à l’égard du radicalisme extrémiste concerne le peu de cas qu’il fait des avantages matériels que comportent indéniablement les politiques sociales existantes. Sous prétexte que ces avantages servent de base matérielle à la mystification idéologique, nombreux sont les extrémistes qui recommandent aux travailleurs par exemple d’en faire abstraction. Mais c’est oublier que l’ampleur des concessions incorporées aux politiques sociales est fonction du rapport de force qui prévalait lors de leur mise en place, et fonction du rapport de force qui n’a cessé de prévaloir depuis. En faire fi, c’est faire fi de toutes les luttes politiques passées. C’est aussi oublier que tout pas en avant au plan politique doit normalement se traduire par une amélioration de ces avantages et non pas d’une réduction.
X X X
Notre analyse nous a permis de constater que le concept de politiques sociales et tous les autres concepts qui lui sont associés, projettent une image quasi exclusivement humanitaire de la sécurité sociale. En fait ils servent à camoufler une réalité politique tout autre. Ils ont même un contenu de classe dans la mesure où ils véhiculent une idéologie qui ne peut être que celle des nantis, et dans la mesure où cette idéologie peut jouer un rôle important dans le maintien dans l’ordre social établi, dans le maintien du pouvoir des détenteurs actuels du pouvoir.

Nous avons constaté aussi que même si les politiques sociales concrètes ne sont qu’accordées aux victimes des problèmes de bien-être par ceux qui détiennent le pouvoir, elles n’en traduisent pas moins un certain rapport de force entre les uns et les autres. Les victimes n’ont peut-être pas le pouvoir de reconnaître socialement les problèmes, mais elles ont néanmoins le pouvoir de forcer les autres à les reconnaître et à y apporter certaines solutions. La part de concessions réelles que comportent les politiques sociales est en fonction du rapport de force entre les uns et les autres. Les victimes ont donc intérêt à s’organiser pour forcer la reconnaissance et pour accroître les gains. Elles doivent aussi être conscientes que ceux qui détiennent le pouvoir cherchent constamment à reprendre ces concessions, pour peu que l’équilibre des forces évolue en leur faveur.  
Notre analyse nous permet aussi de comprendre à quel point les politiques sociales peuvent être apparentées aux mécanismes de sécurité publique, c’est-à-dire la sécurité de la société. Comme l’écrivait p. Laroque :
Il peut paraître paradoxal d’associer la notion de la police à la notion d’action sociale. Cependant c’est un fait que les problèmes sociaux ont d’abord été posés comme des problèmes de police : ils ont été posés comme le problème de la société contre la menace pour l’ordre publique que constituait l’existence des malheureux. L’on retrouve dans tous les pays, au début de l’évolution de la politique sociale, un lien entre assistance et mesure restrictive de liberté. Les dépôts de mendicité, les hôpitaux généraux … pour ne prendre que les exemples français … ont été des institutions à la fois d’assistance et de répression. Le libéralisme économique a dans une certaine mesure encourager cette tendance, en développant l’idée de la culpabilité du pauvre. À partir du moment où l’on estimait qu’il dépend à chacun de faire sa place dans la société, par son propre effort, l’on était amené à penser que l’échec de certain traduisait les fautes commises… L’échec ne pouvait être que le résultat d’une culpabilité. 
Si tel était le cas à l’origine, tel est encore le cas aujourd’hui, quoi que de façon beaucoup plus subtile et raffinée.

Cette constatation est évidemment extrêmement importante en ce qui concerne les fonctions de la sécurité sociale. Nous avons ici une première confirmation de notre hypothèse de départ, quant à l’importance de la sécurité sociale pour la sécurité de la société, pour la sécurité de l’ordre social établi. En raison de la nature foncièrement politique des problèmes sociaux, il est exagéré d’affirmer que le système de sécurité sociale rempli une fonction de police dans notre société et constitue de ce fait une extension camouflée de tout le système de sécurité publique. 

Nous constatons du même coût que par le contrôle qu’il permet d’exercer sur une section importante de la société, à savoir les bénéficiaires, le système de sécurité sociale et ses institutions notamment constituent un lieu important d’exercice du pouvoir dans notre société. Nous comprenons mieux dans ce contexte l’âpreté des luttes qui peuvent se dérouler, entre fractions des classes dominantes, pour le contrôle du système et des institutions de bien-être social.

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