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Affichage des messages du janvier, 2009

Toxicomanie et la Femme 10e partie

Le développement intellectuel influence la socialisation d’un individu car il lui permet d’accéder à des cadres de référence plus larges, aux systèmes de valeurs de la société globale, de développer ses intérêts, et d’élargir son horizon social ». Par le fait même « il permet à l’individu d’accroître et d’élargir sa capacité d’adaptation à des situations futures » comme le dit si bien Arnould Clausse. Pour Madame A. des limites assez restreignantes lui furent donc imposées au niveau de son développement intellectuel si l’on tient compte de la brièveté de sa période de scolarisation. Les limites se présentèrent avec plus d’acuité au plan social si l’on considère tout d’abord la pauvreté pour ne pas dire l’absence de relation personnelle marquante soit ave un professeur, soit avec un de ses pairs. Que la relation eut été positive ou négative cela ne nous importe peu, mais qu’elle fut inexistante cela nous apparaît assez symptomatique d’une expérience de valeur douteuse au niveau de la so...

Toxicomanie et la Femme 9e partie

Au plan économique, sa famille se situait dans la classe moyenne inférieure (cf. 2em partie, p.38, 2e paragraphe). Nous entendons par là, la classe dans laquelle les besoins matériels primaires sont satisfaits et assurés ; il n’y a pas de place pour les superflus, sauf aux grandes fêtes. La famille arrivait habituellement à boucler le budget mais non sans devoir imposer des contraintes parfois pénibles. Ainsi les dépenses subites encourues par l’achat d’un vêtement neuf, d’une sortie un peu coûteuse, d’une maladie, d’un voyage impromptu, d’un décès, etc… ces dépenses donc menaçaient la sécurité matérielle du foyer. Il en résulta que souvent les désirs et les attentes, même les plus légitimes, ne pouvaient être comblés. Il est sans doute bon de se rappeler ici que c’est en octobre 1929 que débuta la période de la grande crise économique. La famille comptait six enfants avec part égale de garçons et de filles (cf. 2e partie, p.43, 2e paragraphe). Madame A. occupait un rang privilégié c’e...

Toxicomanie et la Femme 8e partie

ÉTAT ACTUEL Ces femmes qui connurent une désorganisation progressive tentent de se réhabiliter lentement. Nous leur avons demandé comment elles en étaient venues à se faire traiter à la clinique Domrémy. Sauf dans un cas, toutes les autres subirent une pression extérieure venant de diverses personnes. Quand on demande aux femmes d’apprécier le traitement reçu à la clinique, la majorité retiennent la valeur psychologique du traitement : revalorisation des individus et remise en contact avec la réalité. Toutes se disent satisfaites. Quels sentiments furent provoqués par cette satisfaction ? Onze patients éprouvèrent le désir d’un retour à la vie normale, et le moyen prôné était l’abstinence totale et la participation aux A.A. Quatre affirment avoir toujours soif et se sentent incapables de ne plus boire. Deux demeurent passives et n’expriment aucune opinion à ce sujet. Lorsque nous voulons résumer, un sentiment commun joint ces femmes après leur cur...

Toxicomanie et la Femme 7e partie

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CAUSES DANS L’ÉVALUATION DE LA CONSOMMATION EXCESSIVE Il ressort de ce tableau que la poursuite de la consommation excessive est étroitement liée à la relation homme-femme. Un mauvais fonctionnement ou une insatisfaction à l’intérieur de cette relation nous apparaît fondamentale dans la poursuite du phénomène alcoolique chez la femme. Aussi cette situation de tension et de stress éprouvée par cette frustration trouvait-elle un soulagement dans la consommation alcoolique. D’ailleurs, toutes les femmes sans exception affirment avoir éprouvé du soulagement et de l’évasion par la boisson. C’était l’effet recherché et produit par la boisson. Cet effet était de courte durée, et c’était le seul qui fut bienfaisant. Les résultats néfastes au plan familial, financier et social allèrent en s’aggravant de plus en plus. Au plan familial les relations avec le mari étaient de plus en plus sous le signe de la violence, de l’impatience, du mépris ; ou encore c’était l’indifférence. Quant aux enfants i...

