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Affichage des messages du février, 2009

Toxicomanie Regard Anthropologique 1e partie

Les Anglophones s’interrogent d’une manière beaucoup plus réaliste : « pourquoi y a-t-il dans un certain nombre de cas usage abusif (abuse) ou mésusages (misuse) de psychotropes, et comment éviter ces comportements? » sur ce point, une comparaison est fort éloquente, les titres d’ouvrages publiés respectivement en France et aux USA. Aux best-sellers français « il n’y a pas de drogués heureux, » ou « la drogue ou la vie », on peut opposer aux U.S.A. « The facts about drug abuse » ou encore « the substance abuse problems ». Mais comment distinguer entre usage et abus ou mésusage de drogues? Chez les anciens Grecs, médicament et poison ne constituaient qu’un seul concept, celui de « pharmakon’, qualifiant toute substance dotée d’effets simultanément positifs et négatifs pour l’usager. Les psychotropes sont des pharmakon, des substances à la fois gratifiants et toxiques. Dès lors, tout usage de substances psychoactives peut se définir comme un rapport des effets positifs sur les effets nég...

Toxicomanie Regard Sociologique 9e partie

Regard Anthropologique Pour Ronald Verbeke, parler de toxicomanie c’est pouvoir poser les vraies questions : « Face aux comportements d’usage de drogues illicites, on en est toujours, dans nos sociétés francophones, à se poser la question : « pourquoi ces usages? » et à chercher une pathologie sous-jacente à ces comportements. La réponse est pourtant claire. Ces usages ne s’expliquent-ils pas tous, en fin de compte, du moins en occident, par la recherche d’états de conscience plus gratifiants, donc par la quête d’un peu plus de bonheur ou d’un peu moins de malheur? Certains parleront de plaisir plutôt que de bonheur de stress ou dépression plutôt que de malheur. Mais est-ce tellement différent? Dès 1929, dans « Das Unbehageninder Kultur », Sigmund Freud écrivait « l’action des drogues est à ce point appréciée et reconnue comme un tel bienfait dans la lutte pour assurer le bonheur ou éloigner la misère que des individus et même des peuples entiers leur ont réservé une place perman...

Toxicomanie Regard Sociologique 8e partie

Fénichel (1945) a introduit la notion de toxicomane sans toxiques et a ainsi individualisé la personnalité toxicomane dominée par la dépendance orale. Le trait caractéristique de la toxicomanie avec ou sans drogue est l’impulsivité. Cette impulsivité irrésistible se traduit par le désir impérieux d’une satisfaction urgente. Cette impulsivité spéciale du toxicomane témoigne de l’insuffisance de l’adaptation à la réalité. Le désir est si fort que le toxicomane est incapable d’en retarder la satisfaction. C’est par conséquent le passage à l’acte qui se substitue à la réflexion. Charles-Nicolas dira que « ce qui caractérise le passage du désir au plaisir du toxicomane est son immaturité, immaturité qui se spécifie dans la régression du moi à l’oralité ». L’homme consiste en un réseau d’interactions entre les variables physiologiques, psychologiques et socio-culturelles. Deux systèmes de force sont en présence : la personnalité et le milieu environnement. La plupart du temps, il existe...

Toxicomanie Regard Sociologique 7e partie

Une autre enquête, menée auprès de 1,636 étudiants de trente-huit écoles du niveau Secondaire de la région métropolitaine de Montréal, cette fois, démontre que 68,7% de l’ensemble des répondants consomment occasionnellement, régulièrement, ou très souvent de l’alcool. L’alcool est, selon cette enquête, la drogue la plus populaire, plus populaire que la cigarette et le cannabis. Les jeunes alcooliques ont peu de résistance face aux exigences de la réalité, que ce soit aux plans conjugal, familial, professionnel, ou même devant certaines exigences personnelles telle la vie sexuelle, des sentiments d’agressivité, des besoins de sécurité, de valorisation de soi. Selon Cahn et Krimmel (voir Brochu et Duplessis 1980), l’alcoolique désire retourner au stade de passivité de l’enfance. Devenu adulte et devant se confronter inévitablement aux frustrations, l’alcoolique découvre dans l’alcool une double solution magique qui lui permet d’éloigner des difficultés et de s’octroyer un plaisir narc...

