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Affichage des messages du février, 2010

LA PERSONNALITÉ - 112e partie

L’accompagnement du mourant L’aidant a un rôle de défenseur des droits et besoins du mourant et de ses proches. Il se fait témoins du mourant et revendique ce dont il a besoin, parfois à contre-courant du mouvement administratif du milieu, particulièrement dans certains hôpitaux d’ici et certains hospices américains. À l’intérieur de ces derniers, son rôle est placé à l’avant-scène en tant qu’intervenant crucial vis-à-vis les améliorations à apporter au nom du bien-être maximal du mourant. Il aide, entre autres, les proches du mourant et celui-ci à se préoccuper des questions ou préoccupations spirituelles, mais il aide aussi les soignants à comprendre les peurs, espoirs et désirs du mourant et à gérer leurs sentiments vis-à-vis les expériences de mort qu’ils côtoient (Bern-Klug, Gessert, Forbes, 2001 : 45). * à suivre *

LA PERSONNALITÉ - 111e partie

L’approche systémique auprès du mourant L’aidant est spécialisé dans l’approche systémique, très valorisée en soins pallatifs, où les intervenants travaillent avec le mourant sur tous les plans (physique, psychologique, émotionnel et spirituel), en considérant son environnement et ses systèmes. En effet, il est le spécialiste du système global du patient, de ses interactions avec son environnement, avec sa famille, avec ses proches, etc. Dans ses valeurs fondamentales professionnelles, ce dernier valorise l’empowerment de son client. Cela revient dire de redonner du pouvoir au malade sur sa maladie et les aspects qu’il contrôle encore. Bien souvent, cela se réduit à ce qu’il eut dire à ce qu’il exprime quant au sens ultime de sa vie. Pour certains, le malade qui découvre sa spiritualité reprend du pouvoir sur sa vie et ce rôle d’empowerment revient en partie à l’aidant (Aguilar, 1997 : 83-84). Lloyd dit à ce sujet que l’aidant, dans son rôle et ses compétences, devrait passer de la tra...

LA PERSONNALITÉ - 110e partie

L'Accompagnement du mourant Le rôle de l’aidant en soins palliatifs est : d’écoute, de soutien, d’information, de support aux soignants, d’outils psychosociaux d’intervention, comme la communication à offrir à la famille, l’accompagnement, faire dénouer les situations, éclairer les soignants sur la situation des malades, apporter une vision familiale et sociale des proches, avec une image globale du patient, jouer un rôle d’enseignement, même à l’extérieur, préparer à la mort, suivre le deuil, être médiateur, (défendre les besoins du patient), être agent d’adaptation, référer les patients à la bonne personne (compétente), démystifier le mourant et sa personne. On perçoit deux mouvements présents, à savoir le côté passif et le côté actif. Celui qui accompagne, davantage dans « l’être-là », l’ici et maintenant, et celui qui intervient au besoin. Aux États-Unis, le rôle de l’aidant en soins palliatifs est davantage actif (Richman, dans Encyclopedia of Social Work, 1995 : 1358-1362 et ...

LA PERSONNALITÉ - 109e partie

Accompagner le mourant L’approche holistique fait donc naître de l’ambiguïté autour des rôles des soignants, une certaine zone grise, que certains par contre voient comme une force. Cette zone grise part du fait que le patient est le guide de sa mort et que ses besoins, parfois spontanés, seront soulagés par quelqu’un d’autre que par le « spécialiste » désigné. Cette zone grise représente une délimitation parfois floue des rôles des différents intervenants en soins palliatifs. C’est cette ambiguïté qui permet la resocialisation du mourir, en permettant que les rôles soient interchangés, en faisant éclater les discours exclusifs de la science et des professionnels, afin que le sens du mourir soit réapproprié par les gens accompagnant le mourant, voire même, par extension, la société d’aujourd’hui (Renaud, 2002). La spiritualité même du malade est pleine d’ambiguïté et le cheminement qui peut éclairer émerge de lui-même, lorsqu’il se tourne vers la personne de confiance de son choix. Un ...

