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Affichage des messages du juin, 2010

VIOLENCE DES JEUNES À L'ÉCOLE PRIMAIRE - 5e partie

Résultats La participation aux activités du projet, de l’avis de tous, a permis des améliorations tangibles et observables. Des constats cliniques et la comparaison des réponses aux deux sondages (Meunier) supportent de telles conclusions. Les enseignantes et les directions d’école soulignent une diminution du nombre et de la gravité des incidents de violence à l’école; les énergies des enfants semblent canalisées de façon positive. Les parents communiquent plus souvent avec la direction de l’école lorsqu’un enfant se dit victime de violence. Les enfants rapportent davantage les incidents d’intimidation. Ils disent se sentir plus en sécurité et ont hâte aux périodes du midi. Les enfants ciblés en raison de leurs comportements agressifs semblent avoir appris à mieux orienter leurs actions vers des buts plus constructifs et à établir des relations plus positives avec leurs pairs. À la suite du projet, les propos des enseignantes manifestent une sensibilisation accrue aux situations d’int...

VIOLENCE DES JEUNES À L'ÉCOLE PRIMAIRE - 4e partie

Le projet Le projet proposait « d’élaborer, d’implanter et d’évaluer trois activités qui ont le potentiel d’avoir un impact sur le climat d’une école, en diminuant les incidents d’intimidation. Il s’agit de mesurer les bénéfices engendrés par chacune des trois activités suivantes : - une période les bénéfices engendrés par chacune des trois activités suivantes : - une période de loisirs structurée à l’heure du dîner, - la sensibilisation de tous les élèves de l’école au phénomène de l’intimidation et – l’intervention de groupe pour les élèves victimes et les élèves qui intimident (Décoste). Quatre étapes ont été suivies. La première fut de sélectionner des écoles où implanter le projet. Trois écoles primaires furent retenues pour leurs caractéristiques de relative homogénéité : elles offraient des classes de la maternelle à la huitième année, présentaient des effectifs étudiants entre 140 et 170 élèves, étaient situées à quelques kilomètres à l’est de la ville d’Ottawa; leurs milieux s...

VIOLENCE DES JEUNES À L'ÉCOLE PRIMAIRE - 3e partie

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La problématique de l’intimidation La problématique de l’intimidation témoigne nécessairement de la qualité des rapports interpersonnels. Pour les besoins du projet élaboré, elle peut être décrite selon les composantes du tableau 1 : des observations ou manifestations de l’intimidation à l’école, des facteurs explicatifs (causes) de ces comportements, des conséquences appréhendées, et quelques formes d’intervention préconisées pour la corriger. À l’école, plusieurs enfants souffrent de l’intimidation exercée par leurs pairs. Selon le sondage effectué auprès des enseignantes, des parents et des enfants des trois écoles impliquées dans le projet, « les enseignantes en observent sporadiquement, les parents (40%) disent en avoir des échos, les enfants (70%) disent la vivre. Environ 60% des groupes de chaque école estiment le sujet important, assez pour justifier un projet spécifique » (Meunier). La taquinerie mesquine, la moquerie sont des armes favorites pour l’intimidation, de même que d...

VIOLENCE DES JEUNES À L'ÉCOLE PRIMAIRE - 2e partie

Pour reprendre Jean-Marc Meunier L’intimidation « Même si les autorités scolaires répètent aux élèves de ne pas intimider, il apparaît que ces dernières offrent peu de solutions pour éviter ou désamorcer les situations conflictuelles. Faute de ressources humaines, les écoles tentent de contrôler les comportements inacceptables en mettant en place des systèmes de conséquences punitives » (Décoste). En somme, la réaction de l’adulte est essentiellement de réprimander. L’intimidation (le « bullying » pour les anglogphones) est décrite comme « une forme de comportement agressif où il y a une combinaison de pouvoir et d’agression » (Craig et Pepler). Boulton et Underwood, dans leur démarche d’étude, reprennent à leur compte la description d’Olweus : Un enfant fait l’objet d’intimidation lorsque qu’un autre enfant, ou un groupe d’enfants, lui disent des choses déplaisantes ou désagréables. C’est aussi de l’intimidation lorsqu’un enfant est frappé, reçoit des coups, est menacé, est enfermé da...