Toxicomanie et la Femme 6e partie

LA PREMIÈRE CONSOMMATION EXCESSIVE Toutes les femmes n’ont pu répondre aux investigations qui vont suivre et parfois leurs réponses étaient bien partielles. Le total de nombre sujets va donc varier d’un item à l’autre. Parfois les données du dossier médical et social nous ont permis de compléter nos informations mais pas dans tous les cas. Tout d’abord l’âge moyen de nos femmes pour cette première consommation excessive était 30 ans avec des extrêmes de 18 et 50 ans. Ces femmes ne se souvenaient plus de cette donnée. Nous avons pu compiler dans un tableau les autres informations se rapportant à cette première consommation excessive. Edith Lisansky prétend qu’un nombre plus important de femmes que d’hommes boivent seules ordinairement à la maison. Pour la première consommation excessive nos femmes ont bu plutôt avec d’autres que seules, mais la plupart affirment avoir continué seule. Les circonstances qui ont entraîné cette première consommation excessive nous permettent de croire que c...

Toxicomanie et la Femme 5e partie

HISTOIRE DE LA CONSOMMATION CHEZ NOS FEMMES Nous terminons le chapitre en brossant un tableau de l’histoire de la consommatrice chez nos sujets. Nous examinerons l’origine de la consommation, l’évolution et l’état actuel. LA PREMIÈRE CONSOMMATION Nous distinguons une première période : celle qui va du premier verre à l’alcoolisme (ou consommation excessive). D’après Lisansky les femmes commencent à boire à 20 ans. En faisant la moyenne, nos sujets se situeraient exactement à cet âge, avec des extrêmes de 15 ans et 42 ans. Quant aux liens et circonstances qui ont favorisé cette première consommation la répartition se fait comme suit : 9 à la maison lors du temps des fêtes ou d’un anniversaire et 8 dans une boîte de nuit lors d’une sortie, d’une danse. La quantité et la sorte de boisson absorbée à ce moment était pour 11 sujets de la bière, avec une moyenne de 2 verres ; pour 2 autres c’était le vin, et la quantité 2 coupes ; enfin pour les 4 autres le gin avait été leur choix, et là aus...

Toxicomanie et la Femme 4e partie

CONSOMMATION DANS LA FAMILLE L’alcoolisme n’est pas héréditaire. Mais un milieu déjà affecté par cette toxicomanie n’en favoriserait-il pas l’éclosion chez l’un ou l’autre de ses membres ? Lisansky rapporte que les femmes alcooliques proviennent plus fréquemment que les hommes d’une famille où il y a déjà un problème de boisson. Aussi, nous examinerons le fait en lui-même de la consommation et les attitudes des parents en face de la consommation. Il est entendu que nous parlons ici de consommation excessive. Même si des femmes ont perdu leur père ou leur mère durant leur jeunesse elles en ont entendu parler par d’autres. C’est pourquoi les 17 ont répondu à notre question. Le dossier clinique de ces femmes confirme que treize d’entre elles avaient un parent alcoolique ; 10 avaient des pères alcooliques et 3 des mères alcooliques. Notre résultat dépasse de beaucoup celui de Lisansky qui affirmait que 44% des femmes rapportent qu’il y a un problème d’alcoolisme chez leurs parents soit 4 f...

Toxicomanie et la Femme 3e partie

LA FRATRIE Ici nous nous limitons à quelques observations concernant la famille d’orientation. Même si les parents ont une très grande influence sur les enfants, la fratrie introduit dans la famille une structure différente et des relations interpersonnelles entièrement nouvelles. Les traits d’hostilité, de compétition, de coopération et jusqu’à un certain point de sentiments de rejet (aussi longtemps qu’ils demeurent dans les limites socialement acceptables) sont des expériences que les enfants doivent apprendre pour entrer en interaction de façon adéquate avec les autres. Le degré, l’intensité ou l’ajustement de cet apprentissage sont importants. Très souvent des relations fraternelles saines compensent pour des relations parentales défectueuses. Un frère aîné ou une sœur aînée peuvent servir de substitut parental. L’attachement à l’un ou à l’autre permet parfois de contrebalancer le rejet d’un autre membre. Cinq femmes disent leur ...