LA PERSONNALITÉ - 108e partie

Accompagner le mourant Céline Vanasse (1996 : 129) décrit l’accompagnement de la manière suivante : « Accompagner, c’est être là pour ouvrir un espace dans lequel il (le mourant) puisse faire ce dont il a besoin (…) il s’agit du drame de quelqu’un d’autre, et que vous n’êtes pas là pour le sauver ». Il s’agit de communiquer, de réconforter, de respecter l’autre dans son corps, ses convictions, son mystère, sa solitude, et d’être compétent. L’auteure cite J. Pillot à ce propos : « Accompagner quelqu’un (…) c’est savoir que l’on peut quelque chose dans la pire des souffrances, par la présence, les soins, la compétence, l’écoute, mais c’est aussi accepter la part d’inachevé, d’imperfection, d’insatisfaction de nos attentes (…) sans le vivre comme un échec personnel. » (Lamau, 1994 : 85). Ce qui étonne, c’est qu’en théorie tous les intervenants sont appelés à faire de l’accompagnement dans l’intervention. Mais en contexte de soins palliatifs, l’intervention est au service de l’accompagneme...

LA PERSONNALITÉ - 107e partie

Approche holistique dans le contexte des soins palliatifs. Toutes les associations, groupes et équipes de soins palliatifs recensés, ici et à l’étranger, définissent à peu près de la même façon l’approche holistique de ces soins. Il est étonnant de constater à quel point l’approche holistique, au départ anglo-saxonne, a évolué à travers le monde occidental. Que l’on aborde la littérature québécoise, canadienne, américaine ou européenne, plusieurs similarités se profilent. Malgré certains points divergents ou accents différents, on dénote des efforts de recherche, d’amélioration et de normalisation des pratiques. Qu’on pense, entre autres, à l’Association québécoise des soins palliatifs (AQSP) où à l’Association canadienne des soins palliatifs (ACSP), aux manuels très complets sur le sujet, l’approche globale ou holistique des soins y est présentée comme étant le soulagement des besoins physiques, psychologiques, sociaux et spirituels des mourants (Aguilar, 1997; ACSP. 2001; AQSP, 2002;...

LA PERSONNALITÉ - 106e partie

Accompagnement des mourants D'aucuns parlent de la spiritualité dans l'accompagnement du mourant et c'est le cas d'Éric Savoie. La question de la spiritualité peut paraître pour certains inappropriée, ce qui serait justement le revers symptomatique d’une société qui a évacué le sens de la mort, du mourir, et qui véhicule une vision personnalisée et souvent même fantastique de la mort, qui n’est pas près de la réalité. La culture « hollywoodienne » peut biaiser la perception de la réalité sur la mort et les valeurs qui sont produites et qui éloignent de cette réalité. Lorsqu’on questionne des personnes ayant vécu dans des sociétés autres que la nôtre, comme dans les pays d’Amérique du Sud ou d’Afrique, on constate que le rapport à la mort d’une société est culturel et reflète les valeurs en présence. Qu’est-ce que signifie la mort aujourd’hui au Québec? Comment est-elle représentée? Comment la vivons-nous? Au Québec, la mort survient la plupart du temps à l’hôpital. Les ...

LA PERSONNALITÉ - 105e partie

Certaines personnes seraient génétiquement programmées pour vieillir plus vite. Découverte de variants génétiques Des chercheurs ont identifié des variants génétiques associés au vieillissement biologique de l’homme, une découverte qui pourrait avoir des implications dans la compréhension des maladies liées à l’âge. « Ce que suggère cette étude, c’est que certaines personnes sont génétiquement programmées pour vieillir plus vite », a indiqué un des chercheurs du King’s College de Londres, Tim Spector. Les chercheurs font la distinction entre deux types de vieillissement, le premier « chronologique », lié à l’âge d’un individu, et le second « biologique », lié au vieillissement de ses cellules. L’horloge qui contrôle le vieillissement des cellules est le raccourcissement des télomères, des structures d’ADN situées à l’extrémité de chromosomes. « Les individus naissent avec des télomères d’une certaine longueur, et dans de nombreuses cellules, les télomères raccourcissent lorsque ...

LA PERSONNALITÉ - 104e partie

Redéfinir son appartenance sociale Considérons maintenant le deuxième grand défi à relever au troisième âge, la seconde tâche développementale propre à cette étape du cycle de vie : maintenir un système d’appartenance sociale toujours aussi fort malgré les obstacles qui s’y opposent. La retraite dont il est ici question concerne toutes les personnes vieillissantes, et pas seulement celles qui sont sur le marché du travail : prise dans son sens général, elle désigne l’obligation d’abandonner graduellement ses activités dans la société à cause du vieillissement. Chacun vit sa retraite particulière et surtout avec sa mentalité bien à lui. Il y a autant de styles de retraite qu’il y a de retraités. Mais quand on y regarde de près, on se rend compte qu’on peut ramener tous les retraités à deux grandes catégories : il y a ceux qui, en prenant leur retraite, sont descendus du train, et il y a ceux qui ont simplement changé de siège à l’intérieur du train. En d’autres termes, il y a la retr...