VIOLENCE DES JEUNES À L'ÉCOLE PRIMAIRE - 1e partie

De nos jours, très rares sont les écoles exemptes des affres de la violence interpersonnelle. Elles ont à enrayer une tendance très forte des jeunes à imiter les rapports de pouvoir observés chez leurs aînés où le contrôle sur l’autre, imposé par la force physique ou morale, semble profitable. Un enfant sur cinq, et parfois davantage, dès l’école primaire, dit avoir été victime de violence (Craig et Pepler; Meunier). Certains, à l’exemple de Godin, la qualifient de « petite violence » : jambettes, bousculades, chicanes, paroles blessantes, grossièretés, impolitesses….Plusieurs ne remarquent que les comportements de violence physique (coups et blessures, objet lancé, jambettes, bousculades…). Mais, peu à peu, les adultes portent attention aux autres formes de violence, la violence psychologique, émotionnelle, économique, dans leurs formes multiples telles que l’intimidation, la mesquinerie, la manipulation malveillante, la dévalorisation (injures, calomnies, médisances), le sexisme, les...

THÉRAPIE CONJUGALE, POURQUOI FAIRE? 7e partie

Couple « volatile » Chez le couple volatile, les séances conjointes produisent habituellement une plus grande désorganisation ou une plus grande agressivité qu’auparavant. La violence conjugale augmente. Dans de tels cas, aucun des membres du couple ne peut agir comme dépositaire des émotions pour l’autre, bien qu’il n’y ait pas d’alliance de travail possible avec le thérapeute. Si l’un et l’autre veulent que le thérapeute serve de dépositaire des émotions, l’un ne peut souffrir de le partager avec l’autre. Chaque conjoint est handicapé à un degré plus ou moins élevé dans son milieu de travail. Dans le meilleur des cas, ils ne donnent pas toute leur mesure; au pire, ils offrent un rendement irrégulier tant au travail qu’au foyer. Leurs relations sociales sont superficielles et presque inexistantes, leur vie est terne, leurs enfants – ou du moins certains d’entre eux – sont symptomatiques. Dans cette perspective, si on leur recommande une thérapie individuelle, c’est rare qu’ils l’accep...

THÉRAPIE CONJUGALE, POURQUOI FAIRE? 6e partie

Ambivalence chronique Le couple ou un des conjoints, habituellement l’époux, ne peut pas décider s’il veut se séparer ou non. Il déménage plusieurs fois mais, une fois déménagé, le sentiment de solitude, de vide et parfois d’angoisse le prend et il ne peut pas rester séparé et revient à la maison. Même s’il a une autre liaison à l’extérieur du mariage, il ne peut pas quitter le conjoint et revient continuellement. Il s’agit, dans ces couples, d’un problème narcissique important (Braverman). L’individu cherche l’autonomie à tout prix, mais il est incapable de vivre hors d’un état de fusion continu. Il blâme le conjoint de ne pas combler ses besoins, mais ses besoins d’admiration et de domination sont si grands qu’ils ne peuvent être comblés. Dans des cas semblables, on peut commencer en thérapie conjugale, mais lorsque le conjoint a quitté le foyer deux fois et insiste qu’il tient à sauver le mariage, c’est le temps de passer à une thérapie individuelle. Le conjoint qui tolère ce rejet ...

THÉRAPIE CONJUGALE, POURQUOI FAIRE? 5e partie

Un partenaire reste symptomatique Une thérapie individuelle est aussi indiquée quand le suivi d’une thérapie de couple a apporté une amélioration à la relation de couple, mais que l’un des partenaires présente plusieurs symptômes souvent psychosomatiques – soit un manque d’énergie, une vie sociale inexistante excluant celle de la famille. De plus, un ou plusieurs enfants peuvent devenir symptomatiques à un degré plus ou moins élevé. Lorsqu’une plus grande pathologie est évidente chez un conjoint, elle ne peut être abordée si la relation entre les deux partenaires n’est pas sensiblement améliorée. Il arrive que les deux conjoints soient vulnérables au début de la thérapie de couple, mais que l’un d’eux démontre qu’il peut utiliser le thérapeute comme dépositaire de ses émotions et qu’il est bien moins prédisposé à la fragmentation que son partenaire. Il peut donc mieux maîtriser la désorganisation de son partenaire. Lorsque la relation de couple s’est améliorée au point où les deux part...

