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Affichage des messages du mars, 2010

JOUEURS PATHOLOGIQUES - 8e partie

Le témoignage essentiel qui ressort de nos rencontres est qu’une des motivations principales qui amène le joueur en thérapie est l’épuisement, l’impression d’être acculé « au pied du mur » ou comme « dernière porte de sortie ». Plusieurs se sentent impuissants devant leur pulsion et ne voient aucune façon de changer les choses. Pour d’autres, c’est la peur de tout perdre qui sert d’élément déclencheur à la démarche d’aide ou le fait d’encaisser des pertes financières substantielles et répétées. Les besoins ressentis par les joueurs Bien que tous ces motifs puissent conduire à entreprendre une démarche pour régler un problème de jeu, il n’en demeure pas moins que chacune de ces raisons répond à des besoins particuliers, dépendamment des motivations, du vécu et des différentes conséquences occasionnées par les habitudes ludiques. Quels sont donc les besoins ressentis par les personnes qui décident de faire une thérapie pour le jeu ? Quels problèmes veulent-ils régler à l’aide de cette th...

JOUEURS PATHOLOGIQUES - 7e partie

Les motivations des joueurs Dépendamment des raisons principales pour lesquelles le joueur consulte, le degré de motivation varie notablement, d’une personne à une autre. En effet, certaines personnes ont exprimé avoir eu peur de l’inconnu, s’être senties mal à l’aise, avoir appréhendé de devoir raconter leur vie à des inconnus ou encore auraient préféré s’en sortir seules ou trouver une solution moins laborieuse. D’autres n’y croyaient pas trop et avouent avoir commencé les démarches pour plaire aux autres ou pour avoir bonne conscience. Sinon, ils voulaient oublier la culpabilité ressentie devant les pertes importantes de la dernière séance de jeu ou encore, craignaient de devoir arrêter complètement de jouer, ce qui avait pour conséquence de diminuer leur motivation. Par contre, certains affirment avoir remis leur vie entre les mains de l’intervenant et s’être présentés en thérapie en toute bonne foi et avoir considéré cette démarche comme la solution ultime à leurs problèmes. Mais ...

JOUEURS PATHOLOGIQUES - 6e partie

Les problèmes éprouvés par les joueurs Que ce soit le désespoir, les menaces ou une faillite personnelle, bon nombre de situations malheureuses voire funestes sont vécues par le joueur et l’amènent à désirer ou à être dans l’obligation de suivre une thérapie pour s’en sortir. Des problèmes personnels, tant sur le plan de la santé mentale que physique, poussent souvent le joueur vers des démarches d’aide avec des professionnels ; la dépression, l’angoisse, le découragement, la culpabilité, la solitude. Plusieurs se sentent démotivés, dévalorisés, déprimés et manquent d’énergie. Certains signalent aussi le changement de caractère, l’intolérance, l’irritation, l’agressivité et la mauvaise humeur dont ils font maintenant trop souvent preuve. Ils constatent un cheminement qui va à l’encontre de leurs valeurs ; ils sont devenus menteurs, manipulateurs. Certains avouent être souvent obsédés par le jeu. Ils parlent aussi de l’abandon de leurs rêves, de leurs projets, de l’absence d’une qualité...

JOUEURS PATHOLOGIQUES - 5e partie

LE CHEMINEMENT DES USAGERS Mieux connaître les raisons qui amènent le joueur en traitement peut aider à orienter les interventions offertes aux usagers de même que les stratégies de recrutement des futurs clients et réussir ainsi à rencontrer les joueurs avant que les problèmes ne s’aggravent et que les conséquences néfastes ne se multiplient. L’objectif principal de traitement des joueurs pathologiques proposé aux intervenants par le CQEPTJ (Ladouceur et autres, 2000), dans le cadre du programme expérimental, est de modifier les habitudes de jeu des joueurs. Est-ce l’objectif souhaité et voulu par les joueurs qui sollicitent des traitements ? Les résultats de notre recherche démontrent que plusieurs d’entre eux ont comme premier souci de retrouver la sérénité ou d’être mieux dans leur vie, d’autres désirent comprendre pourquoi ils jouent alors que d’autres encore désirent simplement parvenir à jouer « normalement ». Les problèmes éprouvés, les besoins et les attentes des personnes qui...