Toxicomanie et la Femme 2e partie

TYPE D’AUTORITÉ Nos données font ressortir trois types différents, c’est-à-dire trois façons différentes de jouer son rôle d’autorité. Une bonne proportion des mères géraient les affaires de la famille, et prenaient les décisions sans consultation ou sans considération des opinions des autres ; nous les désignons comme dominatrices. Une autre portion de mères adoptaient une attitude de laisser-faire, laisser-dire, et elles ne participaient pas aux décisions ; leur rôle était passif. Enfin un troisième groupe se situe entre les deux extrêmes c’est-à-dire que tantôt elles sont passives (refusent de prendre des décisions) et tantôt dominatrices (refusent d’accepter les décisions prises par d’autres). Nous les classons comme des inconstantes. En comparant avec l’étude de Lisansky nous constatons une proportion plus grande de mères dominatrices ; elle en avait 29% tandis que nous atteignons 64.7%. Sans doute y a-t-il le jeu du plus grand nombre de sujets qu’elle avai...

Toxicomanie et la Femme 1e partie

On se fait du toxicomane l'image d'un individu activement hédoniste, perpétuellement à la recherche de sensations de plaisir, alors qu'il s'agit de quelqu'un qui éprouve de grandes difficultés à satisfaire son besoin de plaisir par les moyens auxquels recourent les autres. Au lieu de concevoir les drogues comme l'ennemi et l'abstinence comme la grande bataille qui sera gagnée par de durs efforts et des comportements strictement règlementés, nous devons nous tourner vers un modèle d'épanouissement humain et de satisfaction des besoins. Nous devons aider les individus à devenir les agents actifs de leur plaisir, et non des récipients passifs. Il nous faut proposer des programmes de prise de conscience du corps, la médication, des arts d'expression, des psychothérapies. Nous devons intéresser nos patients à la musique, la danse, la pêche, le camping, la voile, la photographie, et à la sexualité. Nos clients doivent apprendre non seulement qu'il est ...

LA NOTION DE VÉRITÉ

Les mots vrai et vérité nous sont si familiers que nous ne songeons guère, au cours d’une conversation, à demander qu’on nous les définisse : on possède la vérité quand ce que l’on pense est conforme à la réalité. Mais ces mots se présentent dans des contextes bien différents : nous dirons d’un jugement porté sur un de nos collègues qu’il est vrai, et non mensonger ou calomniateur; mais nous parlons aussi d’un vrai Rubens ou de véritable champagne; nous apprécions même la vérité d’un tableau qui représente un paysage imaginaire ou celle des personnages crées par un romancier ou par un auteur de comédies… Aussi, à la réflexion, la notion de vérité, claire à première vue, devient assez confuse et tâchons de la préciser. On entend parfois par vérité la réalité même de l’objet dont on parle : cacher la vérité est synonyme de cacher la réalité; c’est dans le même sens qu’on parle d’un témoignage conforme à la vérité. La vérité ainsi comprise se confond avec l’être lui-même. L’ê...

Compréhension de la Dépression

Dépression, Vous dites? Il y a de fortes chances que vous connaissez quelqu’un qui souffre d’une dépression, quelqu’un qui rit plus, qui a perdu du poids, ne peut pas dormir. Et il est plus que probable que cette personne est une femme. La dépression est une maladie qui entraîne des conséquences sociales énormes : mariages brisés, enfants perturbés, suicides et même meurtres. L’institut national de la santé mentale indique qu’un américain sur cinq, c’est-à-dire 40 millions de personnes, a des symptômes marquants de dépression. Et environ 2.4 millions d’entre eux souffrent de dépression clinique grave. Les deux tiers d’entre elles sont des femmes. Pourquoi? Les spécialistes ne le savent pas très bien. « La dépression est un désastre naturel », dit Maggie Scarf, auteur d’une étude sur la dépression chez les femmes. Freud a déclaré; « que quiconque a un mal de dents ne peut pas être amoureux. Eh bien, une personne qui est déprimée a le mal de vivre et sa douleur submerge tout le reste. » ...

