LITTÉRATURE HAÏTIENNE - 38e partie
Les paradoxes de l’occupation américaine n’avaient pas affecté profondément le contexte d’une expérience qui se déroulait entre les classes sociales depuis l’indépendance. La bourgeoisie haïtienne avait réagi comme si elle avait rencontré l’occasion d’un grand destin; les classes moyennes avaient vécu avec les masses urbaines et rurales les événements tragiques de l’époque; et, ensemble, elles avaient retrouvé, dans le contexte des situations politiques délicates, tout ce qui les rapprochait et tout ce qui les séparait. La ville non plus n’avait pas changé. La force primait le droit dans les milieux urbains comme dans les sections rurales. À la campagne, la vénalité des juges allait de pair avec l’arrogance des grands propriétaires fonciers. Dans le monde rural, les chefs de section régnaient en maîtres. La pauvreté du pays était devenue proverbiale, avec la rareté du numéraire, la pénurie des matières premières et le chômage. Le pays, dépourvu de ressource...