JOUEURS PATHOLOGIQUES - 4e partie

MÉTHODOLOGIE Les données utilisées proviennent d’entrevues semi-structurées réalisées dans le cadre de l’évaluation du programme expérimental sur le jeu pathologique (Chevalier et autres) servent à mieux comprendre pourquoi les joueurs pathologiques demandent de l’aide. Dans un contexte où les besoins des joueurs pathologiques sollicitant des services peuvent varier notablement, où ces besoins peuvent évoluer rapidement et où les services offerts aux joueurs diffèrent d’une région et d’une ressource à l’autre et, de manière plus importante encore, parce que nous ne possédons que peu d’informations sur les attentes et les besoins des joueurs, la recherche proposée revêt un caractère exploratoire et les méthodes par entrevue ont semblé les plus appropriées. Pour recueillir les données, nous avons mené une trentaine d’entrevues individuelles et de groupe auprès d’une soixantaine de personnes ayant reçu des services d’aide pour le jeu dans 23 organismes provenant de quatre sites pilotes à ...

JOUEURS PATHOLOGIQUES - 3e partie

MODÈLE CONCEPTUEL Le modèle que nous utilisons ici est largement tributaire des travaux classiques de Donabedian (1973). Une personne évalue son état de santé à partir de ce qu’elle ressent et des informations qu’elle retire de l’environnement. Elle définit le problème selon ses propres termes et conclut d’elle-même à la présence d’un problème suffisamment important pour nécessiter une intervention externe professionnelle. La rencontre entre la personne qui a un problème et une ressource qui sera à même, ou non, de répondre à ses demandes, aura lieu dans la mesure où la ressource est accessible. Si la rencontre a lieu, une évaluation des besoins sera alors produite selon les paramètres retenus dans la ressource ; les deux évaluations de besoins seront réconciliées. C’est sur la base des besoins négociés que de services seront alloués et que les résultats seront obtenus. Seule la personne qui reçoit les services peut fournir des renseignements sur sa propre évaluation des besoins. En pl...

JOUEURS PATHOLOGIQUES - 2e partie

Problématique Par ailleurs, les motivations à demander de l’aide pour un problème, n’importe lequel, contribuent à définir les attentes eu égard au traitement. Les attentes développées par les joueurs requérant des services sont conditionnées par les démarches et les services antérieurs reçus soit pour des problèmes connexes, soit pour des problèmes de jeu (Poirier, 2001 ; Cromer, 1978). À partir des entrevues en profondeur que Poirier (2001) a menées, elle regroupe les attentes de joueurs en quête de traitement en trois catégories : 1) les attentes cognitives – le joueur veut comprendre pourquoi il joue ; 2) les attentes affectives – le joueur espère recevoir de la compréhension et de l’affection ; et 3) les attentes de types comportementales – le joueur veut cesser de jouer. Les résultats d’Orford et McCartney (1990) suggèrent que les joueurs pathologiques en traitement s’attendent tout particulièrement à améliorer leurs relations personnelles ainsi que leur situation financière. Le ...

JOUEURS PATHOLOGIQUES - 1e partie

On Sait déjà que les jeux de hasard et d’argent, lorsqu’ils sont pratiqués de façon abusive, peuvent avoir des conséquences dramatiques dans la vie des joueurs et dans celle de leur entourage. Des habitudes de jeu délétères ou la perte de contrôle durant cette activité entraînent de nombreux problèmes sur les plans personnel, relationnel, financier ou professionnel. Quelles sont donc les raisons qui motivent enfin le joueur à entreprendre des démarches pour s’en sortir? Qu’est-ce qui peut le décider – et le motiver – à reconnaître ses limites, à accepter qu’il a un problème de jeu et à demander de l’aide pour changer l’état des choses? Pour répondre à ces questions, nous verrons dans un premier temps avec les chercheurs tels que Catherine Geoffrion, Serge Chevalier (sociologue), Elisabeth Papineau (Anthropologue), le contexte dans lequel évoluent les joueurs qui décident d’entreprendre un traitement pour le jeu ainsi que le modèle conceptuel et la méthodologie utilisés dans la présente...