LE PÈRE, UN REGARD PSYCHANALYTIQUE

Au cœur de la théorie psychanalytique – quel que soit le courant auquel on fait la référence – se trouve la question du père; mais il s’agit surtout du père oedipien, celui de la période oedipienne. C’est au stade génital qu’il ferait son entrée dans la vie de l’enfant. Avant cette période l’enfant vivrait dans la sphère maternelle, le père étant, lorsqu’il est mentionné, un simple ‘attribut’ de la mère. Ce silence sur le père pré-oedipien (celui qui nous intéresse ici) est certainement dû à l’histoire du développement de la pensée psychanalytique, qui a progressivement fait la découverte de l’enfant à partir des analyses de patients adultes, puis a approfondi et élargi la connaissance de l’enfant par l’analyse d’enfants et finalement a joint l’observation directe des nourrissons par des psychanalystes et les analyses très précoces aux expériences de travail avec des patients très régressés. Il va donc de soi que c’est d’abord la relation mère-enfant en regard des processus de stru...

Menteur, Moi et Vous, Donc?

« Omnis homo mendax » dit le psaume 115. Tous les hommes sont menteurs. Seules les femmes ne mentent pas : elles préfèrent farder la vérité. J’ai bien envie de le leur reprocher d’ailleurs car pourquoi farder la vérité quand elle est si belle toute nue ? Un vieux paysan m’a déjà dit d’un de ses ennemis intimes : « Il est assez menteur qu’on ne peut même pas croire le contraire de ce qu’il dit ! Le mensonge est sa langue maternelle. Il finira sûrement au Parlement ». Il n’avait peut-être pas tort, le vieux, car avez-vous remarqué que dans « Parlement » il y a parle et ment ?... Le chancelier Bismark n’a-t-il pas dit : « On ne ment jamais autant que pendant les élections, pendant une guerre et après une partie de golf ». Il faut le croire car il était lui-même un menteur du meilleur cru (si on peut dire…) Il est permis de violer la vérité à condition de lui faire de beaux enfants. Car il y a de beaux mensonges. On dit même qu’il y en a de pieux. Dans sa comédie « La jalousie ...

JE DEVIENS CE QUE JE SUIS

Quelqu’un a dit : l’homme n’est que ce qu’il devient ou l’homme ne devient ce qu’il est? Il est classique de distinguer dans le caractère des éléments naturels ou innés et des éléments acquis. On naît sanguin ou lymphatique, vif ou mou; mais les traits essentiels du tempérament peuvent être modifiés par des influences diverses; le climat, le métier, l’éducation et le milieu social, enfin l’effort volontaire. La réflexion nous montrerait, que tout ce que nous observons en l’homme est acquis : l’homme n’est que ce qu’il devient : Mais une réflexion plus profonde nous ferait constater que ces acquisitions ne sont qu’apparentes : l’homme ne devient que ce qu’il est. Tâchons de pénétrer le sens de ces deux réflexions antithétiques de ce penseur et de voir si l’observation les confirme ou les infirme. L’homme n’est que ce qu’il devient. Que faut-il entendre par là? Si nous ne connaissons pas Amiel, nous pourrions proposer cette explication de simple bon sens; à sa naissance, nous n’observons...

Violence Fantasmée et Violence Réelle

Irène Nazaire : Ça fait déjà un bout de temps que je vous lis et je vous trouve super pour avoir touché quasiment aux phénomènes sociaux. Mais je voulais comprendre la différence entre violence fantasmée et violence réelle. En prenant comme exemple la tuerie de décembre 1989 à l’École Polytechnique de l’Université de Montréal où quatorze jeunes femmes sont tombées sous les balles d’un jeune homme violent du nom Lépine. Pierre Eddy Constant : Je vous réponds en reprenant l’éclairage ou la pensée du Dr. D. Scarfone, il s’agissait d’un événement opaque, qui nous obligeait à penser pour y trouver quelque transparence; pour y parvenir, nous ne disposions que de quelques éléments biographiques au sujet du jeune homme qui fut l’auteur du massacre. Nous savons qu’il a eu un père violent, qu’il était un élève brillant, que durant son CEGEP, il a éprouvé des difficultés majeures dans ses études. Passionné de sciences et de technologie, il voulait entrer à Polytechnique. Un élément de sa biograph...