Toxicomanie Regard Sociologique 6e partie

« Au bout de ses études, il croira, néanmoins, pouvoir trouver un job. Ça ne marchera pas. Alors, il boira un peu plus pendant les weekends, il se mettra à boire durant la semaine et il finira par boire une caisse de bières par jour. Au bout d’un certain temps, il quittera son foyer parce qu’il ne s’y sent plus à son aise pour boire, il ne lui restera plus que les brasseries et les tavernes. Enfin, il se sentira diminué physiquement, il aggravera ses conflits familiaux et sociaux, il manquera d’argent… Il arrivera au bout de son rouleau en moins de deux ans. Il aura alors 22, 23 ans. « Quelques-uns d’entre eux aboutissent chez nous, ils sont rares. Nous les traiterons. Mais, le taux de réussite pour l’alcoolisme est faible : autour de dix pour cent… ». Alors qu’est-ce qu’il faut faire? « En parler, Ah! Ça oui, il faut en parler. Et, déjà, au niveau Secondaire, il commence à être un peu tard pour en parler, puisque nous avons affaire à un bon pourcentage de consommateurs ». Là-d...

Toxicomanie Regard Sociologique 5e partie

Les jeunes et l’alcool Difficile d’en tracer un portrait-type, mais, plus souvent autrement, nous remarquons qu’il est de ceux qui ont pris leur premier verre en cachette à la maison, à l’occasion d’un party des parents. C’était quand il avait dix ou douze ans. Deux ou trois ans plus tard, il commence à boire en compagnie d’amis. Pendant tout le temps qu’il fait son Secondaire, selon qu’il réussit dans ses études et selon qu’il se sent accepté chez lui, il se servira de l’alcool comme moyen d’évasion. D’une occasion pour boire deux, trois bières une fois par mois à une fois par semaine, il arrivera à la fin de son Secondaire V à consommer plus d’une dizaine de bouteilles de bière par semaine. Puis, au Cégep, où il est beaucoup plus laissé à lui-même qu’au Secondaire, où il vivra le stress des difficultés d’admission à l’université ou sur le marché du travail, il sombrera encore un peu plus dans l’alcool. * à suivre *

Toxicomanie Regard Sociologique 4e partie

Le paradigme de l’anomie sociale de Durkheim-Merton L’anomie selon Durkheim : Des études en sociologie sur la déviance des drogues et de l’alcool s’en tiennent avant tout sur 1) des compilations statistiques sur la proportion des diverses populations nationales atteintes où elles retracent l’évolution des modèles de consommation. 2) des simples corrélations linéaires entre deux variables telles que le genre, le revenu et la strate sociale. La sociologie recherche dans les systèmes sociaux et dans les structures qui les composent la source principale du comportement humain sous toutes ses formes. Le comportement toxicomane est donc ainsi une conséquence du système du genre d’organisation des structures sociales qui président aux échanges entre les humains. Selon Merton : Sorte de typologie des comportements ou de modes d’adaptation individuelle. 1) Conformiste : attribut de la personnalité que le signe de l’accord existant sur le plan comportement entre la person...

Toxicomanie Regard Sociologique 3e partie

Le prototype de la recherche sociologique Pour la sociologie, le comportement n’est déterminé ni par l’histoire individuelle de la personne, ni par son mode immédiat d’interaction avec l’entourage, mais par l’organisation de la société dans laquelle elle prend place. Toute déviance provient d’une situation où se trouve la personne ou un groupe de personnes car l’intérêt ne porte pas d’abord sir la personne comme tel. On s’occupe des structures plus larges : Le chômage Les conditions de vie Les conditions de travail Structures sociales : Famille Quartier Ville Nation L’accent est placé sur les qualités de situation les éléments structuraux à leur hiérarchisation aux échanges interactionnels. Deux catégories de devis expérimentaux sont ainsi privilégiées par cette approche (Cohen 1966) a) le modèle situationniste : la dimension prédominante est la situation elle-même c’est-à-dire ses caractéristiques, ses qualités, ses propriétés. b) le modèle interactionniste : amalgame des variables de...

Toxicomanie Regard Sociologique 2e partie

Au plan sociologique, les soldats sont placés dans une situation particulière incohérente : combattre dans des conditions pénibles, mal préparés mentalement. Ils se retrouvaient dans une situation de brassage d’opinions contradictoires. Dans ces considérations, il était difficile de départager les motifs d’intérêts économiques et de lutte de pouvoir, des arguments proprement idéologiques toujours mis de l’avant par les porte-parole proches de Pentagone. Le verdict était souvent quasi unanime d’immoralité pour les Américains. Une situation propice à la désorganisation sociale et personnelle subséquente. Une situation psychosociale dans laquelle la fidélité à la loi de la nation exigée est, par ailleurs, décriée comme étant illégale et ne servant pas les meilleurs intérêts de la nation même. Une situation de conflit existentiel et d’anomie pour les soldats qui étaient dans des conditions pénibles et intolérables. Voilà ce que nous retrouvions. Alors de...