THÉRAPIE CONJUGALE, POURQUOI FAIRE? 4e partie

DE LA THÉRAPIE DE COUPLE À LA THÉRAPIE INDIVIDUELLE L’auteure a remarqué que plusieurs patterns se répètent dans la thérapie de couple qui sont des signes indiquant qu’il est temps de passer à la thérapie individuelle. Je commencerai par les plus sains pour arriver aux plus perturbés. Désir de croissance personnelle Le couple a profité d’une thérapie conjointe où il y a un membre dominant et un autre soumis. Les individus ont pu établir une bonne alliance thérapeutique avec le thérapeute. Ils ont pu améliorer la qualité de leurs interactions et ont acquis une certaine compréhension de la position de domination – soumission dans leur mariage. Grâce à la thérapie conjointe, le partenaire dominateur est devenu moins autoritaire, le partenaire soumis a acquis plus d’assurance et fait preuve d’initiative dans plusieurs aspects de la vie de couple. En général, ces personnes maintiennent un bon rendement au travail, ont de bonnes relations sociales et des enfants qui ne posent pas de problème...

THÉRAPIE CONJUGALE, POURQUOI FAIRE? 3e partie

THÉORIES PSYCHANALYTIQUES Les théories psychanalytiques basées sur les relations humaines plutôt que sur les instincts nous permettent de bien comprendre l’individu dans le contexte de sa famille. Ces théories offrent des ponts valables entre les théories psychodynamiques et la théorie des systèmes. Samuel Slipp, David et Jill Scharff ont essayé d’intégrer la théorie de la relation d’objet avec la thérapie de la relation d’objet avec la thérapie de couple et de famille. Une autre théorie relationnelle psychodynamique, la psychologie du soi (Kohut), apporte une dimension différente au niveau du développement de l’individu et augmente davantage cette intégration. Elle est particulièrement utile avec les couples et les familles où certains individus souffrent de troubles narcissiques. D’où vient l’instabilité du soi typique aux individus typique aux individus qui ont peur de l’intimité? Au cours de leur développement, la proximité émotionnelle leur a apporté beaucoup de peine et un sentim...

THÉRAPIE CONJUGALE, POURQUOI FAIRE? 2e partie

L’INTIMITÉ L’intimité est caractérisée par la capacité d’être proche émotionnellement d’une autre personne. Elle se développe dans un contexte relationnel. Pour comprendre comment se développe la capacité d’intimité, il faut bien comprendre l’expérience intrapsychique que l’enfant a eu à vivre avec ses premiers gardiens dans sa famille d’origine. Au cours de sa vie, l’individu répète dans d’autres relations les conflits et les lacunes qui sont jusqu’à un certain point les conséquences de cette expérience. Plus intime est la relation, plus grande est la probabilité que ces conflits et lacunes soient répétés. Quand un couple se plaint d’un manque de communication, c’est une autre manière de se plaindre d’un manque d’intimité. Les thérapeutes systémiques ont essayé de résoudre les problèmes d’intimité en aidant les couples à créer entre eux une distance interpersonnelle qui peut être acceptable (Freeman; Todd; Jacobson et Holtzworth-Munroe; Goldberg). C’est un moyen adéquat et même approp...

THÉRAPIE CONJUGALE, POURQUOI FAIRE? 1e partie

INTRODUCTION La thérapie conjugale a été développée par des psychanalystes qui ont axé leurs études et leurs interventions sur les individus dans le couple (Bergler; Greene; Grunebaum et Christ; Martin). Ils n’ont pas prêté attention au mariage comme tel. Dans les années soixante et soixante-dix, la thérapie conjugale est passée du domaine des psychanalystes et des psychiatres à celui des travailleurs sociaux à cause de leur fonction de soutien et de protection des familles. La théorie des systèmes a alors eu des répercussions profondes sur le travail avec des familles. Peu à peu, la thérapie conjugale est également devenue plus systémique : c’était l’approche préférée de l’American Association for Marriage and Family Therapy et aussi des Écoles de service social à Montréal, comme l’université McGill et l’Université de Montréal. L’accent est passé de l’individu au système. Des travailleurs sociaux en milieu universitaire, dans les agences et les hôpitaux. Shirley Braverman estime que l...