Comprendre l'Enfant ou l'Adolescent Vivant Le Deuil - 9e partie

Indications et contre-indications d’une psychothérapie Il est exceptionnel qu’un enfant ou un adolescent fasse de lui-même la demande d’une psychothérapie. Cette démarche lui est souvent proposée par ses parents ou un professionnel du réseau d’aide à la jeunesse. En proposant au jeune une thérapie, il est important de l’informer que cette démarche va impliquer de sa part une collaboration très active ainsi qu’un engagement à se confier sur son vécu le plus intime. Il est donc très important qu’après avoir été bien informé, le jeune désire entreprendre une telle démarche. En cours de thérapie, lorsque des aspects sensibles de la dynamique affective sont touchés (quand la tristesse, la colère ou la culpabilité son abordées), il est normal de voir apparaître temporairement une forte anxiété. Conséquemment, une psychothérapie peut être contre-indiquée chez un jeune qui possède un « pattern » de passage à l’acte inadapté très marqué pour contrer ses tensions et ses malaises. CONCLUSION Vivr...

Comprendre l'Enfant ou l'Adolescent Vivant Le Deuil - 8e partie

Des mesures d’aide appropriées aux besoins et aux capacités du jeune. Lorsqu’il est clairement établi que les difficultés d’un jeune sont consécutives aux séquelles d’un deuil pathologique, une psychothérapie peut être envisagée. Cette aide visera essentiellement à permettre à l’enfant ou à l’adolescent d’assumer sa perte dans un climat de confiance, de chaleur et de soutien tout en l’aidant à se libérer des sentiments douloureux et des émotions négatives qui l’habitent. Il est très exceptionnel que seule une psychothérapie suffise à réhabiliter un jeune présentant des troubles affectifs qui handicapent son adaptation. Dans la très grande majorité des situations, ce travail devra s’effectuer dans un contexte multidisciplinaire. Il sera essentiel de prévoir une intervention professionnelle visant à équilibrer la dynamique familiale, à guider et à soutenir les parents dans leurs interventions éducatives et l’encadrement de leur enfant ou leur adolescent. Un placement dans une ressource s...

Comprendre l'Enfant ou l'Adolescent Vivant Le Deuil - 7e partie

LES MESURES DE RÉHABILITATION L’importance d’un bon diagnostic socio-affectif Travailler à la réhabilitation d’un jeune constitue une tâche complexe qui comporte plusieurs volets, social, familial et scolaire, mais qui réfère toujours à deux dimensions essentielles de son développement : son éducation et son affectivité. Certains jeunes éprouvent des difficultés de comportement principalement attribuables à un déficit dans l’éducation qu’ils ont reçue. On parle alors de mauvais exemple, d’un encadrement trop permissif, d’un manque de constance dans l’application des règles et des sanctions disciplinaires de la part de leurs parents. Ces jeunes ont principalement besoin d’acquérir des habitudes de vie quotidienne saines, de la discipline personnelle, des valeurs sociales plus adéquates. Le travail auprès d’eux s’effectuera donc davantage sur le plan rééducatif. Chez d’autres jeunes, les difficultés d’adaptation trouvent davantage leurs causes dans des traumatismes affectifs vécus au cou...

Comprendre l'Enfant ou l'Adolescent Vivant Le Deuil - 6e partie

Des émotions destructrices Dans le but de se protéger contre sa souffrance, ne pouvant exprimer et partager ses émotions pénibles, le jeune va alors tenter de les dénier en développant des mécanismes de défense dont les principaux sont bien souvent la répression et le refoulement. Il va tenter comme il le peut de se protéger contre sa souffrance en s’insensibilisant émotivement. Cette situation a pour conséquence d’empêcher le déroulement du processus de deuil. Souvent même, la colère et la révolte s’intensifieront en raison du fait que l’insécurité persiste. Certes, avec le temps, l’enfant en vient à atténuer sa souffrance mais ses émotions négatives demeurent, cachées à l’intérieur de lui. Elles commencent alors leur ravage sournois et insidieux sur son comportement et son adaptation. Sa tristesse réprimée sape sa motivation à l’effort scolaire et l’amène à s’enliser dans le fatalisme et dans une situation d’échec de plus en plus irrémédiable. Son angoisse affecte ses capacités d’att...