Toxicomanie Regard Sociologique 1e partie (suite de Toxicomanie et la Femme 26e partie)

Le fait historique concernant l’usage des psychotropes s’avère intéressant en ce qui a trait en particulier à l’explication sociologique de la toxicomanie, nommément la participation américaine à la guerre d’Irak. Deux événements particulièrement malheureux ont marqué cette participation : 1. Le phénomène de désaffectation pour la « cause nationale » d’une large proportion de la jeunesse à servir sous les drapeaux et sa désertion vers des pays limitrophes plus tolérants. 2. La constatation d’une forte consommation de drogues chez ceux qui combattaient à l’Irak. Ce deuxième phénomène apporte une influence de la dimension sociale sur le problème de la toxicomanie. Plus de 80% des soldats américains se sont adonnés à la consommation des psychotropes. Plus de 30% de la population totale des combattants faisaient usage d’opiacés. Une fois revenue d’Irak, la grande majorité d’entre eux ont cessé toute consommation sans aucune intervention extérieure particulière. Environ 7% ont été estimés p...

Toxicomanie et la Femme 26e partie

La femme et la vie sexuelle. Ce fléau de l’alcoolisme s’infiltre aussi dans un autre domaine de la vie féminine. Plusieurs femmes vivent une attitude négative face à la vie sexuelle. Depuis quelques années la société a évolué en ce domaine. Il reste encore beaucoup de tabous sur le sujet. Combien de femmes ont peur de dire à leur homme ce qu’elles désirent vivre dans leurs relations sexuelles. Elles ont peur de blesser leur orgueil de mâle, peur d’un manque de compréhension, peur de paraître une femme dégradée, peur d’être accusée d’infidélité, peur de se faire juger, peur de se sentir coupable sur le plan religieux et peur de n’être pas « normale ». D’autres sont aux prises avec un homme exigeant qui ne les respecte pas et ne leur donne aucun répit d’où s’ensuit parfois la frigidité. D’un côté comme de l’autre elles cherchent à s’évader et à vivre sans trop sans rendre compte des moments qui pour elles sont pénibles. Elles recourent à l’alcool. La consommation devenant de plus en plus...

Toxicomanie et la Femme 25e partie

La femme au foyer Le danger de l’alcoolisme guette aussi la femme demeurant au foyer. Après quelques années de mariage, la routine s’installe. La femme qui a coupé avec ses amitiés pour s’attacher à son mari et à ses enfants se retrouve seule avec un homme de plus en plus grugé par son travail, ses loisirs ou autres activités. Les enfants grandissent, ils ont moins besoin de son aide et souvent ils deviennent une source de problèmes. À cela s’ajoutent les questions d’argent. Solitude, tension, routine, problèmes d’insécurité…Comment échapper? Comment réussir à ne pas y laisser sa peau? Elle commence à boire question de relaxer. Puis un jour, les difficultés s’accumulant, elle consomme davantage et s’enivre pour oublier. Honteuse de s’être laissée aller, elle cherche de nouveau à fuir en rechutant et c’est l’engrenage. Peu à peu, elle néglige sa maison, ses enfants, son mari et sa propre personne. Elle perd le goût de créer, de cuisiner, de s’occuper. Elle désire s’en sortir mais ne le ...

Toxicomanie et la Femme 24e partie

Le phénomène de l’alcoolisme chez la femme. Le phénomène de l’alcoolisme chez la femme est un fait. De plus en plus de femmes incapables de supporter le stress inhérent à la vie moderne cherchent à oublier ou à alléger leurs problèmes dans la consommation de l’alcool. « L’alcool, dans notre civilisation est un moyen pour dissiper l’appréhension, l’anxiété et les tensions, pour établir et maintenir certaines relations sociales, familiales et économiques. Il est aussi très souvent associé à une fête, à une célébration, à des vacances. Il est facile à obtenir et constitue un modèle de comportement des parents, des amis. » Il n’est donc pas étonnant que de plus en plus de femmes y succombent. Dans ce texte nous traiterons des points suivants : La femme dans ses relations sociales La femme au foyer La femme et la vie sexuelle La femme dans ses relations sociales La société demande beaucoup à la femme. La publicité nous la montre belle, sans cheveux gris, sans rides, dotée d’un silhouette...