LA PERSONNALITÉ - 103e partie

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Changer ses valeurs Considérons d’abord l’inévitable évolution des valeurs qui doit s’opérer au troisième âge. Le vieillissement suscite bien des prises de conscience et l’une des toutes premières est provoquée par la retraite. La première chose en effet qui nous frappe après avoir pris notre retraite, c’est que nous avons désormais un problème d’identité. Nous savons que l’identité personnelle est la réponse que chacun se donne à lui-même à la question : « qui suis-je, et qu’est-ce que je vaux? » Or pendant toute notre vie, nous avons pris l’habitude de nous présenter nous-mêmes en nous référant à nos rôles sociaux, surtout nos rôles professionnels et civiques. De même, nous avons toujours trouvé normal de nous valoriser en disant que nous sommes un bon père ou une bonne mère, un bon travailleur social, un bon animateur communautaire, un bon administrateur, etc. Imaginons maintenant la situation suivante : Étant retraitée, une travailleuse sociale est invitée à prononcer une conférenc...

LA PERSONNALITÉ - 102e partie

Une deuxième adolescence Qu’est-ce que le troisième âge? Pour rendre compte de la spécificité de cet âge, on peut appeler cette période de notre vie « l’adolescence de la vieillesse ». Évidemment, on perçoit ici une intention de comparaison avec la première adolescence. Mais il n’y a là aucune idée de régression : au troisième âge, on ne redevient pas adolescent. D’un autre côté, il y a plus qu’une comparaison : le troisième âge est réellement une adolescence, c’est la deuxième adolescence. Comparons en effet ce qui se passe à la première adolescence et au troisième âge, toute proportion gardée, nous pouvons observer les mêmes phénomènes. La première adolescence est cette période de notre vie où l’enfant que nous étions a appris à être adulte….parce que l’âge adulte, ça s’apprend. Le troisième âge est cette période de notre vie où nous apprenons à vieillir….parce qu’être vieux, cela s’apprend aussi. Même si l’âge adulte est une étape naturelle dans la vie, la réussite du passage ...

LA PERSONNALITÉ - 101e partie

Le troisième âge Pour relever un tel défi, il n’y a pas de recettes, de trucs ni même de méthodes. C’est essentiellement une question de cheminement personnel. Cependant, les conditions dans lesquelles nous vieillissons peuvent favoriser ou défavoriser ce cheminement. Or parmi les conditions actuelles, en ce millénaire, il en est une qui est très favorable et dont il faut savoir tirer parti pour apprivoiser la vieillesse : il s’agit de l’émergence au XXIe siècle d’un phénomène nouveau, le troisième âge. L’espérance de vie considérablement augmentée depuis le début de l’ère industrielle. De trente-huit ou quarante ans, elle est passée à près de quatre-vingt ans. Aujourd’hui, si nous faisons commencer la vieillesse à soixante-cinq ans, cette étape du cycle de la vie peut être fort longue : elle peut durer facilement de vingt à vingt-cinq ans, et même dans des cas de plus en plus fréquents de trente à trente-cinq ans. Or pour désigner cette étape du cycle de la vie, on emploie un s...

LA PERSONNALITÉ - 100e partie

LA VIEILLESSE Qui a dit que la vieillesse était un naufrage! Vieillir en l’an deux mille pose les mêmes défis que dans les siècles passés. Ceux qui vieillissent aujourd’hui se rendent vite compte que la première condition pour bien vieillir est toujours la même, rien n’est changé : il faut apprivoiser la perspective de son propre vieillissement. Apprivoiser la vieillesse signifie se réconcilier avec cette idée, ne plus en avoir peur pour arriver à l’accepter. Observons ceux qui vieillissent mal, ils ne sont pas rares. La plupart du temps, point n’est besoin d’une analyse bien poussée pour découvrir la cause de leur échec : ils n’acceptent pas de vieillir. Apprivoiser la vieillesse pour l’accepter. Mais de quelle acceptation s’agit-il ici? Se résigner à vieillir ne suffit pas. On se résigne à un mal inévitable et comment serait-il possible d’envisager un bonheur propre à la vieillesse si l’on en avait une vision aussi négative? La vieillesse est une saison du cycle de la vie, et pourquo...