Comprendre l'Enfant ou l'Adolescent Vivant Le Deuil - 5e partie

Solitude et silence Pour bien comprendre le deuil pathologique chez l’enfant et l’adolescent, tentons d’abord d’approfondir les conditions dans lesquelles Nathalie, Jacques et François ont vécu leur deuil. Le père de Nathalie, un homme responsable dans l’éducation de ses enfants mais rigide et autoritaire, lui-même mal à l’aise avec ses émotions, a imposé à ses enfants la loi du silence suite au décès de leur mère. Il a tenté de censurer chez ses enfants toute expression de chagrin et de colère. Nathalie s’est vu imposer des tâches supplémentaires au sein de sa famille, remplaçant pour une bonne part sa mère dans l’accomplissement des tâches domestiques. Elle a également tenté de remplacer sa mère comme présence affective auprès de sa jeune sœur et de sont petit frère. En plus de réprimer l’expression de ses sentiments et de ses émotions, en plus de s’imposer de fortes exigences aux plans physique et affectif dans le remaniement de l’équilibre familial, Nathalie a sérieusement compromi...

Comprendre l'Enfant ou l'Adolescent Vivant Le Deuil - 4e partie

Un grand besoin de soutien de la part de l’entourage Au cours de cette période de crise, la personne affectée a besoin d’exprimer les émotions pénibles et de confiance. Elle a également besoin de recevoir du soutien et du réconfort dans sa souffrance de la part de son entourage. Exprimer ses émotions, partager sa douleur, recevoir un soutien chaleureux, sympathique et sécurisant favorisent la diminution de la souffrance, l’apaisement des tensions et de l’angoisse en plus d’aider la personne endeuillée à rompre le sentiment de solitude qui l’habite souvent de façon très intense. Chez la personne affectée par une perte importante, la culpabilité s’associe souvent à la colère et à la tristesse. On en veut d’abord à la personne décédée de nous avoir quitté puis, on s’en veut de nourrir son égard une telle hostilité. Un accueil inconditionnel et chaleureux de la part de l’entourage de ce sentiment de culpabilité contribue grandement à le dissiper et à restaurer chez la personne endeuillée u...

Comprendre l'Enfant ou l'Adolescent Vivant Le Deuil - 3e partie

Une plongée dans le monde des sentiments et des émotions Afin d’établir un lien entre la perte affective et les difficultés de comportement chez l’enfant et l’adolescent, examinons d’abord de plus près le processus normal de deuil ainsi que les conditions dans le milieu de vie du jeune qui facilitent le passage de cette difficile épreuve. Se détacher, une démarche qui demande beaucoup d’énergie Le deuil est essentiellement un processus de détachement qui s’instaure, bon gré mal gré, à la suite d’une perte. Ce processus se déroule principalement au niveau des sentiments et des émotions. Le père Jean Monbourquette nous apprend que l’importance de la perte et l’intensité du processus de détachement dépendent de l’intensité des liens affectifs que la personne endeuillée avait établis avec la personne disparue. La perte d’une personne aimée, surtout si elle est subite et inattendue, plonge les personnes affectées dans un bouleversement affectif et émotionnel très intense. Dès les premiers m...

Comprendre l'Enfant ou l'Adolescent Vivant Le Deuil - 2e partie

Un douloureux héritage Nathalie Nathalie, âgée de quinze ans, est un joli brin de fille que l’on décrit comme très raisonnable et très bien adaptée dans ses relations avec son entourage ainsi que dans son fonctionnement scolaire. Voilà qu’elle perd subitement sa mère qui décède d’un arrêt cardiaque. Quelques mois après le décès de sa mère, elle commence à devenir irritable à la maison et agressive à l’endroit de sa jeune sœur et de son petit frère. Elle entre de plus en plus souvent en conflit avec son père et conteste de plus en plus son autorité. Sa tenue vestimentaire est de plus en plus négligée. À l’école, son rendement accuse une baisse importante. Ses professeurs la trouvent de plus en plus apathique et démotivée. Elle s’isole de plus en plus des jeunes de son âge. Un matin, elle entre sans préavis dans le bureau de la travailleuse sociale et lui confie en pleurant qu’elle pense sérieusement à se suicider. Jacques Jacques est un adolescent de treize ans qu’on a dû récemment plac...