Toxicomanie et la Femme 23e partie

Syndrome alcoolique fœtal. On a constaté que la consommation d’alcool pour une femme durant sa grossesse risque d’avoir des effets néfastes sur le fœtus. Chez les enfants, le profil de malformations caractéristiques, appel syndrome alcoolique fœtal (S.A.F.), se présente ainsi : une dysfonction du système nerveux central, une déficience dans la croissance physique, une apparence faciale caractéristique du syndrome. Le S.A.F. n’est pas un phénomène du tout ou rien mais se manifeste le long d’un continuum, les symptômes étant plus ou moins exhibés chez un même individu. Parmi les travaux qui rapportent des cas de S.A.F., dans presque tous les cas, les mères étaient de fortes consommatrices d’alcool durant la grossesse. La fréquence de manifestation du syndrome au Canada ne nous est pas connue mais certains avancent prudemment les chiffres de un cas pour 257 naissances à un cas pour 900 naissances. Sans doute faut-il penser que les effets alcooliques fœtaux ont une prévalence plus élev...

Toxicomanie et la Femme 22e partie

Certains indices font penser qu’on se trouve devant une augmentation de consommation abusive d’alcool chez les femmes et donc aussi des problèmes qui s’y apparentent (Russel, 1977, p. 275), Little, Schull et Mandell (1976) ont affirmé que deux pour cent des femmes enceintes de la classe moyenne consomment plus d’une once d’alcool (environ deux verres) par jour. Rosett, Ouellette, Weiner et Owens (1978) ont évalué un taux encore plus élevé de consommation chez les femmes enceintes de condition socio-économique inférieure (15% des 322 femmes ont été jugées comme étant de grandes consommatrices d’alcool, buvant en moyenne 5,8 onces d’alcool absolu par jour). Si la fréquence de la consommation d’alcool et la quantité d’alcool consommé sont à la hausse chez les femmes, on peut s’attendre à ce que l’incidence du syndrome alcoolique fœtal augmente à l’avenir. Les indices laissant penser que la consommation intermittente de grandes quantités d’alcool à des stades déterminés de la grossesse ...

Toxicomanie et la Femme 21e partie

Déficience mentale. Les études effectuées jusqu’à maintenant signalent que la déficience mentale, à des degrés variables, constitue probablement le handicap le plus frappant que l’on retrouve chez les enfants qui présentent le syndrome alcoolique fœtal (Streissguth, 1976, p.140). On a essayé de diverses façons d’évaluer le degré d’arriération mentale liée à l’affection. Une étude antérieure effectuée par Streissguth (1976) signalait qu’à sept ans, les enfants de 18 femmes choisies rétrospectivement pour avoir été alcooliques pendant la grossesse, présentent un QI beaucoup lus bas que les enfants du groupe témoin (QI moyen de 81 par rapport à 95 pour les témoins). Le rapport apparemment élevé de déficience mentale pour les sujets témoins s’explique probablement par les variables socio-économiques, étant donné que les sujets étaient appariés aux mères alcooliques pour un certain nombre de variables. Jones, Smith et Streissguth (1974) ont étudié 23 enfants de mères alcooliques chroni...

Toxicomanie et la Femme 20e partie

L’alcool est une petite molécule qui traverse les membranes cellulaires et se distribue dans tous les tissus de l’organisme. L’éthanol passe de la mère au fœtus par le placenta, et la concentration d’alcool dans le corps du fœtus est à peu près égale à celle de la mère (Abel, 1980; Hanson, Streissguth et Smith 1978; Randall, dans Blum, 1977). Le fœtus élimine cependant l’alcool à environ 50% du taux de l’adulte par diffusion passive à travers le placenta lorsqu’il lui renvoie (Abel 1980; Wagner, Wagner et Guerrero, 1970); le taux d’élimination de l’alcool par le fœtus dépend donc du taux d’élimination de la mère (Abel 1980). Si la mère consomme généralement beaucoup d’alcool, il est très possible qu’à certains moments le fœtus soit exposé à une concentration continue de l’alcool. D’autres chercheurs ont essayé de délimiter le mécanisme par lequel l’alcool affecte le fœtus. Ulleland 1972 a affirmé que « l’alcoolisme chronique peut être ajouté à juste titre à la liste des facteurs m...