LA PERSONNALITÉ -- 99e partie

CONCLUSION Le passage du travail à la retraite est perçu comme un symbole de vieillissement; pour plusieurs, la retraite est synonyme d’arrêt, d’incapacité. Cette perception négative peut causer de l’appréhension, de l’anxiété, chez l’ex-travailleur voire même le traumatiser. En effet, comment un individu peut-il se sentir relativement jeune et bien portant quand la société reconnaît qu’il est trop vieux pour continuer à travailler? Ainsi, la retraite comme synonyme d’inactivité, de mise au rancart, reste une perception profondément ancrée chez plusieurs personnes. Le statut social d’un individu correspond à un rang, à une position, qui le situe dans l’échelle de valeurs de la société. Que cela soit au sein de la famille ou d’un groupe, au bureau ou à l’usine, les responsabilités et le rôle attribués à chaque individu le dotent d’un statut social. En perdant les responsabilités et le rôle conférés par le travail, le retraité est confronté du même coup à une perte ou à un changement...

LA PERSONNALITÉ -- 98e partie

Perspective d’avenir Nous croyons que les retraités écopent tout comme les handicapés, les femmes et les délinquants des caractéristiques d’un groupe minoritaire. Dans l’enseignement universitaire ici (Université de Montréal), nous n’échappons pas à cette tendance puisque dans le corpus des cours du certificat en gérontologie, on y retrouve un cours de 45 heures portant sur la marginalisation des personnes âgées. Notons que même si l’étude du concept de soi chez les retraités a pris une place considérable au sein de la recherche, la multitude des résultats divergents nous laisse perplexe. Malgré l’existence de quelques résultats convergents, il demeure impossible pour nous de tirer de véritables conclusions en ce qui a trait au concept de soi. Il faudrait également se questionner face à l’influence de tels résultats sur l’image de soi du retraité. Les nombreuses interrogations soulevées par L’Écuyer (1978) et Breytsprak (1984) quant à l’étude du concept de soi chez les personnes âgé...

LA PERSONNALITÉ -- 97e partie

ADAPTATION À LA RETRAITE ET PROSPECTIVE En dépit de ce qui a été mentionné précédemment, il existe de toute évidence des retraités qui maintiennent leur identité (Athley, 1972). Comme le souligne le présent rapport : Des études réalisées sur l’adaptation à la retraite n’ont pas permis de mettre en évidence une incidence élevée des traumatismes si souvent associés à l’abandon du travail. En effet, elles tendent plutôt à démontrer que ce tournant apparemment dramatique dans le mode de vie semble s’effectuer avec succès dans la majorité des cas (Conseil Consultatif National Sur Le Troisième Âge, 1983, p. 15). Kalish (1975) est également d’avis que les retraités peuvent s’adapter malgré toutes les pertes et bouleversements de tout ordre (mentionné dans l’Écuyer, 1978). Toutefois Reboul (1973), présume que l’adaptation à une vie nouvelle se fera différemment selon le vécu de chacun et sa capacité de s’adapter au présent. Perry (1980) quant à lui, propose d’adopter une attitude positive et...

LA PERSONNALITÉ -- 96e partie

De toute la littérature consultée, rien n’indique que la variable perception de soi n’a été analysée en fonction des besoins des retraités. Pourquoi choisir l’approche phénoménologique? Cette approche a pour objet la description de l’expérience vécue (Giorgi, 1970 et 1978; l’Écuyer, 1975 et 1978; McLeod, 1972; Valle et King, (1978). L’approche phénoménologique se marie très bien avec l’apport de la psychologie humaniste (Rogers, 1961; Morris, 1966) et de la psychologie humaniste (Rogers, 1961; James, 1926; Maslow, 1962 et 1969; Perls, 1976; Allport, 1971). Comme disait Sabourin, 1981, p.19 : …le concept de soi constitue une structure phénoménale, i.e., une portion différenciée du champ de conscience qui regroupe toutes les perceptions qu’un individu a de lui-même, perceptions qui sont investies d’un jugement de valeur et organisées de façon consistante. La perception de soi dans une perspective phénoménologique globale a fait l’objet de premières études par Combs et Snygg (1959), Perr...