Comprendre l'Enfant ou l'Adolescent Vivant Le Deuil - 1e partie

Pour Jean Decoster, Le deuil : une lourde épreuve à traverser Vivre un deuil constitue toujours une expérience douloureuse. Le Dr. Elizabeth Kübler-Ross, pionnière dans l’étude des phénomènes affectifs liés au deuil, mentionne que cette expérience, vécue dans de bonnes conditions, peut constituer une très grande source de croissance personnelle. Par contre, vécue dans des conditions défavorables, elle peut engendrer des difficultés importantes d’adaptation, voire même des troubles sérieux de l’affectivité. Cette situation sera d’autant plus vraie chez un enfant ou un adolescent dont la personnalité est en pleine formation. Une expérience humaine universelle Au cours de leur vie, très rares sont les personnes qui ne seront pas confrontées à un deuil important. Certains auront la chance d’être parvenus à l’âge adulte et d’être mieux armés affectivement et socialement pour traverse cette épreuve. Plusieurs, par contre, devront envisager cette dure réalité durant leur jeunesse alors qu’ils...

Abus Sexuel - 5e partie

Comment expliquer qu’il y ait plus d’abus sexuel au sein des familles recomposées? Afin d’expliquer la surreprésentation des familles recomposées dans les cas d’abus sexuels, Finkelhor avance l’idée que le triangle oedipien pourrait rendre l’enfant plus vulnérable aux abus sexuels de son beau-père Cette explication théorique sous-tend que l’enfant peut se sentir trahi par sa mère qui s’engage dans une relation avec un nouveau conjoint ou encore avoir le sentiment que sa mère lui porte une attention moins grande. Selon Finkelhor, ce sentiment pourrait amener l’enfant à concourir avec sa mère afin d’avoir l’attention du beau-père. Il importe cependant de souligner que les écrits d’orientation féministe s’opposent à de telles explications de la problématique de l’inceste en affirmant que celles-ci contribuent à déresponsabiliser le père abuseur en imputant la responsabilité de l’abus à l’enfant victime et à la mère non abuseure (Walby, Clancy, Emetchi et Summerfield, Wattenberg). D’autre ...

Abus Sexuel - 4e partie

La gravité des gestes posés par l’abuseur Il importe de souligner les résultats observés dans les études portant sur la gravité des abus sexuels, commis par les beaux-pères. D’une part, l’étude rétrospective de Russell qui portait sur 930 femmes, est venue affirmer que plus d’abus sexuels sont classifiés de graves dans les familles recomposées (47%) que dans les familles d’origine (26%). Afin d’expliquer ce résultat. Russell souligne que le beau-père qui éprouve du désir sexuel pour sa belle-fille n’est retenu que par des conséquences légales et familiales, alors que le père biologique est également freiné par le tabou de l’inceste. Par ailleurs, l’étude de Faller montre que le lien de consanguinité, lorsqu’il renvoie à une relation plus intime, ne protège pas nécessairement l’enfant. Dans le cadre de cette recherche, 171 situations d’abus sexuels commis par le père biologique (n=59), le beau-père (n=62) et le père biologique non gardien (n=50) ont été examinées. Les résultats révèlent...

Abus Sexuel - 3e partie

Les caractéristiques de l’abus sexuel au sein des familles recomposées Étant donné les taux de prévalence importants des abus sexuels au sein des familles recomposées, certains chercheurs se sont intéressés aux caractéristiques propres à ce type d’abus. Pour ce faire, ces études ont tenté de distinguer les abus sexuels perpétrés au sein de différentes structures familiales en fonction des caractéristiques de l’enfant victime et de la gravité des gestes posés par l’abuseur. Les caractéristiques de l’enfant victime De façon générale, les recherches indiquent que les filles sont plus souvent victimes d’abus intrafamilial que les garçons (Finkelhor, Leventhal), sans pour autant préciser le lien qui unit l’enfant à l’abuseur. Pour leur part, Kendall-Tackett et Simon ont effectué une étude visant à vérifier si l’expérience d’abus sexuel est différente chez les garçons et chez les filles en tenant compte de la structure familiale. Basée sur un échantillon composé d’un population clinique de 3...

Abus Sexuel - 2e partie

La prévalence de l’abus sexuel au sein des familles recomposées Les écrits cliniques portant sur l’abus sexuel d’enfants tendent généralement à affirmer que la présence d’un beau père augmente considérablement les risques d’abus sexuel au sein d’une famille. Les résultats des recherches empiriques appuient cette affirmation. En effet, les études sur la question concluent que le fait de grandir dans une famille recomposée constitue un facteur de risque important dans les cas d’abus sexuels. (Ferguson, Linskey et Horwood; Finkelhor; Finkelhor et al.; Finkelhor et Baron). Ainsi, le fait d’avoir un beau-père double les risques qu’un enfant soit abusé sexuellement (Finkelhor). De son côté, Russell observe que seulement 2,3% des filles qui grandissent avec leur père biologique sont victimisées comparativement à 17% des filles grandissant avec un beau-père. Dans le même sens, Gordon et Creighton font ressortir la surreprésentation des beaux-pères parmi les agresseurs sexuels. Effectivement, p...