L’HOMME VIOLENT ET LA RELATION D’AIDE - 11e partie

La pertinence de la prise en compte de la socialisation de genre selon le mode de la masculinité traditionnelle dans l’explication des comportements des hommes. Pleck explique que la distance des hommes face au monde affectif les amène à vivre leurs émotions par procuration, en remettant aux femmes cette responsabilité. Le corollaire de ce constat est l’isolement affectif des hommes souvent mentionné dans les men’s studies : les hommes ont peu d’amis et ont des liens de type instrumental avec les autres hommes, la masculinité traditionnelle prescrivant une distance affective émotionnelle entre eux. Cet isolement affectif constitue l’une des conséquences de ce que Pleck a appelé la contrainte du rôle de genre (gendre role strain). Cet auteur met l’accent sur les problèmes que posent pour les hommes la conformité aux normes de rôle de genre : il s’agit, selon lui, d’une contrainte, source de tension (strain). Ainsi, la non-conformité aux normes prescrites socialement entraîne non seuleme...

L’HOMME VIOLENT ET LA RELATION D’AIDE - 10e partie

La pertinence d’offrir un accueil respectueux au client masculin Un accueil respectueux est d’une importance capitale pour des clients réfractaires et dont la motivation à aller en thérapie est extérieure à soi. Certains répondants ont témoigné d’un accueil non seulement bien structuré, souvent même chaleureux. Cette expérience relationnelle agit sur certains comme un accélérateur vers l’appropriation de leur démarche. Presque tous les répondants se sont dits à la fois surpris et satisfaits de l’accueil reçu. D’autres disent avoir apprécié le fait de recevoir, dès ces premières rencontres, des pistes d’action orientées sur l’arrêt immédiat de l’agir violent. Avant cette étape, ces hommes ont une motivation extrinsèque : ils cherchent à convaincre la conjointe ou l’entourage soit de leur innocence, soit de leur bonne volonté. À l’étape de l’accueil, l’amorce d’une motivation intrinsèque peut se mettre en place : les répondants en arrivent à comprendre que certains de leurs comportements...

L’HOMME VIOLENT ET LA RELATION D’AIDE - 9e partie

Lors de l’accueil, travailler sur l’appropriation de la demande d’aide Cette analyse démontre clairement que les hommes qui participent à des programmes de thérapie pour violence conjugale ont une motivation extrinsèque : ce qui se distingue considérablement de la clientèle habituellement personnellement motivée à entrer en psychothérapie : La motivation est considérée à bon droit par tous les auteurs comme le critère le plus décisif d’indication d’une psychothérapie. Il est facile de concevoir qu’un motif sérieux existe ou puisse être éveillé chez un consultant (client), avant tout engagement thérapeutique. Ce motif, c’est la souffrance éprouvée par le consultant qui le suscite. (Thibaudeau). Ainsi, lors de la prise de contact et l’entrée en thérapie, on peut suggérer que le client masculin ou bien n’est pas suggéré que le client masculin ou bien n’est pas conscient de sa souffrance, ou bien ne l’exprime pas explicitement. On constate que les clients ayant une plus grande expérience t...

L’HOMME VIOLENT ET LA RELATION D’AIDE - 8e partie

Conclusion La place centrale de la conjointe dans la décision d’entreprendre une démarche d’aide Les présents résultats semblent appuyer les résultats de recherches récentes dans la littérature québécoise, notamment des travaux de Rondeau, Gauvin et Dankwort (1989) qui, dans une enquête auprès des intervenants des seize programmes québécois d’aide pour conjoints violents, identifiaient que le principal motif de participants à ces programmes, selon ces intervenants, était la perte ou la peur de perdre sa conjointe (départ, rupture, etc.). Dans une étude plus récente portant sur la persévérance en traitement de 961 hommes ayant sollicité de l’aide auprès de huit organismes communautaires pour conjoints violents, Rondeau, Brochu, Lemire et Brodeau ont mesuré à l’aide de questionnaires les variables influençant « l’entrée en traitement » des clients masculins en violence conjugale. Les résultats des données quantitatives de cette étude démontrent que 78.6% des répondants ont déclaré que le...

