L’adolescent homosexuel - 2e partie

Dans un sens ou dans l’autre

Déjà, à la fin des années 40, le chercheur américain A. Kinsey révélait que les comportements sexuels des humains ne sont pas immuables tout au long de leur vie. Si on traçait une courbe, on pourrait placer à un bout du spectre les hommes qui se disent exclusivement homosexuels et à l’autre extrémité, les hétérosexuels. Entre les deux se situent ceux qui ont connu des comportements, des désirs, des fantaisies allant dans un sens ou dans l’autre à différents moments de leur vie.

En 1989, A.J.C. King, dans son étude sur « les jeunes Canadiens et le sida », constate que si 2% des adolescents seulement se déclarent homosexuels et 4% bisexuels, jusqu’à 15% des garçons ont eu des relations homosexuelles pendant leur adolescence.

On a encore tendance à penser que l’homosexualité n’est qu’une phase du développement qui se corrigera avec le temps ou encore qu’elle survient chez les garçons qui y ont été entraînés par des adultes homosexuels. Le mythe de l’enfant asexué est tenace. Il est vrai que des comportements homosexuels ont pu être favorisés par la nécessité; que l’on pense aux milieux exclusivement masculins tels les prisons et, pour les générations qui nous ont précédés, les pensionnats dont on ne sortait que deux fois par année. Ceux qui y ont vécu des amitiés exclusives et des expériences sexuelles n’en sont pas pour autant « devenus » homosexuels.

La plupart des hommes homosexuels affirment avoir ressenti de l’attirance pour des hommes dès leur enfance avant même la puberté et, en rétrospective, beaucoup disent qu’ils le savaient dès l’âge de 13 ou 14 ans. Pour certains d’entre eux, l’adolescence reste un enfer parce qu’ils se sentent différents et rejetés; il en résulte des tentatives de suicide, des fugues d’un milieu familial perçu comme trop rigide et des abus de drogues et d’alcool.

Ce n’est souvent que tard dans la vingtaine qu’ils se sentent en mesure de dévoiler leur homosexualité à leur orientation parce qu’elle est bonne pour eux, qu’ils ne sont ni anormaux ni malades et qu’ils prennent une place constructive dans la société.

Dans un livre superbement documenté, Tous les hommes le font, Michel Dorais démontre bien que ce qu’il appelle le parcours de la sexualité masculine n’est pas linéaire et peut fluctuer chez le même homme à différents moments de sa vie. Par ailleurs, que la sexualité des hommes s’exprime par des fantasmes, de l’auto-érotisme, des activités hétérosexuelles ou homosexuelles, les mécanismes qui entrent en jeu sont les mêmes et « à la limite, le sens que chacun donne à sa sexualité rejoint le sens qu’il donne à sa vie. »

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