Abus Sexuel - 1e partie

ABUS SEXUEL VOUS DITES? Voyons ce qu’en pensent Ève Pouliot et Marie-Christine Saint-Jacques L’abus sexuel d’enfants constitue un problème social dont l’ampleur n’est que partiellement connue, mais pour lequel des séquelles importantes, à court et à long terme, ont été identifiées (Beitchman et al.). Ainsi, les meilleures estimations du taux d’incidence de l’abus sexuel sont de 2,4 sur 1000 aux Etats-Unis (Finkelhor) et varient entre 0.87 et 1,38 sur 1000 au Québec (Wright et al.). Toutefois, ces statistiques sous-évaluent les taux réels d’enfants abusés sexuellement puisqu’elles se fondent uniquement sur les cas connus des responsables de la protection de la jeunesse. En effet, une trentaine d’études ont démontré qu’au mieux, seulement 30% des cas d’agression sexuelle sont rapportés aux autorités (Finkelhor et Dziuba-Leatherman). Dans ce même ordre d’idées, une étude de Tourigny, Péladeau et Bouchard, qui portait sur les caractéristiques des agressions sexuelles de 287 jeunes Québécoi...

LA PERSONNALITÉ - 119e partie

Conclusion Dans un contexte de désinstitutionnalisation, de privatisation, de soins à domicile développés en lien avec le communautaire, il est important d’explorer de nouvelles avenues concernant les soins palliatifs et de s’interroger sur l’écart entre le discours théorique et la pratique. Chaque unité de soins palliatifs est unique et marqué par des nuances et accents propres. La différence entre le réseau public et le milieu communautaire affiche de grands écarts aussi. L’importance de la communauté, que plusieurs cherchent à refaire, est signifiante. Notre entourage est bien souvent restreint, mais développer une communauté d’appartenance répond aux besoins de sens en fin de vie. Une communauté d’appartenance empreinte de valeurs, de spiritualité, peut être certainement aidant en fin de vie. Mais pour bien des gens vivant dans la solitude, la dernière communauté qu’elle cotoîera sera l’unité des soins palliatifs. L’aidant a un rôle crucial à jouer dans son aptitude à dégager du se...

LA PERSONNALITÉ - 118e partie

Accompagner le mourant et trouver du sens D’aucuns ont fait des recherches sur le deuil et la guérison des personnes séropositives et de leurs proches (Boland, Murphy, Ennis, 1996 : 46-52). Elles en viennent à la conclusion qu’il est important de créer un lieu sûr et sacré pour écouter les récits des souffrances vécues, ainsi que de faire ressortir notre condition commune. Elles affirment que tout travail de guérison se fait à partir d’une base spirituelle et qu’il faut se fier à nos intuitions et à ce que l’on ressent, même si on ne les comprend pas toujours. Donc, oser être soi-même et laisser émerger l’inusité, de nouveaux sens. Alors que certains parlent d’approche imaginative pour l'aidant en soins palliatifs (Small, 2001 : 969), d’autres présentent une spiritualité des sens ou sensorielle – sensory spirituality (Chandler, 1999 : 64-71). Approche holistique Certains cliniciens chercheurs, surtout des infirmières, mais aussi quelques aidants et accompagnateurs spirituels (spiri...

LA PERSONNALITÉ - 117e partie

Notion de temps en fin de vie Le rythme effréné que l’on connaît, la course contre la montre, n’a pas sa place en soins palliatifs. Sauf lorsque le mourant en phase terminale, dans les dernières heures de sa vie, demande à voir un proche. Delvaulx affirme que « le rapport au temps se vit dans l’instant présent » (1997 :23). En fin de vie, on va droit au cœur, droit au but des choses et le superficiel s’estompe. Selon Lamau, « le rapport au passé, au présent et au futur est intensifié, de sorte que le passé renvoie à une relecture de vie à se réapproprier, le présent reformule une hiérarchie des valeurs, alors que l’ici et maintenant devient central, et le futur fait ressurgir l’angoisse de l’inconvenable » (Lamau, 1994 : 422). Chaque minute compte pour le patient et les proches et il importe, pour le soignant en présence, de reconnaître les signes lorsque le malade interpelle quelqu’un à devenir témoin de sa démarche. L’intensité du moment présent signifie donc son importance en terme ...