Toxicomanie et la Femme 19e partie

Syndrome alcoolique foetal Le syndrome alcoolique fœtal serait causé par une exposition à l’alcool. Cependant, le mécanisme exact par lequel l’exposition à l’éthanol engendre des effets nocifs est encore largement inconnu et fait l’objet de nombreuses spéculations. Clarren, Alvord, Sume, Streissguth et Smith (1978) ont fait l’autopsie de cerveaux de quatre nourissons, tous décédés au cours des dix premières semaines suivant leur naissance. Tous étaient des enfants de mères alcooliques et tous avaient été exposés à de grandes quantités d’éthanol à des intervalles fréquents au cours de la gestation. Ces auteurs ont noté une variété de malformations et émis l’hypothèse que l’exposition in utero à l’éthanol pouvait engendrer des anomalies structurales du cerveau. Ils ont aussi constaté qu’il y avait une corrélation entre les malformations cérébrales et le degré de consommation d’alcool par la mère. De là, ils ont postulé que la gravité du syndrome pouvait être lié à la quantité d’alco...

Toxicomanie et la Femme 18e partie

Traitement La majorité des travaux qui abordent l’efficacité thérapeutique des programmes de traitement n’effectue aucune distinction entre les résultats des hommes et des femmes ou ne comporte que des échantillons masculins. Conséquemment, il demeure impossible de conclure quant à l’efficacité réelle des programmes de traitement et quant à l’impact relatif des diverses modalités de traitement auprès des clientèles de femmes. Cependant, plusieurs auteurs estiment que l’inefficacité de certains programmes de traitement est liée à l’absence de modalités d’intervention élaborées selon les besoins spécifiques des femmes alcooliques. Parce que l’étiologie et les manifestations des problèmes reliés à l’alcool diffèrent chez les femmes et chez les hommes, les besoins de traitement seraient distincts. C’est ainsi que sont rapportées, dans la littérature, des initiatives et des idées nouvelles, telles des approches non sexistes ou féministes. Toutefois, bien que fournissant plusieurs recommanda...

Toxicomanie et la Femme 17e partie

Au regard des caractéristiques psycho-sociales, selon toutes nos sources, 43% à 75% de ces femmes admises en traitement pour alcoolisme vivent seules et la seule augmentation du taux de divorce dans la population générale ne suffit pas à couvrir cette surreprésentation de femmes seules par rapport à la population générale. Les femmes alcooliques de faible niveau socio-économique auraient davantage de visibilité publique tandis que celles de niveau moyen et élevé, une meilleure intégration sociale. Ce sont ces dernières qui appartiennent aux cohortes vraisemblablement les moins signalées et les moins étudiées. Concernant leur famille, plus que leurs homologues masculins, les femmes alcooliques ont un parent – père, sœur, frère, conjoint – qui est alcoolique : elles semblent « attraper » l’alcoolisme dans leur famille. Bien que le cycle menstruel des femmes ait été perçu comme un facteur précipitant la surconsommation d’alcool, ces observations doivent être relativisées par d’autres ...

Toxicomanie et la Femme 16e partie

Mais certains indices empêchent de se réjouir de ce qui pourrait être perçu comme des signes encourageants et révélateurs d’une grande accessibilité au traitement pour les femmes dépendantes vis-à-vis de l’alcool. Ces indices ont trait aux caractéristiques des populations à risque. Les femmes les plus jeunes, celles qui vivent seules, occupent un emploi rémunéré et habitent les grands centres, sont invariablement signalées comme les plus vulnérables à une consommation inappropriée d’alcool. Ceci correspond très exactement aux mouvements socio-démographiques de la population féminine générale : arrivée constante de nouvelles cohortes de femmes ayant atteint l’âge légal de la consommation, présence accrue des femmes dans la population active, choix ou nécessité pour un nombre de plus en plus grand d’entre elles de vivre seules, mouvement général de concentration des populations dans les grands centres. En d’autres termes, le nombre de nouveaux cas de femmes aux prises avec des problèm...

Toxicomanie et la Femme 15e partie

LES FEMMES ET L’ALCOOL : LITTÉRATURE NORD-AMÉRICAINE ET DONNÉES QUÉBÉCOISES (P.U.Q.) L’idée qu’il est plus honteux, pour une femme que pour un homme, de surconsommer de l’alcool date du XIXe siècle. Au siècle précédent, l’ébriété était perçue comme un état de choses fréquent et normal pour les hommes et les femmes. Le silence, encore persistant, autour des femmes alcooliques porte à croire que l’image d’une femme saoule est incompatible avec celle, pure et vertueuse, que les hommes de la classe moyenne entretenaient et souhaitaient préserver pour les femmes de leur classe. Aujourd’hui, au Québec comme aux États-Unis, on continue de croire qu’une femme ne devrait pas être en état d’ébriété. Données épidémiologiques Prétendre faire « l’état de la question » concernant les femmes alcooliques au Québec représente un projet assez ambitieux. En effet, il semble que les données recensées ne représentent que le minimum de la population consommatrice. Les chiffres publiés ne constituent do...