LA PERSONNALITÉ -- 95e partie

LA PERCEPTION DE SOI ET L’APPROCHE PHÉNOMÉNOLOGIQUE L’idée d’étudier le processus du vieillissement dans une perspective phénoménologique a été accueillie favorablement par Thomae (1970), Baltes et Goulet (1971), Riegel (1972), Nardi (1973), L’Écuyer (1978 et 1982), Dallaire (1979), Baulu-Macwillie (1981) et Sabourin (1981) mais le premier élan a été donné par Bugantal et Zelan (1950), suivi de Kuhn et McPartland (1954), McPartland et Cummin (1958), Wylie (1961) et Gordon (1968 et 1969). Ces auteurs ont démontré la validité de l’approche phénoménologique en science par l’analyse des protocoles recueillis en réponse à une question du qui-es-tu ou who are you. La perception de soi en rapport avec le développement de la personnalité a été explorée sous deux angles. Lewis (1979) a choisi l’approche constructiviste tandis que Reese et Overton (1970) avec Werner (1967) ont choisi l’approche organismique. Dans cette nouvelle optique, l’homme est conçu comme un être actif en pleine évolution t...

LA PERSONNALITÉ -- 94e partie

Éclatement du moi Nous constaterons, par le biais des recherches portant sur la retraite et ses impacts, que la majorité des personnes arrivant à leur retraite vivent une crise d’adaptation plus ou moins longue selon leur statut social. De fait, nous observons certaines manifestations de comportement de détresse psychologique chez les retraités qui n’ont plus continué de s’actualiser à travers le registre de comportements prescrits par notre société. Simard (1981) nous explique que les manifestations de peur, d’angoisse et d’inhibition sont liées à la perte d’ancrage économique, social affectif. Après la période d’éclatement du moi, il y a accumulation d’un surplus énergétique ou d’une force personnelle non utilisée, situation entrainant par le fait même des comportements tels que ceux mentionnés ci-haut. La maladie, la dépression, le suicide représentent également des avenues pour ceux et celles qui ne parviennent pas à surmonter la crise de la retraite. L’absence de miroir signifi...

LA PERSONNALITÉ -- 93e partie

LA RETRAITE ET LA PERTE DU MOI Nous pouvons associer, à un événement comme celui de la prise de la retraite, la perte successive des éléments constituant le concept de soi (revenu, statut social, rôle, prestige, reconnaissance, relations sociales, etc.,). À ce sujet Balier (1982), nous dit que le retraité ne conserve plus ses relations sociales par crainte de rencontrer chez ses compagnons une image dévalorisée de lui-même. Il tient l’autre à distance et de ce fait, il accentue la perte de souplesse de sa personnalité. Les changements qui surviennent à la retraite apportent irrémédiablement des modifications dans les comportements de l’individu. La mise à la retraite provoque une remise en question des habitudes et des manières de penser du retraité. Autant le travail était source d’autonomie, autant la retraite amène une dépendance sociale et économique. C’est pourquoi le retraité se trouve mis au rancart et il sent très bien qu’il perd son identité. Cette mise à l’écart par la pri...

LA PERSONNALITÉ -- 92e partie

Une retraite en douceur ou en douleur La plupart des auteurs s’entendent pour dire que la mise à la retraite est un processus qui ébranle la personnalité du retraité. Kuhlen (1959) fait remarquer que l’image de soi devient négative à partir de cinquante ans. Simard (1980) laisse entendre que le concept de soi est le résultat d’un processus interactif entre l’individu la société. L’éclatement du moi du retraité engendre un déséquilibre qui provoque une crise d’identité ou du moins certaines modifications internes de l’image de soi. Balier (1982) affirme qu’une remise en question de l’identité de l’individu est inévitable à la retraite. Son nouveau rôle de retraité n’est pas approuvé par la société. Le retraité aura de la difficulté à s’adapter à sa nouvelle situation et aura possiblement tendance à s’isoler. C’est donc dire qu’au moment de la retraite, le soi personnel et social s’en trouve désajusté. Les valeurs sociales assimilées et encore valorisées deviennent une fois à la retraite...

LA PERSONNALITÉ -- 91e partie

Les impacts et les changements chez les retraités La retraite implique une dépendance économique des individus face à la société et elle dévalorise le retraité (Guillemard et Lenoir, 1974). Le travailleur âgé trouve parfois humiliant de recevoir un revenu sans le gagner à travailler. Gagner son pain à la sueur de son front est un leitmotiv souvent présent dans la pensée des vieux travailleurs. Il s’agit là d’un vieil héritage du jansénisme et de l’éthique protestant du travail. Le fait de se sentir dans une catégorie à part, c’est-à-dire faire partie de la population dépendante plutôt que de la population active, engendre un sentiment d’insécurité, d’infériorité et de dévalorisation. Par contre Guillemard signale que le droit à la pension corrige graduellement cet état de fait. Au moment de la retraite, le travailleur perd son statut; il devient un vieux (Barus-Michel, 1981). Son exclusion de la sphère du travail affecte l’ensemble de ses rapports avec les amis, sa famille et son...