LA PERSONNALITÉ - 116e partie

Les besoins spirituels du mourant Il y a donc souvent un malaise entourant les besoins spirituels des mourants de la part des soignants, incluant l’aidant. La théorie holistique, qui comprend les besoins spirituels, est endossée de tous, mais, dans la pratique, on sent un malaise à ce sujet – serait-ce représentatif de notre société qui a perdu ses repères et son identité spirituelle? Néron (1995 : 45) cite Croless (1990) à propos de cette « implication régulière des accompagnateurs avec les mourants et leurs proches (qui) peut éveiller les préoccupations spirituelles de l’accompagnateur ». Le malaise premier est qu’on est habitué à fonctionner sur le mode du faire et à rechercher des solutions. Devoir s’arrêter, écouter la souffrance de l’autre l’accueillir, voilà de quoi ouvrir un espace de sens que l’on ouvre rarement par rapport à soi-même – ce qui est très intense dans le moment et difficile à supporter. Plusieurs affirment de façon claire que la spiritualité en fin de vie est du ...

LA PERSONNALITÉ - 115e partie

Limites et responsabilités L’approche holistique implique que chaque soignant développe un niveau consistent de maturité spirituelle (Kendall, 1999 : 473). Dans un univers médical où les cadres sont habituellement bien définis, chacun doit se camper dans son rôle. Les responsabilités sont d’apporter d’abord de son bagage personnel et professionnel au mourant et aux proches, mais aussi d’accueillir les demandes spontanées qui peuvent déborder le cadre des soins d’ordre davantage psychosociaux ou relevant du mandat de l’aidant. À ce sujet, les questions d’ordre spirituel devraient être à son agenda, selon certains aidants du milieu, alors que d’autres affirment que cela dépend du degré d’aisance de l’intervenant dans le domaine spirituel et de la nécessité d’aller chercher la personne compétente. Valeurs et sens Bref, ce sont des valeurs qui placent la personne humaine, peu importe qui elle est, au centre du dialogue et des préoccupations. Salamagne (dans Gomas, 1993 : 24-31) souligne qu...

LA PERSONNALITÉ - 114e partie

Spiritualité et contenu religieux pour une meilleure compréhension Les auteurs s’entendent généralement pour dire que la spiritualité est plus vaste que la religion, qu’elle est personnelle et même floue. Tout de même, plusieurs d’entre eux fournissent de façon plus ou moins exhaustive des soins spirituels à prodiguer, par les soignants en général, incluant l’aidant, et non seulement par les membres du clergé ou du culte religieux. Mais d’abord il faut distinguer religion et spiritualité. La religion, qu’elle soit ancestrale, traditionnelle, millénaire ou nouvelle (caractérisée par les mouvements dits sectaires) est un système de croyances sur l’humain et les aspects de la vie, de la mort et de l’après-mort. Ce système est reconnu par un groupe de personnes et appuyé par des textes et autres sources fondateurs comme étant sacrés et révélés par Dieu, à travers les hommes. La religion est ainsi un cadre défini, avec ses références au temps à l’espace, avec ses lieux de culte ou d’express...

LA PERSONNALITÉ - 113e partie

Le conseiller significatif En soins palliatifs, les soignants respectent le fait que l’un d’entre eux soit choisi par un mourant pour devenir la personne significative. Ce choix de l’accompagnateur significatif se fait en douce, par le non verbal bien souvent. Les soignants vont s’en rendre compte alors qu’un mourant parle plus à l’un d’entre eux, s’ouvre plus, confie davantage une partie de sa vie privée et de son intimité. C’est avec cette personne qu’il va se confier davantage sur ses émotions et souvent aussi sur ses questionnements ou états d’âme spirituels. Longaker (1998 : 185) affirme à partir de son expérience que si la personne veut prier Dieu et qu’elle ne connaît pas de prière ou de rituel traditionnel, la personne accompagnante choisie par le mourant peut suggérer une prière spontanée, personnalisée pour le mourant. Toutefois, les aidants ne sont pas tenus par des normes explicites de leur pratique en ce qui a trait à ce « bout de chemin à faire », ces préoccupations spiri...