L’HOMME VIOLENT ET LA RELATION D’AIDE - 7e partie

Les motifs des clients en postprogramme : une évaluation rétrospective plus précise de la période avant la responsabilisation. Il est significatif de remarquer qu’aucun participant en violence conjugale ayant terminé sa thérapie n’explique rétrospectivement sa motivation à entreprendre une démarche d’aide par l’attribut tension : la plupart parlant de leurs agressions (8/13), les autres se répartissant autour de thèmes plus précis comme : peur de ses agressions, perte de la garde de son enfant, conseil de la conjointe ou la récupérer. Soulignons par ailleurs le témoignage de ces deux clients ayant qualifié leur motif premier de demander de l’aide de convaincre ou récupérer la conjointe; il s’agit ici de cas typiques de reconnaissance ou d’admission de l’étape du déni par lequel ces sujets alors en postthérapie se rappellent être passés : Ça faisait depuis au moins un an qu’on parlait de faire une thérapie, mais je me disais que c’était pas moi qui était violent. C’était les autres qui ...

L’HOMME VIOLENT ET LA RELATION D’AIDE - 6e partie

Motifs des clients en milieu/fin de programme : les premiers pas vers la responsabilisation Au niveau des clients en milieu/fin de programme, les attributs se répartissent assez également entre les attributs suivants : ses agressions, conflits de couple et rupture. Toutefois, on pourra noter la différence du regard rétrospectif quant à la perception de la situation vécue comparativement aux répondants en début de programme. Ainsi, dans l’attribut ses agressions, le répondant suivant parle de son besoin d’aide et des conséquences de la violence dans sa vie et dans celle de son entourage : Je dirais un état de crise (…) j’ai besoin d’aide, ce n’est plus juste un saut d’humeur à l’occasion, ça devient… j’ai pas attendu non plus de garrocher ma copine dans les murs mais c’était déjà assez grave (…)…à un moment donné tu te dis si t’es pour vivre de même toute ta vie à faire du mal à toi pis ensuite à tous les autres qui ont pas rapport pis qui méritent pas ça (…) j’ai pas envie de passer ma...

L’HOMME VIOLENT ET LA RELATION D’AIDE - 5e partie

Le constat extrinsèque du problème en début de programme : se débattre avec la justification de l’injustifiable Les deux attributs caractérisant les clients en début de programme sont surtout : conflits de couple et tension familiale, d’une part, et perte de contrôle et violence verbale, d’autre part. Examinons d’abord les propos des répondants qui parlent de conflits de couple et de tension. Il est significatif de constater que sur les quatre ayant parlé de conflits de couple, deux cas sont des clients judiciarisés. Dans le premier cas, la responsabilité de la violence est attribuée à la conjointe : Puis là c’était la deuxième fois où je me faisais sortir de la maison par la police. (…) C’est à peu près la seule affaire dans mon couple qui fait que le couple il allait pas bien (…) je voulais dire ce petit problème-là, mais en tout cas…disons que c’est presque un détail, là, si tu regardes ça. (…) Puis à ce moment-là bien moi dans ma tête c’était elle qui avait le problème, (…) elle vo...

L’HOMME VIOLENT ET LA RELATION D’AIDE - 4e partie

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Le rapport à la conjointe comme motif pour aller en thérapie : Si l’on considère la motivation reliée à la conjointe, le taux atteint près de 98 p.cent, soit 39 des 40 sujets ayant participé à la recherche. Le seul sujet dont les propos ne faisaient pas mention de sa conjugalité, est un client judiciarisé qui a plutôt insisté sur le rôle de son avocat dans sa prise de décision de consulter un service d’aide pour conjoints violents. Il n’y a pas lieu de se surprendre si l’on considère que, selon Pirog-Good et Stets-Kealy (1985), une proportion importante de ceux qui consultent les organismes sont référés à ceux-ci par leur conjointe. Le tableau suivant résume les différents attributs par lesquels nous avons analysé les propos des répondants concernant leur constat de la situation vécue en rapport avec la conjointe : Nous constaterons une certaine gradation du degré de prise de conscience dans les propos des répondants, allant de la banalisation à la reconnaissance complète de la gravité...