LA PERSONNALITÉ -- 91e partie

En ce qui a trait à l’étude du concept de soi chez les retraités, précisions que celle-ci a pris une place de plus en plus considérable au niveau de la recherche. Néanmoins, il faut reconnaître le peu d’études qui ont été menées concernant les transformations du concept de soi depuis l’enfance jusqu’à la vieillesse. Dans le cadre de cette recherche, nous allons examiner les raisons possibles qui portent à croire que la mise à la retraite engendre des modifications au niveau de la perception de soi. Pour ce faire, nous allons nous pencher sur le phénomène de la retraite et nous analyserons ses impacts sur le retraité. De plus, nous tenterons d’identifier les changements majeurs qui en découlent. Nous apporterons une réflexion sur l’inégalité sociale et la retraite. Enfin, l’analyse des mécanismes jouant un rôle dans le maintien du concept de soi sera également considéré. La notion de retraite telle que nous la connaissons aujourd’hui émerge de l’industrialisation avec la montée du ...

LA PERSONNALITÉ -- 90e partie

LA RETRAITE ET LE CONCEPT DE SOI Avant d’aborder le concept de soi chez les personnes âgées à la retraite, nous désirons brosser un tableau concernant les origines de ce dit concept. Empruntée initialement à la philosophie, la notion du concept de soi fut largement approfondie par de nombreux chercheurs. Depuis les trente dernières années, on constate que la plupart des auteurs se consacrant à l’étude de la personnalité, se sont parallèlement intéressés au domaine du concept de soi. Cependant la définition et la structuration du soi laisse planer de profondes ambiguïtés de par l’existence de modèles conceptuels différents. De fait, certains auteurs définissent le soi comme un processus dynamique alors que d’autres le décrivent en tant qu’objet. La notion de concept de soi semble non seulement équivoque mais elle se complique parce que certains chercheurs la considère comme concept unidimensionnel (Bertocci, 1945; Coley, 1902; Mead, 1934; Rogers 1951) alors que d’autres le définissen...

LA PERSONNALITÉ -- 80e partie

PARTIE III LES ÉTUDES EMPIRIQUES SUR LA PERCEPTION DE SOI INTRODUCTION La notion de concept de soi est issue de la psychologie allemande. Elle a été introduite aux États-Unis par James (1890), puis reprise par Rogers (1951 et 1968) qui a su en montrer toute l’utilité sur le plan de l’intervention psychothérapeutique. Au Québec, L’Écuyer (1975 et 1978) a relancé l’étude du concept de soi. Ses plus récents travaux y englobent tout le cycle de la vie. L’Écuyer, 1985, p. 3 souligne que : Depuis, le domaine du concept de soi a pris un essor extraordinaire et on en retrouve des applications partout : en psychologie normale et pathologique, en psycho-diagnostic, en psychiatrie, en rééducation, en psychologie individuelle et sociale, etc. Baulu-Macwillie (1981) soulève l’intérêt et la portée de la perception de soi chez l’adulte en ces termes : C’est un fait d’expérience quotidienne que d’entendre les adultes et les enfants parler d’eux-mêmes, de leur manière d’être, de leurs convictions, ...

LA PERSONNALITÉ -- 79e partie

-observations relatives au travail et à la retraite Les auteurs de cette étude ont formulé une hypothèse, qui s’est d’ailleurs confirmée dans les sociétés analysées; hypothèse voulant que le statut des personnes âgées soit plus élevé dans les sociétés où on leur permet d’exercer un travail utile et valorisant. Ils notent également que ce qui importe pour la personne âgée, ce n’est pas tant le travail accompli que la valeur accordée à ce travail par la société. Les mêmes auteurs affirment que la retraite est une invention moderne que l’on ne trouve que dans les sociétés hautement productives. Et cela est vrai, en particulier si l’on définit la retraite comme la cessation totale des activités principales par lesquelles on obtenait la majeure partie de son revenu et de sa subsistance, pour des raisons autres que la santé. Les auteurs terminent leurs observations sur la question du travail et de la retraite en affirmant, sur la base d’analyse transsociétale, que le désengagement n’est pa...