Toxicomanie et la Femme 14e partie

Pourtant ce phénomène qui peut être source de progrès peut aussi devenir source de déception profonde, de déviation, de confusion. Le petit hôtel du milieu rural (seul centre de loisirs) fréquenté par les adultes et les personnes affranchies de la tutelle parentale, conservait tout un attrait pour nos sujets. L’attirance provenait du statut d’adulte reconnu en ce milieu, du plaisir éprouvé par ceux qui y allaient, finalement de la possibilité de rencontre avec le sexe opposé. Nos femmes n’y avaient jamais eu accès avant de venir vivre en centre urbain ; aussi leur curiosité n’en était que plus accrue. Arrivées en milieu urbain, elles étaient prêtes à répondre à la première occasion qui s’offrirait en ce sens. Inconsciemment elles n’attendaient que cela. L’atmosphère rencontrée dans les boîtes de nuit était bien différente des préjugés entendus dans leur milieu rural : on ne les montrait pas du doigt, elles conservaient leur réputation. Le fait de passer des he...

Toxicomanie et la Femme 13e partie

Tout d’abord le père de Madame A. était alcoolique et il vivait de peur panique et d’insécurité. Le danger est alors grand pour que, par la suite, ayant expérimenté le pouvoir de l’alcool de diminuer ces sentiments d’angoisse et d’insécurité, l’individu y ait recours de plus en plus, jusqu’à devenir alcoolique à son tour ». Ensuite, Madame A. avait déjà éprouvé personnellement l’effet d’évasion provoqué par l’alcool : lors de ses sorties dans les boîtes de nuit pendant les fréquentations et au début du mariage ; aussi lors de sa première consommation excessive. De plus, elle était à même de constater l’effet d’indifférence qui était provoqué chez son mari en période d’ébriété. Ajoutons à cela que les ami(es) qu’elle avait conservé faisaient un usage abusif de l’alcool (cf. 2e partie, p.73). Toute cette étape est caractérisée par la manifestation d’un conflit de dépendance affective infantile et une confusion dans l’accomplissement des rôles sociaux. À la suite des considé...

Toxicomanie et la Femme 12e partie

L’arrivée des enfants va-t-elle provoquer des changements et réorienter les interactions du couple. Pour Madame A. sa tendance dominatrice s’est trouvée accrue quant à Monsieur il s’enlisa dans sa passivité. Une étude effectuée auprès de femmes alcooliques a déjà relevé ces traits à l’intérieur du couple où la femme est alcoolique, en même temps que l’anxiété des partenaires. Monsieur qui est déjà alcoolique adoptera de plus en plus des comportements d’indifférence face aux préoccupations de son épouse et de démission devant ses responsabilités globales. Monsieur est de moins en moins présent à la maison. Lorsqu’il s’y trouvait son attitude envers les enfants oscillait constamment du paternalisme faible à la sévérité brutale. Nos données révèlent que pour 75% des cas le père achetait des jouets aux enfants, jouait avec eux durant ses périodes de sobriété. Mais dans les périodes d’ébriété, pour 70% des cas, il battait les enfants et les repoussait durement. De ...

Toxicomanie et la Femme 11e partie

LA VIE ADULTE Nous concentrons sous ce titre la période de fréquentation et l’expérience de sa vie maritale. Ces deux aspects sont si intimement imbriqués que nous les concilierons tout au long de cette dernière phase. Nous fournissons d’abord quelques informations générales qui nous aident à mieux comprendre la dynamique familiale… ...Un indice intéressant concernant le mari nous le présente comme ayant 4 ans de plus que son épouse. L’ensemble de nos données nous fournissait cette moyenne avec des extrêmes de 1 et 10 ans ; dans tous les cas le mari était plus âgé que son épouse. Cette affirmation n’est pas confirmée par la seule étude dans laquelle nous avons retrouvé cet indice, alors que 15% seulement des maris étaient plus âgés que leurs épouses alcooliques. Au plan de l’instruction Monsieur possédait l’équivalent de son épouse soit le niveau élémentaire. Cependant il travaillait à l’intérieur d’un corps de métier (cf. 2e partie, p.36...