L’HOMME VIOLENT ET LA RELATION D’AIDE - 3e partie

Le processus de décision d’entreprendre une démarche d’aide Le processus de prise de décision d’entreprendre une démarche d’aide constitue un thème central dans les propos des répondants. Ceux-ci décrivent à la fois leur constat de la situation vécue au moment d’entreprendre une démarche de demande d’aide, donc de leur perception du problème, de même que le processus à travers lequel ils ont exprimé formellement cette demande, particulièrement en termes de soutien (encouragement, collaboration) ou de contrainte (pression, voire ultimatum) de leur entourage. Dans le présent exposé, nous ne présenterons qu’une partie des données reliées à la catégorie motif, soit celles concernant le constat. Le sous-thème constat comporte deux aspects : intrinsèque ou extrinsèque. L’aspect extrinsèque du constat du problème relève du rapport aux autres et décrit la perception des répondants concernant les conséquences sur les autres personnes significatives (significant others) de la situation vécue; ce...

L’HOMME VIOLENT ET LA RELATION D’AIDE - 2e partie

Une recherche s’appuie sur des données qualitatives recueillies dans le cadre d’entrevues semi-dirigées. La méthodologie d’analyse retenue observe les procédures et les techniques de l’approche de la « théorisation ancrée » (grounded theory approach) (Glaser et Strauss, 1967; Strauss et Corbin, 1990, Strauss, 1987). Le choix de la théorisation ancrée nous paraît être la méthodologie de recherche la plus appropriée pour refléter le point de vue des hommes en démarche d’aide pour violence conjugale à partir de leurs récits. Au-delà de la description stricte des propos des sujets de la recherche, la partie plus analytique et interprétative de cette recherche développe une conceptualisation ancrée de ce matériel. Prenant pour postulat que les hommes participant à une thérapie sont les experts de leur vie, nous considérons qu’ils sont les acteurs sociaux pouvant le mieux nous livrer, et de la façon la plus crédible, le matériau nécessaire pour découvrir le sens qu’ils donnent à leur démarch...

L’HOMME VIOLENT ET LA RELATION D’AIDE - 1e partie

Qu’est-ce qui amène un homme ayant des conduites d’agression envers sa conjointe à entreprendre une démarche de demande d’aide? Qu’est-ce qui le motive, quels sont ses premiers motifs? Lorsqu’un homme affirme avoir été violent avec sa conjointe et demande de l’aide dans un organisme – dans un CLSC, par exemple – la réaction des intervenants sociaux en est souvent une soit de peur, d’incompréhension ou, parfois, de jugement. En effet, notre réaction est souvent d’abord centrée sur la loyauté envers la ou les victimes. D’autre part, très peu d’informations existent sur la motivation ou le vécu de l’homme agresseur et les professionnels de la santé et des services sociaux, au cours de leur formation, n’ont pas été sensibilisés à la construction sociale de la masculinité. Cette situation peut amener des intervenants à avoir de la difficulté à s’approcher des hommes dits « violents » et à leur offrir l’aide nécessaire, comme le soulignent des intervenants de CLSC : Nous avons ainsi le senti...

L'HOMME IMMIGRANT - 7e partie

Conclusion Loin de constituer une analyse exhaustive de la condition des hommes immigrants, Stéphane Hernandez présente quatre facteurs de vulnérabilité majeurs permettant de mieux comprendre leurs réalités lorsqu’ils viennent s’établir avec leur famille au Québec. En servant de guide à l’intervention, ces quatre points de repère peuvent outiller les intervenant(e)s qui travaillent avec les personnes provenant d’autres cultures. Néanmoins, ils ne s’adressent pas uniquement à l’intervention directe auprès des clientèles masculines immigrantes. L’homme immigrant étant le plus souvent considéré par sa famille comme le chef, l’intervention auprès des familles immigrante ne peut faire l’économie de se passer du père. En dépit d’une évidente nécessité d’effectuer des études qualitatives plus systématiques en ce qui concerne le point de vue et l’expérience intime des hommes immigrants, de la transformation des rôles familiaux en lien avec la migration, nous pouvons déjà dégager quelques piste...